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Les Nettoyeurs : extrait

Les  Nettoyeurs                                  de Noël Piercy

Pièce déposée à la SACD donc soumise à droits d'auteur. Ben oui !

Lieu et décor :       Le bureau d’accueil d’une entreprise.

Fond centre :          Entrée principale.

                           Par l'entrée principale, on accède, d'un côté à l'Atelier 1, de l'autre à l'Atelier 2. Les accès "Ateliers" peuvent être indiqués par des panneaux avec flèches.

Côté Jardin :            Porte donnant sur le studio de Patrick.

Côté Cour :              Premier plan, porte donnant sur le bureau de Patrick.

                                  Second plan, Bureau de Cécile avec des piles de dossiers, une machine à écrire. Un téléphone à cadran.

Au mur :                   Panneau « Lambert Net »

PERSONNAGES :               4 hommes 4 femmes

Entre parenthèses le nombre de répliques

Patrick (194)     Chef d’une  petite entreprise de nettoyage. En cours de divorce avec Claudia. Il souhaite fusionner avec « Cleaner »

Laure (50)     Propriétaire de « Cleaner ». Aime les hommes, les vrais.

Claudia (65)     Femme de Patrick. Veut tirer le maximum du divorce.

Jérôme (100)     Ami de Patrick. Souvent dans les ennuis. Il a une relation avec Elodie et tente d’échapper à Tony.

 Elodie (107)     Maîtresse de Jérôme. Ex de Tony. Sexy.

Tony (67)     En couple avec Elodie. Tueur. Gros dur mais avec une certaine classe.

Cécile (176)     Secrétaire de Patrick. Vieille France. Travaille à l’ancienne.

Bourlier (60)     Patron de multiples entreprises. Hautain. Eventuel client de Patrick.

NDA : Comme dans la plupart de mes textes, il y a de nombreuses didascalies (parfois trop, me dit-on). J'essaie, à travers ces didascalies, de transcrire la façon dont je vois, moi, la scène, en l'écrivant. Vous avez la possibilité, soit de les lire et d'en tenir compte, soit de les lire et ne pas en tenir compte, soit ne pas les lire. C'est vous qui voyez !

 

Préambule – Patrick (33) – Cécile (33)

(Cécile est assise à son bureau. Le téléphone sonne, elle décroche – récitant une leçon)

CÉCILE           « Lambert Net, nettoyage en tous genres ! Chez Lambert tout est clair, avec Lambert Net tout est net ! Cécile à votre écoute ! »... Non, ce n’est pas un répondeur c’est une vraie personne, plutôt pas mal, d’ailleurs… J’ai une voix de répondeur !? En tout cas, j’ai la même fonction. Que puis-je pour vous ?... (Elle note un message)C’est bien noté !... Merci, au revoir !

(Patrick sort du studio, sac de voyage à la main)

PATRICK       Bonjour Cécile !

CECILE           Ah Monsieur Lambert, bonjour ! Vous avez dormi ici ?

PATRICK       Oui, je ne suis pas rentré chez moi hier soir. D’ailleurs, je vais habiter ici pendant un moment.

CECILE           Ca ne s’arrange pas avec Claudia, votre femme ?

PATRICK       Non, bien au contraire. Elle a lancé une procédure de divorce. Elle est persuadée que je la trompe. L’appartement étant à elle, elle m’a fichu à la porte.

CÉCILE           Quand même, après 20 ans de vie commune… De mon temps…

PATRICK       De votre temps, on ne divorçait pas, je sais. On continuait à vivre ensemble, malheureux, mais ensemble.

CÉCILE           De nos jours, on fait n’importe quoi sans réfléchir. On se marie sans réfléchir, on fait des enfants sans réfléchir, et puis un jour, on réfléchit, et on divorce. De mon temps… En tout cas, il est bien pratique ce petit logement que vous avez aménagé ici.

PATRICK       Il dépanne bien c’est vrai. Quelque chose à voir avant mon départ ?

CÉCILE           Oui ! Votre avocat a appelé, justement. Vous avez rendez-vous  vendredi à 18 h. Il a dit que cela n’allait pas être simple.

PATRICK       Oh je m’en doute ! Je pense qu’il est inutile d’envisager un divorce à l’amiable.

CECILE           En même temps, on peut la comprendre. Si vous ne l’aviez pas…

PATRICK       Quoi ? Si je ne l’avais pas quoi ?

CECILE           Ben… si vous ne l’aviez pas trompée…

PATRICK       Ooooh trompée ! Tout de suite les grands mots.

CECILE           Excusez-moi, mais quand on est marié et qu’on couche avec une autre, ça s’appelle : trompé !

PATRICK       Oui, bon, mais elle n’était pas censée s’en douter. D’ailleurs, je suis bien certain qu’elle n’a que des doutes mais aucune preuve. Et puis c’était juste une petite… incartade.

CECILE           Une incartade qui dure depuis deux ans, c’est plus une incartade. C’est un gros dérapage non contrôlé.

PATRICK       Oui mais c’est de sa faute aussi. Vous avez vu comme elle est devenue ? Acariâtre, revêche…et puis physiquement… Au début, oui, c’était une femme pas trop mal. Mais les années ont passé et elles ne l’ont pas arrangée. J’ai eu le malheur de lui proposer une fois la chirurgie esthétique. Oh la la ! Qu’est ce que j’ai pris.

CECILE           J’imagine que si vous lui avez dit, avec votre délicatesse légendaire : « T’as vu la tête que t’as, faudrait penser à te faire ravaler la façade », ça n’a pas dû la faire sauter de joie.

PATRICK       Oui, mais le résultat, il est là. Si je la trompe c’est de sa faute. Sans compter qu’au lit… ce n’est pas… enfin vous voyez ce que je veux dire.

CECILE           Non, je ne vois pas ! Et je ne veux même pas essayer de voir ! En attendant, résultat de votre « incartade », c’est un beau divorce qui se prépare et un gros chèque à la clé. Chèque avec lequel elle pourra faire toute la chirurgie qu’elle voudra. Ah, pendant que j’y pense, elle a laissé un message sur le répondeur.

PATRICK       Pour dire ?

CÉCILE           (consultant son carnet) Elle a dit, je cite « Ca ne va pas se passer comme ça » et que vous êtes, je cite toujours : « le dernier des pourris, un gros enfoiré, et un gros sac de m… » J’ai pu en déduire qu’elle était un peu fâchée.

PATRICK       Très bien ! Elle entre dans la deuxième phase, c’est bon signe.

CÉCILE           La deuxième phase ?

PATRICK       Oui, c’est très bien qu’elle soit fâchée et m’insulte. Cela prouve qu’elle avance. Il y a d’abord la phase des pleurs, puis la phase « colère », ensuite elle passera à la phase « euphorie », où elle va se sentir libre, et ensuite elle passera à la phase « reconstruction ». Le cheminement normal.

CÉCILE           Ah bon ? Ca se passe comme ça ?

PATRICK       Dans la majorité des cas, oui. Autre chose ?

CECILE           Oui ! Elle a dit qu’elle passerait ici pour régler quelques détails techniques.

PATRICK       Je les connais ses détails techniques. Elle va vouloir tirer le maximum de ce divorce, on peut lui faire confiance. C’est tout ? 

CÉCILE           Un autre message sur le répondeur. Dîtes, Monsieur Lambert, c’est bien un déplacement professionnel que vous faites ?

PATRICK       Oui, pourquoi cette question ?

CÉCILE           Parce que le message était de votre « incartade ». Elle a dit qu’elle vous attendrait comme prévu à la gare, et qu’elle avait pensé à prendre la petite nuisette transparente,  je cite encore « Que tu aimes tant mon gros chou ».

PATRICK       Euh… Ah oui… Non, c’est parce que… nous avons prévu de… Après tout, je n’ai pas d’explication à vous donner.

CÉCILE           (ironique) Non bien sûr ! Mais comme vous dites que vous partez pour affaires…

PATRICK       Bien sûr, je pars pour affaires. Mais quand on peut joindre l’agréable à l’utile… et puis je ne vois pas en quoi cela vous regarde.

CECILE           J’aime bien me tenir au courant des petits potins. En tous cas, j’espère que les « affaires » seront bonnes.

