Feu d'artifice - extrait

Feu d'artifice

ACTE 1

Scène 1 :    Sylvain – Eve

Sylvain replie le parasol, nettoie la table, range verres et bouteilles derrière le bar. Devant le bar, une valise et une valisette (genre vanity case).

Sylvain est très stoïque. Eve excitée comme peuvent l’être les femmes avant un départ en voyage.

Eve OFF     - Sylvain ! Qu’avez-vous fait de la confirmation de réservation d’hôtel ?

Sylvain        - Dans votre sac à main Madame.

Eve OFF     - Bien !... Avez-vous pensé à mettre mon châle dans la valise ?

Sylvain        - Oui Madame ! Ainsi que vos pulls et votre écharpe. Comme vous me l’aviez demandé.

Eve OFF     - Bien Sylvain !

Sylvain        - Puis-je me permettre de demander à Madame si elle pense en avoir vraiment besoin ?

Eve             - (sur le pas de la porte) On ne sait jamais ! Il vaut mieux prévenir que guérir.

Sylvain        - C’est juste Madame. Mais tout de même, en plein été… au Kenya…

Eve             - Il paraît que les nuits sont fraîches. Je ne trouve pas mes lunettes de soleil.

Sylvain        - A côté de votre sac, qui est sur le meuble de l’entrée.

Eve             - (elle rentre) Oui elles y sont. Et la protection solaire y avez-vous pensé ?

Sylvain        - Il me semble qu’il y a deux flacons dans votre valisette noire.

Eve             - (revenant pas de porte) Il vous semble ou vous en êtes certain ?

Sylvain        - (réfléchissant un instant) Il me semble… que j’en suis certain.

                   Et puis si jamais ils n’y étaient pas, madame pourra toujours mettre un pull pour se protéger.

Eve             - Très drôle Sylvain ! Très drôle ! Cela vous semblera beaucoup moins drôle à mon retour si jamais il me manquait quelque chose.

(elle rentre puis revient)  Et mon appareil photo ? Parce que, aller faire un safari photos sans appareil photo, ce serait balot.

Sylvain        - Il est dans la valise. N’ayez crainte Madame, j’ai pensé à tout. (En aparté) comme d’habitude. (fort) Madame n’a qu’une chose à penser, c’est à son sac à main.

On entend une voiture arriver et klaxonner.

Sylvain va regarder par le portillon

Sylvain        - Votre taxi est arrivé Madame.

Eve OFF     - J’arrive ! Mon Dieu ! Mon billet d’avion. Où est mon billet d’avion ?

Sylvain        - Il est avec la réservation d’hôtel, dans votre sac à main.

Eve OFF     - Heureusement que vous êtes là Sylvain. Vous pensez à tout.

Sylvain prend valise et valisette qu’il va déposer au taxi et revient. Eve sort

 avec veste légère, chapeau, lunettes de soleil) Comment vais-je faire pendant un mois, sans vous, je me le demande !

Sylvain        - (aparté) Moi aussi ! (fort) Tout ira très bien Madame.

Eve             - Vous rendez-vous compte que c’est la première fois que je pars en vacances  depuis que Charles est décédé.

Sylvain        - Je sais Madame et cela vous fera le plus grand bien (aparté) et à moi aussi. (à Eve) Depuis le décès de Monsieur, vous ne voyez pratiquement personne. Ce voyage sera pour vous l’occasion de faire des rencontres.

Eve             - Alors au revoir Sylvain et bonnes vacances à vous aussi. Vous allez chez votre maman comme prévu ?

Sylvain        - C’est exact Madame !

Eve             -  Allez, en route, je vais finir par rater mon avion.

Elle sort par le portillon.

Sylvain        - Ouf ! Enfin partie ! Me voilà libre pour un mois. Ca s’arrose !

Il passe derrière le bar et se sert un verre.

Eve             - (revenant) Sylvain ! (Sylvain surpris cache le verre et la bouteille et fait mine de nettoyer le bar) Où m’avez-vous  dit  que se trouvait mon billet d’avion ?

Sylvain        - Dans votre sac à main !

Eve             - Ah oui, c’est vrai ! Au revoir Sylvain ! (elle ressort)

Sylvain        - Au revoir Madame ! (il sort de derrière le bar avec son verre) 1ere Phase des vacances : Premier moment de détente. (il boit quand revient Eve. Surpris il renverse son verre).

Eve             - Vous allez rire, j’ai oublié mon sac à main.

Sylvain        - Je vais vous le chercher madame.

Eve             - Les départs sont toujours des moments d’excitation. On se demande pourquoi en fait.

Sylvain        - Voilà votre sac madame. Maintenant, madame est parée, elle a tout ce qu’il lui faut.

Eve             - Je file ! Je ne vous dis pas au revoir à nouveau.

Sylvain        - Non, madame, trois fois ce serait de la gourmandise.

Eve sort en courant.

Sylvain        - Ca y est ? Elle a tout ? Sa valise, sa mallette, son sac. Donc je peux passer à la phase 2 des vacances… Oh et puis je vais reprendre à la phase 1. Plaisir et détente. (il va se servir un nouveau verre). Phase 2 : Décontraction. (il s’assied, les pieds sur la table et boit quand…)

Eve             - (traversant la terrasse en courant) J’ai oublié d’aller faire pipi !

Sylvain va vite cacher le verre et la bouteille et nettoie à nouveau le bar.

                                          Eve revient toujours en courant.

Eve             - Bye ! Je file, le taxi commence à râler ! (elle sort)

Scène 2 :              Sylvain

Sylvain        - Alors cette fois c’est la bonne ?

 (on entend le taxi démarrer)

 Oui ! J’ai cru qu’elle ne partirait jamais. Les vacances commencent mal, les phases 1 et 2 ont été ratées. Passons à la phase 3. Préparation des valises.

le téléphone sonne

 

                   Oh c’est toi ma Valentine ?... Oui elle vient de partir à l’instant… Je dis que ta mère est partie… mais qu’est ce que c’est que ce bruit ?...  des travaux ! … Tu as du mal à m’entendre. (fort) Je disais que ta mère vient de partir… Hein ?... Non elle ne se doute de rien… Oui… Quoi ?... Il faut qu’on change nos plans ? Mais pourquoi ?... Je ne peux pas venir chez toi… à cause des travaux… trop de bruit… mais ferme ta fenêtre… elle est fermée… marteaux-piqueurs… tout le mois !... Mais alors comment fait-on ?... Je dis comment fait-on ?... c’est toi qui viens ici ? Mais ce n’est pas possible… A cause de la location… Eh oui ! Tu ?… n’y pensais plus. Louer la villa de ta mère, c’est pourtant ton idée… Ils doivent arriver incessamment… Tu viens quand même, on s’arrangera avec eux ! Je ne suis pas certain qu’ils apprécient beaucoup... Quoi ?... Je ne t’entends presque plus… Allô… Valentine… Valentine… Plus rien ! Zut c’est coupé. Oh la tuile ! Des travaux ! Juste devant ses fenêtres. Elle arrive dès qu’elle peut, c’est ce que j’ai cru comprendre. Et les locataires qu’est ce qu’ils vont dire quand je vais leur annoncer qu’ils ne seront pas seuls. Alors phase 1 : raté. Phase 2 : Touché. Phase 3 Coulé ! Ca commence mal ! (il rentre)

Scène 3 :    Jean Claude – Arlette

J- Claude Off       - C’est ici que j’te dis ! C’est marqué sur le mur : « Villa Que du Bonheur ».

Jean Claude entre, les mains dans les poches de son bermuda.

J-Claude     - Alors  t’arrive !

Arlette Off   - Je viens mon porcinet ! Je viens ! Ténerve pas ! (Bruit de chute) Et merde !

J-Claude     - Tu peux pas faire attention ? T’as pas vu qu’il y avait des marches ? C’que tu peux être empotée.

Arlette Off   - Ben… j’ai un peu de mal avec tout ça. (elle entre surchargée de bagages qui lui bouchent la vue).

J-Claude     - Rien de cassé j’espère !

Arlette         - J’ai un peu mal aux genoux mais ça ira.

J-Claude     - Je parlais pas de toi ! Je parlais de mes affaires. Plutôt que de faire le clown avec les valises, tu pourrais peut-être les poser. Tu vas encore t’étaler la viande.

Arlette         - Oui mon porcinet. Ouf ! …Oh comme c’est joli !

J-Claude     - Ouais ! Ca en jette ! Ca change du camping dans le jardin de ta mère où qu’on allait d’habitude. Heureusement qu’elle est morte parce que j’suis sûr qu’on y s’rait encore aller c’t’année.

Arlette         - T’étais bien content qu’elle veuille bien nous prêter un bout d’ terrain pour y planter la tente. Ca coutait rien. Radin !

J-Claude     - Moi radin ? Alors que je t’offre ce petit paradis pour tes vacances.

Arlette         - Tu m’offres ? Tu m’offres ? C’est avec l’argent de l’héritage de maman qu’on est là.

J-Claude     - Tu sais, si j’aurais voulu, j’aurais pu t’emmener en vacances dans des trucs vachement plus mieux. Mais comme je savais que ça te faisait plaisir de voir la vieil… enfin ta mère. Bref ! On est là et on va être comme des rois. A propos t’as plus envie de vomir ?

Arlette         - Ca va mieux ! C’est le bateau qu’j’ai pas supporté. Déjà qu’le train m’avait pas arrangé, mais alors le bateau…

J-Claude     - C’est vrai qu’ c’était la première fois qu’tu l’prenais.

Arlette         - Rien qu’de penser qu’y faudra le r’prendre dans l’autre sens, j’ai mes nausées qui m’reviennent.

J-Claude     - J’espère qu’au retour, ce sera pas l’même équipage qu’à l’aller, parce qu’y voudront jamais t’laisser monter. Vu l’état dans lequel t’as mis le rafiot. Bon on cause, on cause, mais faudrait p’t’être qu’on dégote le fameux… comment qui s’appelle déjà ?

Arlette         - Monsieur Sylvain ! Dis donc y doit être plein aux as pour habiter une turne pareille. Si ça s’trouve c’est un gars d’la haute. Un baron ou p’t’être même plus.

J-Claude     -  Quand on l’verra va falloir faire bonne impression. Avoir de bonnes manières pour l’impressionner et qu’y parte tranquille.

Il sonne à la porte d’entrée. Sylvain arrive.

Scène 4 :    Sylvain – Jean Claude - Arlette

Sylvain        - Monsieur, Madame !

J-Claude     - M’sieur !

Arlette         - Monseigneur !

J-Claude     - On vient pour les vacances.

Sylvain        - Si vous cherchez le camping, vous devez redescendre. Le camping est en bas de la colline. Vous prenez…

J-Claude     - Le camping ? C’est pas l’camping qu’on cherche. C’est nous qu’on a loué ici. On est les Plouchard !

Sylvain        - Vous êtes… Je vous prie de m’excuser, je vous avais pris pour… enfin je veux dire que je ne m’attendais pas à… Enfin je ne vous imaginais pas comme ça.

Arlette         - Ouais, j’comprends. Mais vous inquiétez pas. Là on s’est mis en décontract’, pour les vacances. D’habitude on est plutôt du genre costard cravate, la raie bien droite sur le côté et pis rasé comme y faut.

J-Claude     - Ah ouais ! Attention, on est pas des glandus. Nan, on est des vrais gens bien avec de l’éducation et tout le tintouin… Tiens….

Arlette         - Arrête JC tu ennuies monsieur l’baron avec nos histoires.

J-Claude     - Ouais c’est vrai ! S’cusez ! Moi quand j’suis parti, on peut plus m’arrêter. (prenant un ton très snob) C’est c’que m’disent toujours  mes collaborateurs lors des réunions du comité de direction. (ton normal) « JC » qu’y m’disent « t’as trop d’élocution pour nous ».

Sylvain        - Je… n’en doute pas !

J-Claude     - Alors comment qu’c’est-y qu’ça s’passe ? Parce qu’on voudrait pas perdre une minute de nos vacances. Surtout qu’ça coute quand même la peau des fesses.

Arlette         - Mon mari veut dire que tout le monde peut pas s’payer une location chez un baron. Mais que nous, si ! Ca prouve bien qu’on n’est pas n’importe qui.

J-Claude     - Sûr ! Les Plouchard, c’est pas d’la crotte.

Sylvain        - (toussant) Oui, bon, eh bien, avant tout, je dois vous dire que j’ai un petit problème.

J-Claude     - Et merde j’en étais sûr ! C’était trop beau pour être vrai ! Alors c’est quoi l’embrouille

Sylvain        - Eh bien, vous deviez être seuls dans la maison. Mais en fait… vous ne le serez pas. Pour être tout à fait franc, je devais aller rejoindre une… amie, mais elle ne peut pas me recevoir, et… c’est elle qui va venir ici.

Arlette         -  Ah  mais c’était pas convenu comme ça !

Sylvain        - Tout ceci est indépendant de ma volonté et…

J-Claude     - Ouais ouais, mais quand même.  (Jean Claude  prend Sylvain par le bras) Baron ! Nous, vu l’éducation qu’on a, on veut pas faire d’histoire. Mais là, si je peux me permettre, y’a quand même une couille dans l’potage.  Je m’dis que quand on loue sa baraque en disant qu’on va partir et qu’on part pas…  c’est pas bien honnête. Et je m’dis aussi que si un juge venait, par hasard, à être mis au courant, il s’mettrait p’t’être à…

Sylvain        - A chercher… dans l’potage !

J-Claude     - Et  ouais ! 

Sylvain        - Ecoutez Monsieur Plouchard, j’ai bien conscience que tout cela est ennuyeux…

Arlette         - Très ennuyeux ! Mais peut être que… un p’tit dédommagement…

Sylvain        - Je vois ! Si je fais une réduction  du tiers ?

J-Claude     - Réduire du tiers ! Soyez pas mesquin. La réduction, ce sera pas moins du quart !

Arlette         - Ca fait combien en pourcent ?

J-Claude     - T’es toujours aussi nulle en math. C’est pourtant pas compliqué. Quart : 40 % et  tiers : 30 %. Alors le quart c’est mieux.