PATRICK       (rêveur) Ah pour ça(se reprenant) Oui, bon ! Autre chose ?

CÉCILE           Madame Fontange a confirmé votre rendez-vous de demain matin,  à 10 h.

PATRICK       Excellent ! Vous voyez, c’est bien la preuve que je pars pour l’entreprise, contrairement à ce que vous pensez.

CECILE           Ca ne veut rien dire. Il parait que la mère Fontange, elle est plutôt du genre… chaudière, si vous voyez ce que je veux dire. Paraitrait qu’elle cherche à se caser et que pour trouver le bon, elle fait… des essais.

PATRICK       J’en ai entendu parler, moi aussi. Mais après tout, elle fait bien ce qu’elle veut, cela ne nous regarde pas. Ah Cécile, chose très importante, ne parlez de ce rendez-vous à personne. Cela doit rester confidentiel pour le moment.

CÉCILE           Ouh, j’aime pas bien ça. Quand un patron parle comme ça, c’est qu’il se passe des trucs louches. Et moi, les loucheries, j’aime pas. Et puis, voyez comme c’est bizarre, mais moi, quand je sais quelque chose, je n’en parle pas. Par contre quand je ne sais pas, je cherche à savoir et j’en parle beaucoup. Surtout quand ça concerne l’entreprise. Fontange, c’est bien la patronne de « Cleaner », n’est ce pas ? Qu’est-ce que vous magouillez avec elle. Vous ne comptez pas nous revendre à « Cleaner » ?

PATRICK       Mais non, pas du tout ! En effet Laure Fontange est bien la patronne de « Cleaner » ! Alors je vous dis brièvement, mais surtout, tenez votre langue. Inutile d’affoler tout le personnel. Voila la situation, dans les grandes lignes. Aujourd’hui, il est devient très compliqué pour une petite entreprise comme « Lambert Net » de survivre à côté des géants du nettoyage. Il faut diversifier notre offre. J’ai donc pensé qu’un rapprochement avec « Cleaner », la société de Laure Fontange serait une bonne chose, car nos deux sociétés sont complémentaires. Il nous faut également moderniser nos outils de travail et nos méthodes.

CÉCILE           Ce que vous avez commencé à faire.

PATRICK       En effet ! A ce propos, il va falloir vous y mettre vous aussi ! Jusqu’à maintenant, vous avez refusé et je n’ai rien dit mais cela va devoir changer… Vous en êtes encore à la machine à écrire et au fax !

CÉCILE           Qu’est-ce que vous voulez, je suis de l’ancienne école. L’informatique, c’est pas pour moi.

PATRICK       Vous verrez, ce n’est pas si compliqué, et ça éviterait toute cette paperasserie. Je ne sais pas comment vous faites pour vous y retrouver ! Même le téléphone vous n’avez pas voulu en changer. Un téléphone à cadran ! Il faut 10 minutes pour faire un numéro.

CÉCILE           J’ai quand même fait des efforts ! J’ai accepté le répondeur !

PATRICK       Parce que je vous l’ai imposé !

CÉCILE           Il m’a fallu trois semaines pour comprendre comment ça marchait.

PATRICK       Mais vous y êtes arrivé ! Vous voyez quand vous voulez ! Bref, pour en revenir à ce que je disais, un rapprochement avec « Cleaner » ne peut être que bénéfique. De plus, « Cleaner » connaît le même problème que nous. Une fusion permettrait de sauvegarder les deux sociétés et de pouvoir rivaliser avec nos concurrents. Voilà, vous savez tout ou presque. Je dois rencontrer Laure Fontange pour finaliser tout ça, mais tant que rien n’est signé, pas un mot. Nous sommes bien d’accord ?

CÉCILE           J’ai tout compris ! Vous pouvez compter sur moi ! Bouche cousue !

PATRICK       Bien ! Autre chose ?

CÉCILE           Oui, un certain Jérémy a demandé que vous le rappeliez de toute urgence.

PATRICK       De toute urgence ? Qu’est-ce qu’il peut bien vouloir ?

CÉCILE           Ce monsieur Jérémy c’est… ?

PATRICK       Un vieux copain. On a fait les quatre cent coups dans notre jeunesse. Il est d’ailleurs resté très joueur, ce qui lui vaut de se trouver parfois dans des situations très embarrassantes. Notamment avec les femmes ou plutôt, leurs maris. C’est ce qu’on appelle un tombeur.

CÉCILE           Ah oui ? Pourquoi vous ne me l’avez jamais présenté ?

PATRICK       Ne regrettez rien, ce n’est pas un cadeau, et certainement pas un homme pour vous. Je le rappelle tout de suite. (Il compose le numéro sur son portable)

CÉCILE           Le problème c’est que j’ai l’impression qu’il n’y en a jamais, des hommes pour moi.

PATRICK       Allo Jérémy ? C’est Patrick. Que se passe t-il ?... Des travaux dans ton appartement… Oui je comprends… Deux jours ?… Pour te dépanner, je peux te proposer le studio que j’ai ici. Ce n’est pas le grand luxe mais il y a le principal, une chambre, une douche, un coin cuisine… Ok, écoute, je pars en voyage quelques jours et ne serai de retour que vendredi matin, mais tu peux t’installer ici.  Je préviens Cécile, ma secrétaire… Pas de problème, et fait comme chez toi. Salut Jérémy ! (A Cécile) Il va passer deux jours dans le studio et sera parti avant que je ne rentre.

CÉCILE           Et je l’installe, j’ai compris !

PATRICK       Voilà ! Maintenant, j’y vais. Au revoir Cécile, à vendredi. S’il y a le moindre problème vous pouvez appeler sur mon portable.

CÉCILE           Au revoir Monsieur, bon voyage… et bon séjour… « gros chou ». (Patrick sort).  Tout de même, en plein divorce, partir en voyage professionnel avec sa maitresse… (le téléphone sonne, elle va répondre) « Lambert Net, nettoyage en tous genres ! Chez Lambert tout est clair, avec Lambert Net tout est net ! Cécile à votre écoute ! »...

NOIR

                   Scène 1 :       Patrick (20) – Cécile (18) – Jérémy (7)

La scène est vide, Patrick rentre de voyage. Il pose son sac vers la porte de son appartement. Il consulte rapidement le courrier laissé  par Cécile. Il trouve sur le dossier du siège un soutien-gorge, plus loin par terre, il ramasse une petite culotte.

PATRICK       Qu’est-ce que c’est que ça ?… Eh bien j’ai l’impression qu’on ne s’ennuie pas en mon absence. Tout de même, pas Jérémy et… Cécile ! Je lui ai dit de faire comme chez lui mais…  Pas ma secrétaire ! (il consulte sa montre) Cécile ne devrait pas tarder à arriver, elle va falloir qu’elle me donne quelques explications. (il tient toujours les sous-vêtements) Je n’imaginais pas Cécile porter ce genre de dessous.

                        (Entrée de Cécile)

CÉCILE           Ah vous êtes rentré. Ben c’est pas dommage. Bonjour Monsieur.

PATRICK       Bonjour Cécile. Tout s’est bien passé pendant mon absence ?

CÉCILE           Pour ce qui est de l’entreprise, oui pas de soucis. Mais ici… (elle voit les dessous que tient toujours Patrick) Je vois que pour vous, tout à l’air de s’être très bien passé. Vous avez ramené un trophée ?

PATRICK       N’essayez pas de noyer le poisson. Ecoutez Cécile, votre vie privée ne me regarde pas, mais vous pourriez faire ça ailleurs qu’au bureau. Ou, au moins, faire en sorte que je ne le sache pas. (lui tendant les dessous) Reprenez vos… petites affaires. Je dois préparer mes rendez-vous, mais on en reparlera.

CÉCILE           Mes petites affaires ? Mais ce n’est pas à moi. Je ne mets pas… ce genre de choses.

PATRICK       Cécile, enfin ! Ne niez pas !

CÉCILE           Vous voulez que je vous montre ?

PATRICK       Non, non merci ! Mais si ce n’est pas à vous, à qui est-ce ?

CÉCILE           Certainement à... (elle montre la porte de l’appartement qui s’ouvre sur l’entrée de Jérémy en caleçon, encore endormi)

PATRICK       Jérémy !