Sylvain        - Mais non… Euh si !  Bien sûr, le quart c’est 40 %. Alors d’accord,  pour réduction d’un quart.

J-Claude     - Ca roule ma poule ! Ben tu vois, tu permets que j’te tutoye, maintenant qu’on est en affaire, on peut s’tutoyer nan ?

Sylvain        - Si ça peut vous faire plaisir.

J-Claude     - Super ! Finalement, vous les gens d’la haute, vous z’êtes pas si bégueule que ça !

Sylvain        - Je vous remercie !

Arlette         - Euh… dit J-C, y’a comme qui dirait un autre petit souci.

J-Claude     - Ah bon ? Lequel ?

Arlette         - Ben… Robert !

J-Claude     - Oh crotte j’l’avais oublié çui là ! Euh M’sieur l’baron…

Sylvain        - Quoi encore ?

J-Claude     - Ben…, y’a l’Arlette qui m’cause d’un blème.

Sylvain        - Je m’attends au pire ! Et quel est ce… blème ?

J-Claude     - Ben comprenez ! Louer une baraque comme ça, ça coûte quand même un bras. Et même que si nous on a les moyens, ben…c’est quand même mieux quand c’est moins cher. Hein, z’êtes bien d’accord. Y’ a pas de petites économies.

Sylvain        - Oui et alors ? Venez-en aux faits.

J-Claude     - Ben… on attend du monde.

Sylvain        - Pardon ?

J-Claude     - Pour partager les frais de la location, on a dit à des potes qu’y pouvaient v’nir ici.

Sylvain        - Des… potes ? Ici ?

Arlette         - Oui mais vous en faisez pas. Y s’ront pas souvent là. C’est des dingos de randonnée. Y partent tôt le matin et y rentrent tard le soir. Y dérangeront pas.

J-Claude     - Ouais, en fait, y leur fallait juste un endroit pour dormir. Alors comme nous on… et puis que eux, y… alors voilà.

Sylvain        - Vous avez sous-loué  une chambre en quelque sorte.

J-Claude     - Euh ouais, en quelque sorte.

Sylvain        - Il y a des jours comme ça ! Quand ça veut pas, ça,veut pas. Je suppose qu’il n’y a pas moyen de faire autrement.

J-Claude     - J’vois pas bien comment.

Sylvain        - Et ils arrivent quand, vos… potes ?

Arlette         - Ben, ils devaient arriver avec nous, mais on les a perdus.

Sylvain        - … perdus ?

Arlette         - Au port d’embarquement ! Y s’sont absentés pour aller acheter des casse-croûte. Nous, on est monté dans le bateau et pis quand il  a démarré, on les a vus arriver en courant mais… trop tard.

J-Claude     - On vous a dit, c’est des marcheurs, pas des coureurs.

Arlette         - La Josiane surtout, parce que le Robert, y courait quand même vite. Tellement qu’il a pas pu s’arrêter au bord du quai et que… (geste de tomber à l’eau)

J-Caude      - A la flotte le Robert ! Ca a fait un sacré plouf. Mais pas de souci, on l’a vu remonter à la surface.

Arlette         - Et même que J-C lui a crié de pas tenter de nous suivre à la nage mais de prendre le prochain bateau. Voilà !

J-Claude     - Voilà ! Y arriveront certainement demain matin.

Sylvain        - Ca promet ! Je sens que ces vacances ne vont pas être les vacances de tout le monde. 

J-Claude     - Bon alors maintenant,  on peut la visiter cette baraque ? (Arlette va pour entrer quand J-C la retient) Lelette, oublie pas les valoches. (elle prend les valises comme elle peut et rentre dans la maison. Juste avant de rentrer, Jean Claude retient Sylvain) A  propos baron, ta copine qui doit venir, elle est…

Sylvain        - Elle est ?

J-Claude     - Ouais ! Elle est… (faisant des gestes expressifs) enfin quoi… elle est bien roulée ? J’veux dire, dans l’décolleté, elle a de quoi remplir les deux mains d’un honnête homme ?

Sylvain        - (prenant le même ton que jean Claude) Bien roulée ! Alors là JC, tu permets que j’t’appelles JC, maint’nant qu’on est pote.  Alors JC, ma copine, tu t’en approches pas pa’ce que  y’s’pourrait bien que la couille, elle se r’trouve dans TON potage. C’est p’t’être même les deux tiennes qui pourraient servir à l’faire, e’l’ potage !

J-Claude     - Alors là, je dis : Monsieur ! Le père Sylvain, faut pas lui chatouiller les arpions. Respect M’sieur l’baron ! (ils rentrent)

Scène 5 :    Eve – Sylvain – Jean Claude - Arlette

On entend une voiture qui s’arrête

 Eve entre. Elle a l’air

d’être épuisée. Elle s’assoit puis se ravise et va derrière le bar se servir un

verre. Sylvain revient, sans la voir)

Sylvain        - Je me demande comment Valentine va réagir en faisant la connaissance de ces deux là. Mais d’où sortent-ils ? Et quel langage. Enfin, heureusement on ne les verra sans doute pas beaucoup. Ils doivent être du genre à passer la journée à se faire griller sur la plage.

Eve             - Ah Sylvain !

Sylvain        - (pousse un cri) Aaaah ! Madame ! Vous ? Ici ? Mais… je vous croyais partie.

Eve             - Moi aussi ! Mais figurez-vous qu’il y aurait un coup d’état au Kenya. L’agence de voyage préfère ne pas  prendre de risque.

Sylvain        - Mais alors… Ca veut dire que… vous allez rester… ici ?

Eve             - Cela semble vous contrarier.

Sylvain        - Plutôt oui ! Enfin non ! Enfin si, je suis contrarié pour Madame.

Eve             - Moi aussi, quand j’ai appris. Mais finalement, ce n’est pas si grave que cela, je pourrai partir plus tard.

Sylvain        - Oui, mais quand ?

Eve             - Dans quelques semaines ou quelques mois, rien ne presse. Mais et vous ? Comment se fait-il que vous soyez encore là ?

Sylvain        - Je… je me préparais à partir mais… finalement, je vais rester.

Eve             - Oh mais non Sylvain. Ne restez pas à cause de moi, je me débrouillerai bien toute seule.

Sylvain        - Non… Ce n’est pas ça… mais… (aparté) comment vais-je pouvoir me sortir de là ? (Arrivée de jean Claude et Arlette)

J-Claude     - Ben dis donc mon pote ! T’as une baraque, oh la vache !

Arlette         - Ouais ! On s’croirait chez le roi de… de… j’sais pas où, mais on s’y croirait.

Sylvain        - (aparté) Aïe, aïe aïe ! Il ne manquait plus que ceux là !

Eve             - Sylvain, qui sont ces gens ?

J-Claude     - Oh mais j’vois qu’ta copine est arrivée ! M’dame ! (donnant un coup de coude à Sylvain) Eh t’inquiètes pas, celle là j’y toucherai pas. Tu peux être tranquille. J’la voyais pas comme ça !

Eve             - Eh bien Sylvain ! Je vous ai posé une question.

Sylvain        - Euh… Eh bien voilà ! Je vous présente monsieur et madame Plouchard. Euh… ce sont des amis…

Arlette         - (à Jean Claude) Des amis. T’entends ça mon porcelet ! Si un jour on m’avait dit que je s’rais la copine  d’un baron. Putain la classe.

Sylvain        - Excusez-moi madame, mais j’aurais besoin de dire deux mots à ces personnes et ensuite je vous explique. (il entraîne JC et Arlette à l’écart) Ecoutez-moi bien ! Voilà cette dame est… disons qu’elle est un peu dérangée. C’est une… voisine, mais elle perd la tête. Un truc au cerveau. Heu… elle croit habiter ici et elle se prend pour  la maitresse de maison. Forcément, elle ne va pas comprendre pourquoi vous êtes là, chez elle. Alors quoi que je dise, ou quoi qu’elle dise, vous ne la contrariez surtout pas. Ca pourrait lui être fatal.

J-Claude     - Alors c’est pas ta copine ? J’aime mieux ça, parce que j’me disais qu’t’avais pas beaucoup d’ goût en matière de gonzesse.

Sylvain        - Non ce n’est pas ma copine. Je ne vous demande qu’une chose, c’est de jouer le jeu.

Arlette         - Vous voulez dire qu’en plus de  vous et vot’ copine, il faudra aussi se farcir la vieille. Oh mais ça va pas du tout ça ! Va falloir renégocier.

Sylvain        - Oui, mais on verra plus tard. Ce n’est pas le moment. Et  maintenant laissez-moi faire, et surtout pas un mot.

(revenant vers Eve) Veuillez m’excuser madame.

Eve             - Pouvez-vous m’expliquer maintenant ?

Sylvain        - J’y viens ! M et Mme Plouchard sont des amis. J’allais partir… comme prévu… quand ils ont téléphoné… parce que… ils avaient un petit ennui.

Eve             - Un ennui,  lequel ?

Sylvain        - Je ne sais pas. Pas encore !

Eve             - Comment vous ne savez pas ?

Sylvain        - Eh bien c'est-à-dire que…

J-Claude     - (bousculant Sylvain) Allez laisse moi faire. T’es pas doué pour raconter des histoires toi. S’cusez M’dame. Ouais c’est vrai tout c’qu’e raconte l’baron. L’Arlette et moi, on a eu des problèmes d’ébergement. On avait réservé un hôtel vachement classe à… à… 

Sylvain        - (discrètement) Corte !

J-Claude     - Ouais, à Corte ! Oh, un hôtel tout c’qu’y a de bien. L’hôtel de la gare, avec tout le confort. Eau chaude dans tous les robinets, cabinet collectif sur le palier, vue sur la mer, et tout et tout.

Eve             - Vue sur la mer ? A Corte ? Mais, Corte est en plein centre de la Corse.

J-Claude     - Hein ? Ah ouais, non non, pas le Corte là, un autre Corte, qui est de l’autre corté. Moins connu. Corte-plage ! Bref, arrivé là-bas, hôtel complet ! Une arnaque ! Ah on a gueulé vous pouvez le croire.

Sylvain        - En fait, Madame, l’hôtel pratiquait le surbooking.

J-Claude     - C’est ça, le… sur… machin ! Alors nous, coincés qu’on était. Et, on a pensé à notre vieux pote le baron (tapant dans le dos de Sylvain) Pas vrai ? Et il nous a gentiment proposé de nous donner un p’tit coup d’main. Ah ça fait plaisir d’avoir des poteaux sur qui on peut compter. Pas vrai baron ?

Eve             - Sylvain, pourquoi vous appellent-ils « baron » ?

Sylvain        - Euh… C’est un surnom… qu’on me donne depuis que je suis tout petit.

Arlette         - Ah ouais, depuis tout p’tit qu’on l’appelle « baron ».  Pas plus haut qu’ça, c’était déjà « baron ». Déjà à la maternelle, même la maitresse elle l’appelait « baron »

J-Claude     - (à Arlette) Ca va, fais z’en pas trop quand même ! Faut qu’l’histoire soye plausible si on veut qu’elle soit crute. Laisse faire le pro. (à Eve) V’la toute l’histoire M’dame. On peut dire, comme qui dirait,  qu’y a eu  une couille dans l’potage.

Sylvain        - NON ! Je vous en prie, un peu de tenue. Vous parlez à une dame.

J-Claude     - Ben et alors ? Elle sait pas c’que c’est ? Arlette aussi c’est une dame et ça l’empêche pas. (regard sombre de Sylvain) OK compris, faut pas dire des gros mots ! Ok, j’vais sortir mon langage le plus châtrer.

Sylvain        - Taisez-vous ça vaudra mieux. (à Eve) Vous comprendrez, madame  que je ne pouvais pas les laisser dans cette situation.

Eve             - Je comprends fort bien Sylvain. Et vous avez bien fait. Des amis de maternelle. Et vous avez même sacrifié vos vacances pour leur venir en aide.  Je vous reconnais bien là Sylvain Eh bien monsieur, madame, vous pouvez rester aussi longtemps que vous le souhaitez.

J-Claude     - Oh non, on veut pas abuser d’vot’ bonne bonté ! On restera pas plus de quatre semaines. Et pis Robert et Josiane dérangeront pas.

Eve             - Robert et Josiane ?

Sylvain        - Oui… euh… d’autres amis… je vous expliquerai (en aparté) enfin quand j’aurai trouvé quelque chose.

Le téléphone sonne, Sylvain rentre pour répondre

J-Claude     - (à Eve) Ca va, vous ?

Eve             - Très bien merci !

J-Claude     - J’veux dire, au niveau du cerveau, ça vous fait pas mal ?

Arlette         - Arrête J-C ! T’as entendu c’qu’a dit l’baron. Faut pas poser d’questions, ça pourrait la faire claquer. Y manquerait plus qu’ça !

Sylvain revient avec le téléphone.

Sylvain        - Pour vous Madame, un Monsieur  Soulignac.

Eve             - Allô Francis ? C’est bien vous ?... Quelle bonne surprise. Je croyais que vous m’aviez oubliée depuis tout ce temps… Que me vaut l’honneur de votre appel ?...  Non ! Quel hasard ! Figurez-vous que je devais prendre, moi aussi, cet avion… Oui je comprends… Eh bien vous n’avez qu’à venir ici… Si, si ! Ca me fera tellement plaisir de vous revoir… Vous êtes accompagné ? Pas de problème la maison est grande. Allez, c’est dit, c’est fait ! Je vous attends… C’est ça, à demain Francis. (à Sylvain) Figurez-vous que mon  ami devait prendre le même avion que moi et…

Sylvain        - Et à cause du coup d’état, il se retrouve coincé lui aussi. Et madame l’a gentiment invité. (en aparté) Super les vacances en amoureux avec Valentine.

J-Claude     - (prenant Sylvain à part) Eh baron ! La toquée, elle invite des gens chez vous et vous laissez faire ?

Sylvain        - Je vous l’ai dit, il ne faut surtout pas la contrarier. Et puis vous n’avez pas trop à la ramener, parce que avec l’histoire Robert et Josiane…

J-Claude     - Ouais je sais, mais quand même. Nous qu’on avait loué pour nous, on va se r’trouver en colonie d’vacances.