JEREMY        Salut Patrick !

PATRICK       (son regard va de Jérémy aux sous-vêtements qu’il tient toujours) Non !... Jérémy ce n’est pas toi qui mets ça. Rassure-moi !

JEREMY        Non mais ça ne va pas ! C’est à Elodie.

PATRICK       Elodie ? C’est qui Elodie ? Et qu’est-ce que tu fais là ? Tu ne devais rester que deux jours.

JEREMY        Euh… oui, mais en fait, c’est plus compliqué que ça. Cécile, café !

CÉCILE           Bien Monsieur !

PATRICK       Comment ça « bien Monsieur » ? (à Jérémy) Tu donnes des ordres à ma secrétaire. Tu te crois où ? C’est une entreprise ici, pas un hôtel !

CÉCILE           Alors je fais quoi moi ?

PATRICK       Votre travail, c’est tout ! Et toi, tu n’as rien faire dans ce bureau, et encore moins en caleçon ! J’attends un client !

JEREMY        Ok ! On se voit plus tard ! Euh… pour le café…

PATRICK       Il y a tout ce qu’il faut dans la cuisine ! (Jérémy rentre studio) Cécile, vous pouvez m’expliquer ?

CÉCILE           Oh Monsieur, depuis que vous êtes parti, je vis un enfer. Je suis devenue l’esclave de votre ami. J’ai dû aller faire des courses, lui ramener des cigarettes et les journaux, et puis il a fallu aussi préparer les repas. Je n’en peux plus. Le matin, je dois faire leur faire le café...

PATRICK       LEUR faire le café ? Il n’est pas seul ?

CÉCILE           Ah non, il y a cette Elodie ! Une créature, mon Dieu...

PATRICK       Vous auriez dû m’appeler !

CÉCILE           Je n’ai pas osé. Il m’a dit que si je me plaignais, il s’arrangerait pour que je sois renvoyée parce que vous êtes de vieux amis et que vous ne pouvez rien lui refuser.

PATRICK       Vieux amis c’est vrai, mais de là à ne rien pouvoir lui refuser… Je vais mettre les choses au point avec lui.

CÉCILE           Tant mieux ! Avec tout ça, j’ai plein de travail en retard. Au fait, comment s’est passé votre voyage ?

PATRICK       Très bien ! Plusieurs rendez-vous prometteurs. J’ai rencontré Laure Fontange, et nous sommes quasiment arrivés à un accord de fusion. D’ailleurs, Laure Fontange doit venir ce matin, à 10 h, pour signer tout ça officiellement. Encore quelques petits points de détails à régler, mais ça va aller. J’ai un autre  rendez-vous, avec Monsieur Bourlier, un très gros client potentiel, à 10 h également.

CECILE           Lui aussi à 10 h ? Et comment vous faites pour prendre deux rendez-vous en même temps ?

PATRICK       C’est fait exprès ! Je compte bien faire d’une pierre deux coups. Bourlier est à la tête de plusieurs entreprises et d’une grosse chaîne de magasins. Il cherche une société de nettoyage et je sais que des offres lui ont été faites par plusieurs concurrents. S’il voit que nous sommes associés avec Cleaner, je pense pouvoir l’accrocher et le convaincre de ne pas aller voir ailleurs puisqu’il aura, avec nous, tous les services de nettoyage dont il a besoin. Un seul prestataire, donc des prix attractifs pour lui, et pour nous, je l’espère, un gros contrat. Mais pour ça, il va falloir être très convaincant, il paraît que Bourlier est très dur en affaires. Quant à  Laure Fontange, si elle avait encore quelques réticences à signer notre accord, je suis certain que lui présenter Bourlier fera pencher la balance dans le bon sens.

CECILE           Bien calculé ! Si j’ai bien compris, Bourlier va vous aider à convaincre Fontange, et Fontange à convaincre Bourlier. 

PATRICK       C’est exactement ça ! (Entrée de Jérémy habillé)

JEREMY        Je dérange !

CECILE           Oui, mais on s’y fait ! (Elle se met à son bureau)

JEREMY        Heu Cécile, vous avez ramené… ce que je vous ai demandé.

CECILE           Oui ! Mais je vous préviens ! Plus jamais vous ne me demandez un truc comme ça ! Vous les achèterez vous-même. D’ailleurs, vous ne serez plus là, vous serez bien obligé !

PATRICK       Acheter quoi ?

CECILE           (elle sort une boite de son sac - énervée) Des préservatifs ! Vous imaginez ! Moi, acheter des préservatifs. Quand j’ai demandé au pharmacien, il m’a regardé de la tête au pied comme si un martien lui demandait une courgette. Et puis en partant, je n’ai pas aimé son « bonne journée ». La honte de ma vie.

PATRICK       Je vous promets Cécile que ça ne se reproduira pas !

JEREMY        Normal, des préservatifs c’est pour ne pas se reproduire. (il rit)

CECILE           Alors votre humour hein… c’est pas le moment !

PATRICK       S’il vous plait, Cécile, voulez-vous aller faire le tour des ateliers pour voir si tout va bien. Bourlier voudra certainement visiter.

CECILE           Bien Monsieur ! J’y vais ! J’avais donné des consignes et je vous garanti que si il y a un truc qui ne va pas, ça va chier des bulles carrées ! Parce que là… ras la casquette ! (elle sort atelier 1)

Scène 2 : Patrick (23) – Jérémy (23)

PATRICK       Tu peux m’expliquer ?

JEREMY        Quoi ?

PATRICK       D’abord, pourquoi tu es encore là, ensuite de quel droit tu prends  ma secrétaire pour ta bonniche et pour finir, qui est cette Elodie.

JEREMY        Alors, d’abord, si je suis encore là, c’est parce que ma vie est en jeu.

PATRICK       Oh la la ! Qu’est-ce que tu as encore fait comme connerie ?

JEREMY        Voila ! J’ai rencontré Elodie il y a quelques jours et tout de suite ça a été le coup de foudre.

PATRICK       Le coup de foudre ! Mais des coups de foudre, tu en as trois tous les deux jours.

JEREMY        Non mais là c’est différent ! C’est le coup de foudre de chez coup de foudre. Elle est tellement… Et le coup de foudre a été réciproque !

PATRICK       Oui, bon, admettons. Et alors, où est le problème ?

JEREMY        J’y viens ! Je l’ai rencontrée dans un bar. Je suis entré et là… mais alors là…

PATRICK       Abrège ! J’ai besoin de prendre une douche avant mes rendez-vous. Va à l’essentiel, s’il te plait. Quel est le rapport entre ce « coup de foudre » et le fait que ta vie soit en jeu ? Oh mais non, j’ai compris. Elle est mariée ! Elle est mariée et son mari a appris votre liaison.

JEREMY        Voilà c’est ça ! Enfin elle n’est pas mariée mais il y a quelqu’un. Le problème est que, ce quelqu’un, ce n’est pas n’importe qui.

PATRICK       C’est à dire ? Quelqu’un de connu ?

JEREMY        Ben… dans un certain milieu, il est très connu. C’est même paraît-il un champion dans son domaine.

PATRICK       Et c’est quoi son domaine ?

JEREMY        Tu as entendu parler de Sylvio Ciconne.

PATRICK       Oui, enfin comme tout le monde, dans les faits divers de la presse ! C’est un gros caïd de la pègre. Non… ne me dis pas que c’est lui ?

JEREMY        Non, mais c’est tout comme. C’est son garde du corps !  Son porte-flingue ! Tony Carmeno ! Il n’a pas son pareil pour faire disparaître ceux qui gênent. Il est surnommé « l’Effaceur » ou encore « le Nettoyeur », mais pas le même genre de nettoyage que toi. Quand Tony Carmeno est chargé d’éliminer quelqu’un, on n’entend plus jamais parler de la personne ! Elle disparaît de la planète ! C’est une espèce de monstre que rien n’arrête. Une terreur ! Il paraît que rien qu’en haussant les sourcils il ferait fuir Schwartzenegger  et Stallone réunis.

PATRICK       Ah oui, quand même ! Et ton Elodie est avec ce type ?