Scène 6 :    Eve - Sylvain

Le soir. Les volets sont fermés

Eve,  assise à une table de jardin lit une revue. Sylvain sort de la maison.

Eve             - Où sont donc vos amis Sylvain ?

Sylvain        - Ils sont descendus passer la soirée  au village.

le téléphone sonne

Sylvain rentre et revient avec le téléphone

Sylvain        - Pour vous Madame !

Eve             - Qui est-ce ?

Sylvain        - Une dame, Madame.

Eve             - (prenant le téléphone) Sylvain, apportez-moi un grand verre d’eau fraîche. Il n’y en a plus dans le bar et il fait une chaleur encore. (il sort)

Eve             - Allô !... Bonsoir… Qui ?... Simone !... Non, je ne connais pas de Simone… Simone Concalvi ? (réfléchissant) Simone Concalvi… Ca me dit vaguement quelque chose mais… Ah oui, Simone Concalvi ! Collège Bonaparte à Ajaccio. Oui je me souviens, nous étions inséparables… Hein ?... Oui, jusqu’à ce qu’on se sépare. Toi un lycée, moi un autre. Ca alors, quelle surprise... Où es-tu maintenant ? Toujours sur notre belle île corse !... Et qu’est ce que tu fais ?... Tu pleures ! Mais tu pleures où ? Eglises, enterrements ? … Comment ?...  Chagrin d’amour ! Ah je me disais aussi… Comment ? … Si tu le retrouves tu ?... Le tues !  Ecoute je crois que tu as besoin de te changer les esprits. Si tu veux venir, pas de problème, on parlera, ça te fera du bien. Et puis ça me fera plaisir de te revoir… Quand tu veux... Demain ? Aucun problème. Tu vas voir, on va se remémorer nos souvenirs, on va bien rigoler… Ca t’étonnerait… Tu ne peux pas t’empêcher de pleurer et de penser à ta vengeance. Mais non, mais non. Allez viens demain. Tu trouveras facilement, c’est la plus grande villa sur la colline. Villa « Que du Bonheur »… Voilà ! A demain Simone. (Retour de Sylvain avec un plateau, une carafe et un verre) Ca alors, si je m’attendais. Simone Concalvi ! (Sylvain manque de renverser le plateau)

Eve             - Eh bien faites donc attention Sylvain !

Sylvain        - Excusez-moi Madame ! Euh… Si ce n’est pas indiscret… quel nom avez-vous dit ?

Eve             - Simone Concalvi. Une amie d’enfance. Nous étions au collège ensemble. Pas l’air d’aller bien la pauvre. (pendant qu’il sert un verre d’eau). Elle arrive demain.

Sylvain        - Ici ? (il vide de l’eau à côté du verre)

Eve             - Attention !

Sylvain        - Veuillez m’excuser, Madame ! Alors, cette… Simone Concalvi vient ici, mais… pour quoi faire ?

Eve             - Mais dites donc Sylvain, je n’ai aucune explication à vous donner.

Sylvain        - Euh… et elle restera longtemps ? Enfin je veux dire… je demande cela… pour savoir… pour la chambre.

Eve             - Je ne sais pas si elle restera, on verra quand elle sera là.

Sylvain        - Bien Madame !

Eve             - Il est tard, je vais me coucher. Bonne nuit Sylvain.

Sylvain        - Bonne nuit Madame ! (Elle sort)

Sylvain        - Simone ici ! C’est une catastrophe ! Il faut que je trouve une solution. Si elle me reconnaît…

Il commence à débarrasser, tournant le dos au portail. Valentine entre sans

bruit et plaque ses mains sur les yeux de Sylvain.

Scène 7 :    Valentine -  Sylvain  -  Eve

Valentine :  Qui c’est ?

Sylvain :     (effrayé) SIMONE !!!

Valentine :  Simone ?

Sylvain :     Oh Valentine ! Tu m’as fichu une frousse.

Valentine :  Alors ? QUI est cette Simone ?

Sylvain :     Simone ? Mais je n’ai pas dit Simone, j’ai dit… enfin je voulais dire... Si mon… intuition est bonne…c’est Valentine ! » mais tu ne m’as pas laissé le temps de finir.

Valentine :  C’est la vérité ?

Sylvain :     C’est la vérité ! (croisant les doigts dans son dos) je te le jure !

Valentine :  (se jetant dans ses bras) Pardonne-moi mon chéri !

Sylvain :     (la repoussant) Attention ! Si ta mère arrivait…

Valentine :  Maman ? Elle est au Kenya.

Sylvain :     Euh non ! Elle est partie mais elle est revenue. Voyage annulé. Je t’expliquerai tout ça plus tard.

Valentine :  Oui, plus tard ! Pour le moment (aguicheuse) j’ai d’autres choses en tête.

Sylvain :     Non, Valentine ! Ta mère…

Valentine :  Oh mais il faut savoir vivre dangereusement ! Et de toute façon,  demain, je lui dis tout.

Sylvain :     C’est ça ! Tu lui dis tout, et moi, je suis mort ! Parce que vous les corses, je commence à vous connaître. On vous ment, on est mort ! On vous dit une vérité qui ne vous plaît pas, on est mort aussi. Ca ne laisse pas beaucoup d’alternative.

Valentine :  Je ne veux plus vivre comme ça ! Etre obligée de nous cacher, non. Demain, je lui dis que Pierre et moi sommes séparés depuis un an, divorcés depuis trois mois et… que je t’aime.

Sylvain :     Et je suis mort !

Valentine :  Mais non, tu verras, maman est très compréhensive. Elle ne souhaite que mon bonheur et ne me refuse rien. D’ailleurs, rappelle toi quand je lui ai dit qu’elle devrait engager un employé de maison pour la soulager et que je connaissais justement quelqu’un qui lui conviendrait tout à fait, elle a dit oui tout de suite. Même si elle n’avait pas vraiment besoin de quelqu’un.

Sylvain :     Mais quand elle va apprendre qu’en vérité tu es amoureuse de cet employé, je ne suis pas certain que ça la fasse sauter de joie.

Valentine :  Tu te fais trop de bile. Embrasse-moi !

Sylvain :     Pas maintenant ! Pas comme ça ! Pas ici !

Valentine :  (s’approchant de lui,  très aguichante) Ah non ? Pas maintenant ?

Sylvain :     (troublé) Valentine, non…

Valentine :  Ah non ?

Sylvain :     (de plus en plus troublé) Oh Valentine !

Valentine :  Pas ici ?

Sylvain :     Oh Valentine !

Valentine :  Alors viens par là. (Elle l’entraîne derrière le bar)

Sylvain :     (excité maintenant) Oh Valentine !

Valentine :  (dos au spectateur) Ce sera : Maintenant ! Ici ! Et… (déboutonnant son corsage qu’elle tient grand ouvert devant lui) Comme ça !

Sylvain :     (très excité) Hum Valentine…

(On les voit descendre  derrière le bar quand Eve entre en robe de chambre)

Eve :                    Sylvain ! Sylvain !