JEREMY        Au début elle ne savait pas qui il était et puis après… va quitter un mec comme ça !

PATRICK       Ca ne l’a pas empêchée de coucher avec toi !

JEREMY        Je te l’ai dit, le coup de foudre réciproque. Ca ne se commande pas ces choses là.

PATRICK       Oui, peut-être, mais la foudre, c’est toi qui risque de la prendre maintenant. Et comment il l’a appris ?

JEREMY        Dans ce milieu là, ça va très vite pour avoir des informations. Avec Elodie, au début, on est sorti un peu, on a fait quelques boites de nuit. J’imagine que des indics à lui nous ont vus et voilà. Il sait qui je suis, ce que je fais, et où j’habite !

PATRICK       Ah oui ! Donc les travaux chez toi, c’était bidon !

JEREMY        Non, ça c’est vrai ! Parce qu’il y est passé, chez moi ! Je ne te raconte pas le carnage. Mon appartement c’est Tchernobyl mais en pire ! Heureusement que je n’y étais pas ! Je ne serais plus là pour te raconter. En plus, il avait laissé un gentil petit mot. Tiens le voilà ! (il lui donne un papier, Patrick le lit)

PATRICK       « Je te trouverai. Je te casserai, d’abord les dents une à une, ensuite les doigts un par un, et puis les bras et enfin les genoux. Ca, ce ne sont que les hors-d’œuvre et uniquement si je suis de bonne humeur. Après, on passera aux choses sérieuses… ». Oui, Ca fait froid dans le dos ! C’est pour ça que tu m’as demandé pour venir quelques jours ici ?

JEREMY        Oui ! Je n’avais aucune envie d’attendre chez moi, que Tony vienne me découper en petits morceaux.

PATRICK       Tu ne changeras jamais ! Tu ne peux pas, une fois dans ta vie, trouver une femme libre ? Tu comptes faire quoi ?

JEREMY        Ben… si on pouvait rester ici…

PATRICK       Ici ? Et moi, je vais où ?

JEREMY        Toi, tu as un autre appartement.

PATRICK       Ah oui, mais non ! J’avais un appartement. Claudia et moi sommes en plein divorce, elle m’a fichu à la porte !

JEREMY        Ah merde ! Comment tu vas faire ?

PATRICK       Quoi, comment je vais faire ? Habiter ici bien sûr, enfin, pour l’instant ! Je suis désolé, mais vous ne pouvez pas rester ! Cherche un petit hôtel discret, il ne vous retrouvera pas.

JEREMY        Tu penses bien qu’il a des indics partout. Si on va à l’hôtel, tu peux être sûr qu’une heure après je suis mort ! Non… il faudrait que… qu’on reste là, et que, toi, tu ailles à l’hôtel !

PATRICK       C’est pas vrai ! J’ai deux logements et je devrais aller à l’hôtel !

JEREMY        Allez ! S’il te plait ! C’est l’histoire de quelques jours ! Elodie m’a dit que Sylvio Ciconne doit s’installer définitivement aux Etats Unis. Tony aussi, forcément.

PATRICK       Ils partent quand ?

JEREMY        Lundi ! Si on pouvait rester jusque là…

PATRICK       Je ne peux pas te laisser comme ça ! Ecoute, ok, je te laisse le studio, moi j’irai chez… enfin j’irai ailleurs pour ces quelques jours. Euh… une question quand même. Il n’y a pas de risque que ce Tony débarque ici ?

JEREMY        Il est peut-être fort, mais pour me trouver ici… non, impossible ! C’est pour ça qu’on ne sort pas et que j’ai envoyé ta secrétaire faire des courses.

PATRICK       Pfff !!! En tout cas, j’espère que ça te servira de leçon. (il regarde sa montre) ! Une grosse journée m’attend avec des rendez-vous très importants. Je dois me préparer. Euh… je peux quand même prendre une douche chez moi ?

JEREMY        Ben oui, quand même !  

PATRICK       Merci ! (Patrick ouvre la porte de l’appartement et y entre – On entend un cri de femme, Patrick ressort) Tu pourrais demander à ta copine de s’habiller un minimum ?

JEREMY        (il rentre, Patrick attend, Jérémy ressort) C’est bon ! (ils rentrent tous les deux – un temps puis Jérôme et Elodie ressortent. Elodie, en tenue sexy)

Scène 3 : Jérémy (31) – Elodie (29) – Cécile (17)

ELODIE          Tu m’avais dit qu’il était sympa ton pote ! Ce n’est pas vraiment l’impression qu’il donne. Tu as vu la tête qu’il faisait ? T’as dit qu’il était quoi ici ?

JEREMY        P.D.G. ! Faut le comprendre. Il me trouve chez lui alors que je ne devrais plus y être, et en plus il trouve une fille, qu’il ne connaît pas, et à poil, en plus. Mais j’y pense, il t’a vue ?

ELODIE          Ben oui, forcément ! Mais c’est vrai, on n’est pas a égalité. Il m’a vue toute nue, mais pas moi ! Faut que j’aille le mater sous sa douche, moi aussi. (elle fait mine d’entrer dans l’appartement)

JEREMY        Eh !

ELODIE          Mais non, banane, je te fais marcher. J’en ai rien à faire de ton copain. Il n’est pas du tout mon genre. Tu l’as mis au parfum ?

JEREMY        Oui !

ELODIE          Et comment qu’il a réagi ?

JEREMY        Bien ! Très bien ! Il a parfaitement compris la situation. Il a dit qu’on pouvait rester autant qu’on le voulait !

ELODIE          Tout va bien alors ! Enfin, quand je dis que tout va bien. On est quand même coincé ici.

JEREMY        Oui ! Qu’est-ce qu’on va pouvoir faire ?

ELODIE          (le prenant dans ses bras) J’ai bien une petite idée moi.

JEREMY        Mais tu ne penses qu’à ça ! Obsédée ! (ils vont s’embrasser quand Cécile entre)

CECILE           Ca ne vous ferait rien d’aller faire vos cochonneries ailleurs. Ce n’est pas un endroit pour ça !

JEREMY        Vous pourriez frapper avant d’entrer !

CECILE           Frapper ! C’est pas l’envie qui me manque, de frapper ! C’est un bureau ici. Un lieu de travail. Pas un lupanar ! Allez zou ! Dehors ! On attend du monde et… (le téléphone sonne, elle va décrocher, énervée et sèche) « Lambert Net, nettoyage en tous genres ! Chez Lambert tout est clair, avec Lambert Net tout est net ! Cécile à votre écoute ! »... (se calmant) Bonjour Madame Fontange… Ah bon… C’est pas de veine… vous êtes où ?... Je vous envoie quelqu’un tout de suite… Je vous en prie. A tout de suite Madame Fontange. (elle raccroche)

JEREMY        Un problème ?

CECILE           Oui ! Sa Mercedes est tombée en panne. Dites, puisque vous ne faites rien de vos journées, ça ne vous dirait pas d’aller faire une ballade ?

JEREMY        Si vous me demandez d’aller chercher cette Madame Fontange, pas question !

CECILE           Mais pourquoi ?

JEREMY        Je ne peux pas sortir ! Ca risquerait d’être très mauvais… pour ma santé.

CECILE           Pour se faire entretenir, on est là mais pour rendre service il n’y a plus personne… Mais qu’est-ce que vous avez fait tout les deux ? Vous avez braqué une banque ? Tué quelqu’un ?

ELODIE          Ah ben non quand même pas !

CECILE           (à Elodie) Et vous, vous ne pourriez pas y aller ?

ELODIE          Ben non, j’ai pas le permis !

CECILE           (prenant le même ton) Ben ouais, j’aurais dû m’en douter.

ELODIE          Envoyez un employé de l’usine !

CECILE           Bien sûr, un employé ! T’as raison cornichon ! Je ne vais pas envoyer un ouvrier pour ramener une personne de l’importance de Madame Fontange. Et puis vous croyez quoi ? Qu’on s’amuse ici ? Les employés, ils ont bien autre chose à faire. Vous, question neurones, il y a des trous !

ELODIE          Moi je disais ça pour aider !

CECILE           Aider ! Mon Dieu, ce qu’il ne faut pas entendre ! Bon, je ne vois qu’une solution, c’est d’y aller moi-même. (elle va pour prendre son manteau et s’arrête) Ah non, je ne peux pas !

JEREMY        Quoi encore ?

CECILE           Monsieur Lambert attend un client très important. Il faut que je sois là pour l’accueillir.

ELODIE          Ca, je peux faire !

CECILE           Vous ?

ELODIE          Oui ! Ca ne doit pas être bien compliqué. Qu’est-ce qu’il y aurait à faire ?

CECILE           Vous le faites entrer, vous le faites asseoir, vous parlez le moins possible, et vous allez prévenir Monsieur Lambert. Ensuite, vous disparaissez tous les deux. C’est dans vos cordes ça ?

ELODIE          Mais oui. Faut pas vous inquiéter, tout ira bien. Vous pouvez partir tranquille.

CECILE           Tranquille, certainement pas, mais je n’ai pas le choix. Surtout, ne faites pas de gaffes. Il en va peut-être de la survie de cette entreprise. (Elle se retourne et met son manteau)

JEREMY        (À Elodie) Moi je ne suis pas aussi tranquille que toi ! Ca à l’air hyper important, alors si on fait une gaffe…

ELODIE          Quelle gaffe tu veux qu’on fasse ? Ca va aller ! T’es un peu trouillard, toi hein ! (pour le rassurer elle l’embrasse. Cécile se retourne)

CECILE           Oh mais c’est pas vrai ! J’ai dit pas ici ! Et n’en profitez pas pendant que je suis partie. Vous imaginez, si Bourlier arrive et qu’il vous trouve en train de… hein, vous imaginez ? Alors on se calme ! Je ne sais pas moi, prenez une douche glacée ! Buvez un bol de bromure ! Faites un nœud au bout de votre… machin ! (elle va sortir)

JEREMY        Vous voulez que je vous prête ma voiture ?

CECILE           Non, pourquoi ? J’en ai une !

JEREMY        Oui, mais enfin la vôtre… (il fait une grimace) Pour une personne de l’importance de votre Madame machin…

CECILE           Fontange ! Qu’est-ce qu’elle a ma 4 L ? Elle vous plaît pas ma 4 L ?

JEREMY        Je veux dire, ça ne fait pas très classe ! Passer d’une Mercedes à une 4 L…

CECILE           Oui, mais elle va passer d’une Mercedes en panne, à une 4 L qui roule, alors… Allez c’est parti ! On va faire ronfler la caisse, la mère Fontange, elle va en mouiller sa petite culotte ! (elle sort)

JEREMY        Un drôle de numéro cette Cécile ! On ne sait pas si on doit l’adorer ou la détester.

ELODIE          Ton copain ne doit pas s’amuser tous les jours. Elle doit lui en faire voir de toutes les couleurs.

JEREMY        Oui, mais en même temps, je suis certaine qu’elle lui est dévouée corps et âme. À lui comme à cette entreprise.

ELODIE          Tu sais que c’est la première fois que je mets les pieds dans une usine. Marrant non ?

JEREMY        Marrant, c’est pas vraiment le mot, vu les circonstances. Et de l’usine, tu ne connais que ce bureau, tu ne peux pas vraiment te faire une idée.

ELODIE          C’est sûr, la Cécile, elle nous a interdit d’aller dans les ateliers. Celle là, un vrai réverbère.

JEREMY        …? Cerbère, pas réverbère ! À propose de Cerbère, tu es bien sûre que Tony part lundi.

ELODIE          Mais oui ! Arrête de flipper !   

JEREMY        Tu en as de bonnes toi ! On a un tueur aux fesses je te signale. Il y a de quoi flipper un peu non ? Tu n’as pas peur pour ta peau, toi ? Moi, si !

ELODIE          Si il nous retrouve, il ne me fera rien à moi ! Il est ce qu’il est mais avec moi c’est un vrai chaton.

JEREMY        Tu crois peut-être qu’il va t’absoudre ?

ELODIE          Qu’il va quoi ?

JEREMY        T’absoudre !... Ah non, le mot là non plus, tu ne l’as pas. Euh… Pardonner, ça va ?

ELODIE          Voilà ! Parle français je comprendrai ! Je te le dis, il ne me fera rien du tout. Surtout si je lui fais mes yeux de baise.

JEREMY        De braise, pas de … ! Tu crois que si je lui fais, moi aussi, des yeux de braise, ça peut passer ?

ELODIE          Ah ben toi non ! Toi t’es mort !

JEREMY        Donc j’ai raison d’avoir peur !

ELODIE          Il suffit de rester planqués jusqu’à son départ !

JEREMY        Et toi, les States, tu n’avais pas envie d’y aller ?

ELODIE          C’est pas aux Stètes qu’y part, c’est aux Etats Unis, c’est près de l’Amérique. Non, moi, ça me dit rien ! Je connais personne et je parle pas la langue.

JEREMY        Oui, déjà que le français…

ELODIE          Et puis Tony, je l’aimais bien mais, voilà, pas plus. Il était rassurant !

JEREMY        Rassurant !? 

ELODIE          Et puis la question ne se pose même plus, je t’ai rencontré, toi !  C’est drôle quand même l’Amour. Je suis folle dingue de toi mais je sais pas pourquoi. Déjà, c’est pas ton côté rassurant, c’est sûr ! T’es plutôt un peu chochotte.

JEREMY        C’est pas que je sois chochotte, c’est que… j’ai pas les arguments physiques pour être « rassurant ». En plus je ne sais ni tirer, ni manipuler un couteau, comme Tony.

ELODIE          Tu sais, Tony, il n’a pas besoin de pistolet ou de couteau. Rien que ses mains ça suffit !

JEREMY        C’est vraiment pas rassurant !

ELODIE          (elle va vers l’entrée, regarde dehors) Il y a une voiture qui arrive !

JEREMY        Cécile ? Elle est déjà de retour ? Elle a dû fumer, la 4 L !

ELODIE          Non, ce n’est pas elle ! (Jérémy la rejoint à la porte)

JEREMY        Ce doit être le rendez-vous de Patrick ! Merde, qu’est-ce qu’il fout Patrick ? (il ouvre la porte de l’appartement) Patrick !... Patrick !

Scène 4 : Jérémy (15) – Elodie (15)– Bourlier (15) – Patrick off (2)

PATRICK OFF          Quoi ?

JEREMY        Ton rendez-vous arrive !

PATRICK OFF          Je suis presque prêt. Dis à Cécile de s’en occuper ! J’arrive dans 5 mn.

JEREMY        Cécile ! Mais… elle… (il commence à paniquer)

ELODIE          Plus le temps, le voilà !

(Bourlier entre)

BOURLIER    Monsieur Lambert je présume ?

JEREMY        Euh…

BOURLIER    Bourlier fils, des entreprises et chaine de magasins Bourlier – Bourlier et Bourlier. 83 ans d’existence.

ELODIE          Eh ben, vous les faites pas ! (elle jette un œil vers l’entrée) Les autres sont pas venus ?

BOURLIER    Pardon ? Quels autres ?

ELODIE          Ben, Bourlier et Bourlier !

BOURLIER    Nous n’avons pas pour habitude de nous déplacer en délégation ! Bourlier père et Bourlier petit-fils ont bien autre chose à faire. (à Jérémy) Monsieur Lambert… 

JEREMY        Euh excusez-moi, je ne suis pas Monsieur Lambert. Il va arriver. Si vous voulez bien patienter quelques instants !

BOURLIER    Sachez que je n’ai aucune patience. Patienter est du temps perdu et le temps c’est de l’argent. De plus, laissez-moi vous dire que je suis très surpris de ne pas être accueilli par Monsieur Lambert en personne, mais par un sous-fifre.

ELODIE          T’es sous-fifre, toi ? Tu me l’avais pas dit !   

BOURLIER    Je pensais avoir assez de poids pour…

ELODIE          Oh non, vous n’êtes pas si gros ! Faut pas faire de complexe.

BOURLIER    …Assez de poids pour avoir droit à un accueil de votre patron en personne. Vous ne marquez pas des points.

JEREMY        Veuillez excuser Patrick, Monsieur Bourlier, mais il rentre tout juste de voyage.