Sylvain :     (se relève vivement mais on comprend vite qu’il se passe des choses à l’étage en dessous). Ou… oui… madame !

Eve :           Eh bien que faites-vous ?

Sylvain :     Euh… je remets en place deux ou trois trucs.

Eve :           J’ai oublié de vous dire que je prendrai mon petit déjeuner sur la terrasse demain matin !

Sylvain :     (Sylvain se tortillant en tous sens)  Non pas ça !...

Eve :                    Comment non ?

Sylvain :     (à Valentine) Arrête ! (à Eve) Heu… J’ai dit « bon » madame… pas « non » ! (à Valentine) Arrête ! Non…

Eve :           J’avais cru comprendre…

Sylvain :     non…

Eve :           Oui ! Donc, vous servirez mon petit déjeuner sur la terrasse.

Sylvain :     Oui… oh oui !

Eve :           (le regardant intriguée)

Sylvain :     OH OUI !

Eve :           Eh bien Sylvain,  c’est l’idée de préparer mon petit déjeuner qui vous procure autant de joie. Vous êtes sûr d’aller bien ?

Sylvain :     OH OUIIIII !

Eve :           J’en doute. Vous devriez allez vous coucher, vous paraissez… vidé. Bonne nuit Sylvain. (elle sort, Sylvain s’effondre sur le bar, Valentine « remonte »)

Valentine :  Eh bien mon p’tit père, on ne tient pas le choc ! Tu vieillis !

Sylvain :     Tu es folle ! Complètement folle ! Tu imagines si ta mère était venue jusqu’ici !

Valentine :  C’est ça qui est bon ! Le danger ça met du piment.

Sylvain :     Tu es folle… mais je t’aime !

Valentine :  Alors prouve-le moi ! (elle l’attire vers le bas)

ACTE 2

Scène 1 :    Eve -  Valentine - Sylvain

Le lendemain matin. Les volets sont ouverts. Eve en robe de chambre prend

le petit déjeuner sur la terrasse (dos à l’entrée de la maison).

Elle lit un journal, quand entre Valentine.

Valentine    - Bonjour maman !

Eve             - Valentine ma chérie !  Mais quand es-tu arrivée ?

Valentine    - Je voulais te faire la surprise. Je suis arrivée hier soir. Tu étais déjà couchée et je n’ai pas voulu te réveiller. Sylvain… s’est… occupé de moi.

Eve             - Sylvain savait que tu étais là ? Mais il ne m’a rien dit ce matin.

Valentine    - Il aura  voulu te laisser, lui aussi, la surprise. 

Eve             - Certainement ! Bref !  Et comment va mon gendre unique et préféré ? Il dort encore ?

Valentine    - Qui ?

Eve             - Eh bien Pierre ! Ton mari !

Valentine    - Ah oui ! Pierre, mon mari. Euh… non… enfin,  il n’est pas là.

Eve             - Pas là ! Encore une fois tu es venue seule ! Cela fait des mois qu’il n’est pas venu. Je te l’ai déjà dit, il travaille trop.

Valentine    - Justement, je voulais te parler maman. Pierre et moi…

Elle est interrompue par Sylvain.

Sylvain        - Bonjour Mademoiselle Valentine. C’est une bonne surprise de vous voir Mademoiselle Valentine. Quand êtes vous arrivée ?

Eve             - (d’un ton froid) Inutile de jouer la comédie Sylvain. Valentine m’a tout dit.

Sylvain        - (affolé) Tout ? Déjà ? Et… enfin je veux dire… (d’une petite voix) et comment le prenez-vous ?

Eve             - Vous êtes un drôle de petit cachotier Sylvain.

Sylvain        - (gêné) Oh…

Eve             - (redevenant souriante) Mais je vous remercie.

Sylvain        - Pardon ?

Eve             - C’est une bonne surprise.

Sylvain        - Ca alors ! Si j’avais su que… J’avoue que je craignais un peu la réaction de Madame.

Eve             - Enfin Sylvain, il n’y a pourtant pas de quoi. Vous avez commis un petit mensonge par omission. Pas de quoi fouetter un chat.

Sylvain        - Ah bon ! Je suis bougrement soulagé. (il boit le jus d’orange de Eve)

Eve             - Remettez-vous Sylvain. Ce n’est pas une affaire d’état que de ne pas m’avoir dit que Valentine était arrivée hier soir.

Sylvain        - Hein ?... Que… Ah c’est ça la bonne surprise ! L’arrivée de  Valentine… Et je  croyais que…

Eve             - Que quoi ?

Sylvain        - Hein ? Non rien madame !

Eve             - Décidément, je vous trouve très étrange Sylvain. Mais j’y pense ! Comment se fait-il que tu sois venue alors que tu savais que je devais partir en voyage ?

Valentine    - Euh… C'est-à-dire que…

Sylvain        - Eh bien, en fait… la venue de Mademoiselle Valentine était prévue depuis quelques temps. Elle avait envie de venir pour se reposer. Et elle savait qu’en vous le disant, vous auriez renoncé à votre voyage. Voilà !

Valentine    - (aparté) Merci !

 Eve            - Ah ! Parce que vous étiez dans la confidence Sylvain ! Alors comme ça, vous me faites des cachoteries tous les deux ! Quoi qu’il en soit, je vous remercie tout de même de m’avoir gardé la surprise en ne me disant pas que vous aviez vu Valentine hier soir.

Sylvain :     Oh, je l’ai vu, je l’ai vu… Pas longtemps. (regard à Valentine) Elle s’est couchée très rapidement.

Eve             - Sylvain, voudriez-vous servir un petit déjeuner à Valentine.

Sylvain        - Bien madame. (il s’éloigne)

Eve             - Alors Valentine, il me semble que tu voulais me parler.

Entendant cela, Sylvain s’arrête.

Valentine    - Oui maman. Voilà, je…

Sylvain        - Vous prendrez bien un petit déjeuner ?

Valentine    - Mais oui, maman vient de vous demander de me servir.

Sylvain        - Ah oui, c’est vrai !

Valentine    - Voilà maman…

Sylvain        - Thé ou café ?

Valentine    - Thé ! Comme d’habitude. Maman, il faut que…

Sylvain        - Jus d’orange ?

Valentine    - Oui, merci ! Maman…

Sylvain        - Pain ou croissant ?

Valentine    - Pain ! Mam…

Sylvain        - Beurre ou confiture ?

Eve             - Mais enfin, ca suffit Sylvain ! Valentine a semble-t-il des choses importantes à me dire. Alors allez préparer son petit déjeuner et fichez-nous la paix.

Sylvain        - Je souhaitais tout simplement savoir ce que Mademoiselle Valentine désirait.

Eve             - Amenez tout ce qu’il y a ! Thé, café, chocolat, jus d’orange, jus de tomate, jus de navet, pain, croissant, brioche, beurre, confiture, pâté, jambon, œufs, fromage, tout ! Mais-fi-chez-nous-la-paix !

Sylvain        - Bien madame !

Sylvain s’éloigne mais avant de sortir, on le voit prendre son téléphone

portable et composer un numéro. Le téléphone intérieur sonne.

                                                                 

 Sylvain rentre dans la maison

Eve             - Alors ma petite, qu’as-tu d’aussi important à me dire ?