ELODIE          Il avait besoin de se refaire une fraîcheur !

BOURLIER    Patrick ! Vous appelez votre patron par son prénom ! Je vois ! Encore une entreprise ou tout le monde fait copain-copain. Pas très bon ça. Dans les affaires, il n’y a pas de copains.

ELODIE          Excusez mais, chez vous, comment qu’ils vous appellent ?

BOURLIER    Monsieur Bourlier bien sûr ! Y compris mon fils ! Tout comme moi, j’appelle père, Monsieur Bourlier.

ELODIE          Bonjour l’ambiance !

BOURLIER    Mais, vous-même, qui êtes-vous exactement ? Vous n’avez même pas eu l’obligeance de vous présenter.

JEREMY        Euh..

ELODIE          (prenant un ton snob) Jérémy est le… bras droit de Pat… de Monsieur Lambert. Et moi je suis Elodie, la secrétaire accueilleuse.

JEREMY        (en aparté à Elodie) T’es malade !

BOURLIER    Secrétaire accueilleuse ?

ELODIE          Ben oui, je m’occupe, personnellement moi-même, de l’accueillement !

BOURLIER    D’accord, d’accord ! Et vous faites « l’accueillement » dans cette tenue ? Je trouve qu’il y a beaucoup trop de libertés ici ! Monsieur Lambert est-il averti de ma présence dans ses locaux ?

ELODIE                     (toujours ton snob) Tout à fait ! Monsieur Lambert a été alerté par le sous-fifre que voici de votre arrivage.

JEREMY        (À Elodie) Arrête tes conneries, on va avoir des problèmes !

ELODIE          J’y peux rien, il m’énerve celui-là, avec ses grands airs ! 

JEREMY        À propos d’air, tu devrais aller faire un tour dehors pour te calmer.

ELODIE          Tu as raison, ça me fera du bien ! (elle va pour sortir, regarde dehors et revient vite) Oh Merde ! Tu vas pas aimer ! Il y a une bagnole qui vient de se garer, je crois que c’est Tony !

JEREMY        Quoi ? Tu me disais qu’ici on ne risquait rien !

ELODIE          Je sais pas comment il a fait, mais il l’a fait !

JEREMY        Faut se planquer vite ! Euh… toi, planque-toi dans l’appartement ! Ah non, il y a Patrick et il est peut-être à poil ! Va dans son bureau et n’en bouge pas.

ELODIE          Mais…

JEREMY        Discute pas, c’est pas le moment ! (il la pousse dans le bureau) Monsieur Bourlier, si vous le voulez bien, en attendant que Pat… que Monsieur Lambert soit prêt, je vous propose de faire le tour des ateliers.

BOURLIER    Décidément, votre patron fait peu de cas de moi ! La visite, guidée par un subalterne, je saurai m’en souvenir.

JEREMY        C’est beaucoup mieux comme ça. Ne connaissant pas grand chose là-dedans, je ne risque pas de vous raconter des con… des bêtises comme l’aurait très bien fait Patrick.

BOURLIER    Comment ?

JEREMY        Non, je veux dire… vous pourrez vous faire votre propre idée sans être influencé, voilà ! Allons-y ! (il le pousse vers la porte Atelier 1)

BOURLIER    Je note également, que vous ne m’avez même pas proposé un café !

JEREMY        Parce que c’est mauvais pour la santé ! Maintenant faut y aller et vite. Là aussi c’est une question de santé ! Allez vite ! Le nettoyeur arrive ! (il le pousse et sortent au moment où Tony entre)

Scène 5 : Tony (13) – Patrick (13)– Elodie(0)

TONY            Lambert Net ! C’est bien ici. J’espère que le renseignement est bon, sinon mon indic va passer un sale quart d’heure ! Alors quoi, il n’y a personne là-dedans !?

PATRICK       (sortant du studio) Ah cher ami, vous êtes arrivé ! Veuillez m’excuser pour vous avoir fait attendre, je suis désolé. Mais vous êtes seul ? Où est donc passée ma secrétaire ?

(pendant cette scène, Elodie va entrouvrir la porte et écouter la conversation)

TONY            J’en sais rien, j’ai vu personne ! Vous êtes qui vous ?

PATRICK       Patrick Lambert, PDG de Lambert Net.

TONY            Ah ok ! Moi je suis…

PATRICK       Oh mais je sais qui vous êtes, inutile de vous présenter. Nous ne nous sommes jamais rencontrés mais je vous connais très bien. Votre réputation n’est plus à faire.

TONY            Ah bon ?

PATRICK       Mais bien sûr ! Vous êtes un maître dans votre domaine.

TONY            C’est vrai, que je peux me flatter d’être le meilleur dans ma spécialité.

PATRICK       Il n’y a aucun doute là-dessus ! Et quand je dis un maître, je pourrais dire, un artiste. Votre savoir-faire n’est plus à démontrer.

TONY            C’est sûr que dans les affaires que je traite, le savoir-faire c’est indispensable. Etre ferme, déterminé, implacable. C’est comme ça qu’on gagne le respect. Il n’y a pas de  place pour l’improvisation, pas le droit à l’erreur. Et il faut savoir travailler proprement.

PATRICK       Ce n’est pas Lambert Net qui dira le contraire ! Je vois que vous êtes direct, je vais l’être également. Je pense que nous allons bien nous entendre et j’espère que nous pourrons signer ensemble un beau contrat.

TONY            Un contrat !? Je dois bien dire qu’en venant ici, je ne m’attendais pas à ça, mais les affaires avant tout, n’est ce pas ?

PATRICK       Bien entendu !  « Business is business ». Avant de discuter de cet éventuel contrat, je vous propose une petite visite.

TONY            Moi je préfèrerais qu’on parle tout de suite de ce fameux contrat.

PATRICK       Je souhaiterais attendre que mon associée soit arrivée, pour en parler.

TONY            Ah parce que vous avez un associé ?

PATRICK       Une associée plus exactement !

TONY            Une femme ! J’aime pas bien qu’une femme soit mêlée aux affaires.

PATRICK       C’est une grande professionnelle du nettoyage et elle a une grande habitude de traiter des contrats.

TONY            Ah c’est aussi une « nettoyeuse » ! Et il faudra qu’on travaille ensemble ?

PATRICK       Ah oui c’est indispensable ! Si vous êtes d’accord pour un contrat avec nous, elle est absolument incontournable. Vous la connaissez peut-être, il s’agit de…

TONY            Pas de nom ! Dans notre métier, la discrétion est une affaire de sécurité. Moins on en sait et moins on peut en dire.

PATRICK       Euh oui, c’est vrai ! Bien ! Si vous le souhaitez ainsi. En l’attendant, voulez-vous un café ?

TONY            Ah non, jamais de café ! Ca donne la « tremblotte » et dans ma spécialité, c’est mauvais. Par contre, si vous avez des toilettes.

PATRICK       Bien sûr ! Vous pouvez utiliser celles de mon logement, c’est ici. (il ouvre la porte de l’appart.) Première porte à gauche. (Tony sort) Parfait, tout se présente bien !... mais où sont-ils tous passés ? 

Scène 6 : Tony (8)– Patrick (17)– Laure (9)– Cécile (5)– Elodie (2)

(Entrée de Cécile et Fontange)

PATRICK       Ah Cécile, vous voilà ! Mais que se passe t-il ?

CECILE           La voiture de Madame Fontange est tombée en panne. Forcément, une voiture étrangère ! J’ai dû aller la chercher !

PATRICK       Avec votre… véhicule ?

CECILE           Vous vouliez que j’y aille comment ? En vélo ? Et je l’aurais ramenée, sur le porte-bagage, les pieds dans les sacoches !

PATRICK       Vous avez bien fait ! Chère Laure, comment allez-vous ?

LAURE           Permettez que je m’assoie un instant !

PATRICK       Que se passe-t-il ? Vous vous sentez mal ?

LAURE           Mal au cœur !

CECILE           C’est sûr, quand on n’est pas habitué à la 4 L... (Elle va à son bureau)

LAURE           Sans parler de votre conduite, plutôt sportive. Je ne savais pas qu’on pouvait avoir le mal de mer en voiture. Voyons le bon côté des choses, je suis en vie ! Je ne l’aurais pas parié il y a encore cinq minutes.

PATRICK       Vous gardez le sens de l’humour, c’est bon signe ! Et en plus j’ai une bonne surprise. Devinez qui est là ?... Bourlier !

LAURE           Bourlier ? Bourlier de… Bourlier, Bourlier et Bourlier ?

PATRICK       C’est cela même !

LAURE           Mais lequel ? Le père, le fils ou le petit fils ?

PATRICK       D’après son âge, je dirais le fils. Si nous jouons bien la partie, je pense que nous pourrions signer un très beau contrat.

LAURE           En effet, pour une belle surprise… si nous arrivons à traiter avec Bourlier, je peux vous garantir que notre association sera vite signée. De plus, il parait que c’est un très bel homme. Où est-il ?

PATRICK       Il est aux toilettes !

(Elodie sort du bureau pour l’avertir de la méprise)

ELODIE          Attendez…

PATRICK       Qu’est-ce que vous faites là vous ?

ELODIE          Excusez mais… (Tony ressort de l’appartement) Oh merde Tony ! (Elodie rentre dans le bureau)

TONY            Ah je vois que votre associée est arrivée !

PATRICK       Cher ami, permettez que je vous présente… ah non, pas de nom ! (À Laure) Notre ami tiens à garder une certaine discrétion.

LAURE           Je comprends tout à fait ! Quoi qu’il en soit, je suis ravie de vous rencontrer. Votre réputation n’est plus à faire. Et je vois qu’on ne m’avait pas menti à votre sujet. Je suis certaine que nous allons faire du bon travail ensemble (elle va lui faire du rentre dedans) et très bien nous entendre.

TONY            (pas insensible au charme de Laure) Faut voir ! Je vous avoue que c’est la première fois que je rencontre une « nettoyeuse ». Quand on vous voit, on n’imagine pas ça de vous. 

LAURE           Et pourtant, c’est le bien cas ! Attention, je ne fais pas toutes sortes de nettoyages, j’ai ma spécialité. Ma devise : Mieux vaut être bon dans un seul domaine que moyen dans plusieurs. (ambigüe) Et croyez moi, dans certains domaines, je suis experte. (elle s’accroche à son bras)

TONY            Très intéressant !

PATRICK       Nous aurons l’occasion de rentrer dans les détails un peu plus tard, mais avant cela, je vous propose une petite visite.

TONY            (louchant sur Laure) Oui, j’aimerais beaucoup visiter.

PATRICK       Je voulais dire, une visite des locaux bien sûr ! Vous pourrez juger de notre savoir faire.

TONY            (à Laure) Je suis certain que vous savez y faire. (se reprenant) Mais tout ça m’éloigne quand même un peu du but de ma venue.

PATRICK       Il n’y en a pas pour longtemps ! Ensuite nous passerons dans mon bureau pour discuter affaires.    Juste une question pour me faire une idée ! Nous pourrions espérer combien de « nettoyages » ?

TONY            Dites-moi ce que vous attendez et le délai pour le faire.

PATRICK       D’après mes comptes, si on prend entreprises et points de vente, cela fait 84. Pouvons-nous espérer faire la totalité ?

TONY            84 ! Ah oui, c’est du beau contrat ça ! Seulement, je pars lundi pour Miami, alors un contrat de 84 en un week-end, ça me parait compliqué… Sauf si c’est un groupe.

LAURE           Ne vous inquiétez pas, nous tenons vraiment à travailler avec vous et nous ferons les efforts nécessaires. Bien sûr nous traiterons un contrat groupé !

PATRICK       Tout à fait !

TONY            Ah bien ! Si c’est un groupe, ça va ! Comme ça on fait tout d’un coup ! Vite fait, bien fait !

PATRICK       Parfait ! Alors en avant pour la visite ! Cécile, pendant ce temps, assurez-vous que mon bureau soit en ordre pour notre retour. Il y a là-dedans des… «choses » qui n’ont rien à y faire.

CECILE           Je m’en occupe Monsieur. 

PATRICK       Merci Cécile ! Je vous en prie, si vous voulez bien me suivre. (ils sortent Atelier 2)

CECILE           Ben dites donc, elle y va fort la mère Fontange. Comment qu’elle t’a mis le grappin dessus. Impressionnant. (ouvrant la porte du bureau) Qu’est ce que vous faites là, vous ? Allez, ouste, dehors ! (Elodie sort)

Scène 7 : Cécile (18) – Elodie (17)

CECILE           Qu’est-ce que vous faisiez dans le bureau de Monsieur Patrick ?

ELODIE          C’est…

CECILE           J’espère que vous n’étiez pas en train d’y faire vos… cochonneries.

ELODIE          Mais non, c’est…

CECILE           Je commence à vous connaître. Vous fourrez votre nez partout et quand je dis votre nez, pas que...

ELODIE          Il faut…

CECILE           Et l’autre, il est où ?

ELODIE          Mais…

CECILE           J’ai pas le temps de jouer à cache-cache, moi. J’ai du travail !

ELODIE          Je dois…

CECILE           C’est bon hein ! Retournez dans l’appartement et…

ELODIE          TU VAS LA FERMER !!!

CECILE           Mais…

ELODIE          Laissez-moi parler, ou je vous colle un pain dans le dentier ! Le gars avec votre patron, c’est pas votre client, Monsieur Bourrelet…

CECILE           Bourlier !

ELODIE          (menaçante) Ah attention ! Je vous dis que c’est pas… Bourlier qui est avec votre patron.

CECILE           N’importe quoi ! « C’est pas Bourlier qui est avec votre patron ». Parce que vous connaissez Bourlier personnellement peut-être !? Et Fontange, ce n’est pas Fontange non plus, c’est la Comtesse du Barry !

ELODIE          Mais est-ce que vous allez vous taire ! Non, je ne connais pas Bourlier, par contre celui qui est avec Patrick, je le connais bien. C’est Tony ! C’est mon ancien fiancé ! J’ai pas le temps de tout vous raconter mais si on est ici, avec Jérémy, c’est pour se planquer. Tony nous recherche. Surtout Jérémy, pour lui faire la peau. Tony c’est un tueur !

CECILE           … Vous avez vidé le bar ou quoi ?

ELODIE          Avec vous on n’est pas sorti de la berge ! Je vous dis que votre Bourlier, c’est Tony !

CECILE           Mais oui, c’est ça ! Et votre copain, il est où ? Il est planqué, il nous filme ?

ELODIE          Jérémy, il est avec Bourlier ! Le vrai ! Ils visitent les ateliers ! L’atelier 1 !

CECILE           ... C’est vrai ? Ce n’est pas une blague stupide ?

ELODIE          Je vous le jure ! Vite il faut faire quelque chose ! Et arrêtez de me regarder en chien de fusil !

CECILE           En chien de faïence, pas en chien de fusil ! Jérémy fait visiter Bourlier ! Mais il est complètement malade ! Il veut faire couler la boite ou quoi ? Qu’est-ce qu’il va lui raconter, il n’y connaît rien !

ELODIE          C’est parce que Tony est arrivé ! Il n’allait pas attendre là, de se faire éclater la tête. Et puis devant votre client, ça aurait fait mauvais genre !

CECILE           Ne paniquons pas, ne paniquons pas ! Réfléchissons ! On a Jérémy avec Bourlier dans l’atelier 1, première catastrophe ! Monsieur Patrick est dans l’atelier 2, encore heureux qu’il ne soit pas allé dans le 1, mais, deuxième catastrophe,  il est avec un tueur ! Fontange est au milieu de tout ça, troisième catastrophe ! Alors… maintenant, on peut paniquer ! Mais pourquoi il a fallu que vous veniez ici ? Jérémy, il n’a pas d’autres copains ? Et Patrick, pourquoi il est copain avec un type comme ça ? Et moi, pourquoi je ne rentrerais pas chez moi tout de suite ?

ELODIE          Parce qu’il faut trouver une solution ! (en la secouant) Oh Cécile, faut se reprendre !

CECILE           Vous en avez de bonnes vous ! Qu’est-ce qu’on peut faire ?