Valentine ouvre la bouche, Eve l’interrompt.

Eve             - Non, ne me dis rien, je sais !

Valentine    - Tu sais ?

Eve             - Tu es enceinte ! C’est ça hein ?

Valentine    - Mais…

Nouvelle interruption de Sylvain qui amène le téléphone à Valentine.

Sylvain        - Téléphone pour vous. C’est votre MARI ! Il voudrait savoir si vous avez fait bonne route.

Valentine    - Mon mari ? Ca m’éton…

Sylvain        - Répondez !

Il donne le téléphone à Valentine et rentre. On le verra réapparaitre à une

fenêtre.

Valentine    - Allô !... Allô ?...

Sylvain        - Valentine, c’est moi Sylvain ! Ne parle pas et écoute moi. Tu ne dois rien dire pour le moment à ta mère. Je t’expliquerai pourquoi plus tard. Promis ?

Valentine    - Euh… oui, promis !

Eve             - Dis lui que je le félicite et que je l’embrasse.

Valentine    - Maman te félicite et t’embrasse !

Sylvain        - Elle m’embrasse ? Qu’est ce qui lui prend ?

Valentine    - Pas toi ! Mon mari !... Euh… Si TOI ! MON MARI ! Elle t’embrasse mon MARI !

Sylvain        - Ah ! Alors je l’embrasse aussi. (Sylvain raccroche et en aparté)

                   Ouf ! Sauvé pour le moment. Reste à trouver une explication. Quel merdier ! Mais quel merdier ! (il sort)

Scène 2 : Eve -  Valentine - Sylvain

Eve             - Comment va-t-il ?

Valentine    - Il t’embrasse aussi.

Eve             - Dommage qu’il n’ait pas pu venir. On aurait fêté l’évènement ensemble.

Valentine    - Quel évènement ?

Eve             - Mais enfin, ta grossesse ! C’est merveilleux.

Valentine    - Maman ! Je ne suis pas enceinte.

Eve             - Ah bon ? J’avais cru que… Oh quel dommage. !

Valentine    - Désolée de te décevoir.

Eve             - Mais alors, si tu n’attends pas un bébé, de quoi voulais-tu me parler ?

Valentine    - De… eh bien… oh rien d’important ! Euh… je voulais te dire que… j’ai changé de travail. Ou plutôt, j’ai arrêté de travailler.

Eve             - Ah bon, tu ne diriges plus la société avec ton mari ?

Valentine    - Heu… non, j’en avais marre ! Passer toute la journée au travail avec son mari, et le soir se retrouver à nouveau en tête à tête, je te laisse imaginer les conversations. Pas très romantique de parler boulot à la maison.

Eve             - Oui je comprends. Tu as retrouvé quelque chose ?

Valentine    - Pour l’instant rien ! Mais j’ai des idées.

Eve             - Alors tu es en vacances. Tu vas pouvoir rester un peu.

Valentine    - J’ai tout mon temps.

Eve             - Formidable ! Par contre, je crains que tu ne puisses pas te reposer comme tu l’aurais souhaité.

Valentine    - Oui, je sais, Sylvain m’a mise au courant pour les invitations       

Retour de Sylvain avec le petit déjeuner de Valentine.

Sylvain        - Mademoiselle  est servie ! Si vous avez besoin de moi, je suis en cuisine.

Valentine    - Attendez Sylvain ! Je te laisse maman, tu as certainement plein de choses à faire. (à Sylvain) Montez mon petit déjeuner dans ma chambre.

Sylvain        - Bien Mademoiselle !

Valentine    - Et puis j’ai deux trois petites choses que je voudrais voir avec vous.

Sylvain        - Encore ! (en aparté) Quel tempérament ! (fort) Euh… madame sait-elle quand doivent arriver ses amis

Eve             - Ils devraient être là dans la matinée.

Sylvain        - Et… votre amie Simone également ?

Eve             - Simone n’habitant pas très loin, je pense qu’elle sera là la première. Pourquoi ces questions ?

Sylvain        - C’est… pour savoir… pour le déjeuner.

Eve             - Comptez sur tout le monde. Maintenant je dois m’habiller. Ils vont rentrer dans la maison quand sortent les Pouchard

Scène 3 : Eve – Valentine – Sylvain – Jean Claude – Arlette

J-Claude     - Salut la compagnie ! (voyant Eve) Tiens, elle est encore là la toquée ? ! Alors mamy, on a toujours pas r’trouvé la route. (voyant Valentine) Oh mais que vois-je ? Y’a d’la viande fraiche !

Arlette         - Ca doit être vous la copine du baron !

Valentine    - Du baron ?

Eve             - Je vous présente Valentine, ma fille !

J-Claude     - Vot’ fille ! Ah j’comprends, elle est venue vous r’chercher.

Eve             - Mais, que dit-il ?

Sylvain        - Ne faites pas attention, je pense que le soleil corse a tapé un peu trop fort pour ces pauvres continentaux. Je m’occupe d’eux madame.

Eve             -  Alors à tout à l’heure ! (elle sort)

Valentine    - J’y vais aussi ! Sylvain, n’oubliez pas que je vous attends.

Sylvain        -  J’arrive tout de suite.

Valentine    - (à Sylvain, désignant JC) Je n’aime pas du tout la façon dont il me regarde celui là ! Il a un regard de crapaud lubrique. (elle sort)

Sylvain        - Monsieur Plouchard, je suis dans une situation très embarrassante. Je pense qu’il vaudrait mieux que vous repartiez. Je vais vous rembourser intégralement votre location et vous pourrez vous trouver un petit hôtel sympa.

J-Claude     - Quoi ? Repartir ! Non mais t’as l’ciboulot qui tourne pas rond baron ! Tu crois qu’on s’est tapé tout ce chemin pour repartir aussitôt. Pas question ! On a payé une location pour quatre semaines  et on restera quatre semaines. Quoi qu’il arrive !

Sylvain        - Quoi qu’il arrive ?

J-Claude     - Quoi qu’il arrive !

Sylvain        - Bien ! Alors je ne vous demande qu’une chose : n’être étonné de rien. Maintenant si vous voulez bien m’excuser, j’ai à faire.

Arlette         - Et pour le petit déjeuner ?

Sylvain        - Si vous étiez seuls, comment feriez-vous ?... Eh bien faites comme si ! (il sort)

Arlette         - Ben qu’est ce qu’il lui prend au baron ?

J-Claude     - Tu sais, c’est comme ça les gens d’la haute. Faut toujours qu’y dédaignent le p’tit peuple.

Scène 4 : Jean Claude – Arlette – Robert – Josiane

OFF chanté         - 32 km à pied ça use, ça use ! 32 km à pied, ça use les souliers (etc..)

J-Claude     - T’entends Letette ?

Arlette         - C’est Robert et Josiane !

OFF           - Tiens c’est là ! (ils entrent. Tenues de randonneurs, sacs à dos, cannes, etc…)

Robert        - Salut la compagnie ! (embrassades)

Josiane       - Ben dis donc, pour trouver c’est pas d’la tarte.

Robert        - Oh toi, tu t’perdrais dans les cabinets. Dis donc la baraque !