ELODIE          Il faudrait mettre votre patron au courant ! Et puis il ne faut pas que Tony tombe sur Jérémy. Voilà, c’est facile…

CECILE           Facile ! Facile ! Et vous savez comment faire ?

ELODIE          Je sais ce qu’il faut faire, c’est déjà pas mal. Après, comment le faire…

CECILE           Du calme, du calme, du calme ! On a déjà une chance, c’est que les ateliers ne communiquent pas entre eux ! Ils ne pourront donc pas se croiser et ils devront obligatoirement passer par ici pour aller d’un atelier à un autre. Alors… je vais essayer de… oui, c’est ça,! Vous, vous ne vous mêlez plus de rien ! Vous allez dans le studio, studio que vous n’auriez jamais dû quitter, et vous y restez !

ELODIE          Mais…

CECILE           Rien du tout ! C’est un ordre ! Allez hop, rentrez là-dedans ! (Elodie rentre dans l’appartement) Alors, comment je vais faire ça ?... Il faut que je les intercepte quand ils repasseront ici, et que je remette Bourlier avec Monsieur Lambert. Ce qui veut dire que Jérémy, va se retrouver avec le tueur, et donc que le tueur va tuer Jérémy. D’une part, il est venu pour ça, donc il sera content, et d’autre part, ça nous débarrassera. Oui c’est bien ça ! Bon plan !... Quoique… non, un meurtre ici, Ca ne ferait pas une bonne publicité ! (elle ne voit pas Claudia entrer, furieuse)

Scène 8 : Cécile (16) – Claudia (16)

CLAUDIA      Où est-il ?

CECILE           Madame Lambert ! Ca, c’est le bouquet ! Mais qu’est ce que vous faites ici ?

NDA : Si entracte, je le mettrais là. Reprise après entracte au début scène 8 (mais chacun fait ce qu’il veut)

CLAUDIA      Je souhaite avoir une conversation avec cet enfoiré de Patrick ! S’il croit qu’il va s’en tirer comme ça ! Il rêve ! Et vous, vous étiez au courant, bien sûr !

CECILE           Au courant de quoi ?

CLAUDIA      De ses tromperies ! De ses maitresses !

CECILE           Monsieur Lambert ? Vous tromper ? Alors ça, ça m’étonnerait beaucoup.

CLAUDIA      Ne me jouez pas la comédie, je suis certaine qu’il me trompe. Je finirai bien par trouver des indices et même des preuves. Ah je comprends pourquoi il a aménagé un logement ici. Bien pratique, pour y recevoir ses poules. Et j’imagine que vous étiez dans le coup. C’est peut-être même vous qui organisez ses rendez-vous.

CECILE           Mais enfin Madame Lambert, je vous assure que…

CLAUDIA      Oh ne niez pas, je vous connais ! Entièrement dévouée à sa cause. Il ne me surprendrait même pas que vous y soyez passée vous aussi.

CECILE           Passée où ?

CLAUDIA      Dans son lit !

CECILE           Ah non ! Ca je peux vous l’assurer ! C’est pas que j’aurais pas voulu, mais il ne me l’a jamais proposé.

CLAUDIA      (la regardant de haut) Hum, il faudrait qu’il soit tombé bien bas.

CECILE           Non mais dites donc, faudrait quand même voir à pas exagérer.

CLAUDIA      Alors, où est-il ?

CECILE           Ecoutez, Madame Lambert, je ne veux pas me mêler de vos affaires mais je vous assure que ce n’est vraiment pas le moment.

CLAUDIA      Et pourquoi ? Je dérange peut-être ? J’arrive au mauvais moment ? Il est avec une de ses poufiasses ? C’est ça ?

CECILE           Mais pas du tout, il est avec un tueur…

CLAUDIA      Un tueur ? Ah le salaud ! Il a prévu de m’éliminer ! Il veut me faire assassiner pour ne pas à avoir à me verser un centime. Le salaud ! Mais ce n’est pas un jugement en divorce qu’il va avoir, c’est un jugement pour tentative de meurtre.

CECILE           Calmez-vous, madame Lambert, calmez-vous ! Vous n’y êtes pas du tout. D’un côté on a un tueur et de l’autre on a un incapable qui fait visiter monsieur Bourlier. Ce serait trop compliqué à vous expliquer mais je vous demande de me faire confiance et d’aller attendre Patrick dans son appartement.

CLAUDIA      Attendez, vous avez parlé de monsieur Bourlier. Il est ici ?

CECILE           Oui !

CLAUDIA      Mais… de quel Bourlier parlez-vous ? Du père, du fils ou du…

CECILE           Du Saint Esprit ?

CLAUDIA      Ou du petit fils ?

CECILE           D’après ce que j’ai compris, ce serait le fils. Pourquoi ? Vous le connaissez ?

CLAUDIA      Le fils… Hein ? Euh… oui, je… je le connais… juste un peu. C’était au temps où je travaillais encore ici. Patrick m’avait demandé d’aller sur un salon et c’est là que nous nous sommes rencontrés.

CECILE           Oui eh bien il est ici pour signer un contrat qui peut faire beaucoup de bien à l’entreprise, alors entre le tueur et lui, vous comprendrez que le moment est mal choisi pour faire un scandale. Ecoutez ! Dès que Patrick revient, je vous l’envoie, je vous le promets.

CLAUDIA      Alors trouvez-le vite ! (elle se dirige vers l’appartement, Cécile réalise qu’il y a Elodie)

CECILE           NON !!! Allez plutôt dans le bureau. (elle essaie de l’y pousser, Claudia se dégage)

CLAUDIA      Ah non merci ! L’appartement est beaucoup plus confortable ! (elle y entre)

CECILE           Oh mon Dieu ! Elle va tomber sur l’autre !  Quelle journée ! Mais quelle journée ! Il y a des jours, on ferait mieux de rester couché. Parce que là, ça va péter, je le sens, ça va péter !

Scène 9 : Cécile (11) – Claudia (7) – Elodie (11)

(Elodie est expulsée de l’appartement)

ELODIE          Non mais ça va pas ! C’est quoi cette folle-dingue ?

CECILE           Voilà ! Ca pète !

CLAUDIA      Je le savais ! La voilà la preuve que je cherchais !

ELODIE          Mais qu’est ce qu’elle raconte ?

CLAUDIA      (à Cécile) Regardez sur quelle « surprise » je tombe ! Et vous ! Vous allez, sans doute, oser me dire que vous ne saviez pas ! Vous me prenez pour une idiote ? Je comprends pourquoi vous vouliez m’envoyer dans le bureau.

CECILE           Mais c’est pas du tout ce que vous pensez Madame Lambert.

ELODIE          Madame Lambert !? Ah, c’est la femme du PD !

CECILE           Du PD ?

ELODIE          Ben du patron, quoi ! Le PD de la boite !

CECILE           ?… Le P.D.G. ! Président Directeur Général !

ELODIE          La vache ! Il est Général ?

CECILE           Oh lalalala ! Vous sortez de quelle caverne, vous ?

CLAUDIA      C’est bon ? Vous avez fini votre numéro ? Alors, c’est avec… ça, qu’il me trompe ! Très classe !

ELODIE          Mais qui c’est qui trompe qui, avec qui ?

CLAUDIA      Faites l’innocente ! Espèce de… espèce de… petite garce !

ELODIE          C’est à moi qu’elle cause comme ça ? Ah attention à ce que vous dites ! Parce que moi, je vais aller chercher Tony, ça va pas trainer.

CECILE           S’il vous plait ! S’il vous plait, on se calme ! Vous vous méprenez Madame Lambert. Ce n’est pas la maitresse de votre mari mais…

ELODIE          La maitresse de son mari ? Du PD Général ? Mais n’importe quoi ! Vous avez vu la tronche qu’il a ? Ben non merci !

Qu’est ce que c’est qu’il va-t-il donc se passer ? Pour le savoir contactez-moi, par mail piercy.noel@neuf.fr  ou  piercy.noel@gmx.fr

Je vous enverrai le texte en intégralité et gratuitement.

Vous avez 29 pages sur 49, je pense qu’avec cela vous avez pu vous faire une bonne idée du thème, de l’ambiance et des personnages.

Au plaisir d’échanger avec vous.

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