J-Claude     - Ouais, ça en jette hein !

Robert        - Un peu mon n’veu !

Josiane       - (s’assoit) Je suis claquée ! Et pis j’ai mal aux pieds.

Robert        - Ben évidemment. Avec des godasses neuves. Faut jamais marcher avec des godasses neuves. Faut attendre qu’elles se fassent.

Josiane       - Ah oui, rigolo, et si tu les mets pas pour marcher, comment tu veux qu’elles se fassent ?

Arlette         - C’est vrai ça !

J-Claude     - T’en mêle pas Lelette. T’en mêle pas. Alors comment qu’c’est y qu’ça va ? T’es r’mis de ton plongeon. Oh le con ! Qu’est ce que j’me suis marré.

Robert        - Eh ben c’est déjà ça !

Josiane       - Vous auriez peut être pu dire au chauffeur du bateau d’nous attendre.

Arlette         - Moi j’pouvais pas. A peine le bateau à bougé que j’commençais à vomir.

J-Claude     - Et pis t’arrêtes pas un bateau comme ça. Une fois qu’c’est parti, c’est parti.

Arlette         - Le principal, c’est  qu’vous soyez là.

Robert        - Alors, où c’est y qu’on s’pose ?

Entrée de Sylvain.

J-Claude     - Vous arrivez bien baron ! Nos potes sont arrivés.

Sylvain        - Je vois. Monsieur, Madame ! Vous leur avez expliqué la situation ?

J-Claude     - Non pas encore ! J’allais l’faire.

Sylvain        - Alors si vous permettez je le ferai moi-même, c’est plus sûr. Madame, Monsieur, si vous voulez bien me suivre, je vais vous montrer votre chambre.

Josiane       - T’as vu ça Roro ! Y’a même un larbin compris dans la location. C’est pas toi qui s’rait capable d’moffrir ça. (regardant jean Claude) La classe J-C ! La grande classe ! (ils rentrent)

Scène 5 : Simone – Jean Claude – Arlette – Eve

Arlette         - Dis J-C ! J’aime pas bien la façon qu’elle a eu de te r’garder la Josiane. Elle et toi, y’aurait pas…

J-Claude     - Oh qu’est ce que tu vas chercher !

Arlette         - Fais gaffe ! J’t’ai à l’œil.

Simone entre par le portillon

J-Claude     - Allons bon ! Qu’est ce que c’est encore que ça ?

Arlette         - Tu parles d’une villa paisible. C’est pire que les Galeries Lafayette un premier jour de soldes.

Simone       - Bonjour ! Je suis bien chez Eve ?

J-Claude     - Eve ? Ah non, faites erreur ma p’tite dame ! Ici c’est chez l’baron.

Simone       - Pourtant il y a bien marqué « Villa que du bonheur ».

J-Claude     - Ouais, c’est ça ! « Villa  que du bonheur » ! Mais c 'est chez l’baron Sylvain.

Simone       - (pleurant) Sylvaiiiiin !

Arlette         - Ben qu’est ce que c’est qui vous arrive ? Z’avez pas l’air au mieux de votre forme.

J-Claude     - (appréciant Simone) Quoi que pour les formes…

Retour de Eve

Eve             - Simone ? C’est toi Simone ?

Simone       - C’est moi !

Eve             - Quel plaisir de te revoir !

Simone       - (se mettant à pleurer à nouveau) Moi aussiiiii ! (elle tombe dans les bras de Eve)

J-Claude     - Et c’est r’parti !

Arlette         - On voit qu’elle est heureuse de la retrouver !

Eve             - Eh bien ! Eh bien Simone ! Que t’arrive t-il ?

Simone       -  Je suis malheureuse,  humiliée et très en colère.

Eve             - Tu vas me raconter tout ça !

J-Claude     - Oui, vous allez nous raconter tout ça ! (Eve l’emmène s’asseoir, JC s’empresse de l’aider à supporter Simone. Mains baladeuses)

                   On sent qu’vous êtes nouée ! Tenez, assoyez-vous ! (il s’assied également, collant Simone. Simone est dos à l’entrée de la maison)

Arlette         - Jean Claude ! Tu crois pas qu’ t’es un peu en trop ?

J-Claude     - J’vois pas pourquoi ! Si j’peux aider Simone ! Tu sais comment qu’je suis ! Toujours prêt à donner un coup d’main. Allez-y Simone ! Laissez-vous aller ! Confiez-vous  à tonton JC.

Arlette         - Pour les coups de mains… baladeuses, c’est sûr que t’es expert. T’as pas honte ? Comment qu’tu t’comportes ? Profiter du chagrin d’cette pauv’ femme pour lui faire du rentre dedans. « Tenez, assoyez-vous ! » « Oh, on vous sent toute nouée » Et que j’en profite pour te tripoter. Gros cochon !  Tu m’dégoutes ! (elle rentre dans la maison)

J-Claude     - (la suivant) Mais enfin Lelette ! Mon p’tit poussin ! Qu’est ce que tu vas imaginer. (il rentre) OFF Comme si c’était mon genre de… (on entend un bruit de gifle)

Scène 6 : Eve – Simone – Sylvain

Simone       - C’est qui ces gens là ?

Eve             - Rien, je t’expliquerai. Mais toi, tu n’as pas l’air bien.  Tu veux me raconter ? Ca te fera du bien de parler ! Je vais demander qu’on te serve un remontant. (appelant) Sylvain !

Simone       - (pleurant de plus belle) Sylvaiiiiiiiin !

Eve             - Si on ne peut pas dire deux mots sans que tu t’effondres, ça ne va pas être facile.

Simone       - Excuse-moi Eve. Mais ce prénom… si tu savais.

Eve             - Sylvain ? C’est le prénom de mon employé de maison. (elle appelle) Sylvain !... mais où est-il passé ?

Simone       - (devenant froide) Sylvain, c’était le prénom de ce salaud ! (pleureuse)  Il est partiiiiiiii ! (froide) Mais je le retrouverai.

Eve             - Ah je comprends maintenant.

Simone       - Je l’ai rencontré il y a deux ans. Il était… ah, il était…

Eve             - Bon il était. Et après ?

Arrivée de Sylvain

Sylvain        - Madame m’a ap…. oh merde Simone ! (il fait demi tour)

Eve                       - Mais Sylv… Il a du oublier quelque chose. Alors Simone, ton Sylvain ?

Simone       - Ca a été une grande histoire d’amour ! Enfin pour moi. Surtout que c’était la première fois que…

Eve             - La première fois que... Non ? A ton âge ? Tu n’avais jamais…

Simone       - Non !

Eve             - Mais, jamais… jamais rien ?

Simone       - Non ! Rien !

Eve             - Mais pourquoi… enfin comment… enfin je veux dire, tu es plutôt pas mal.

Simone       - Tu as connu ma famille. Pas de ça avant le mariage. On ne rigole pas avec ça chez les Concalvi. Et puis, je n’avais guère le temps de penser à ça. Tu sais que mon père avait une petite entreprise de confection.

Eve             - Oui je me souviens, comment va-t-il ?

Simone       - Il est décédé il y a quelques années.

Eve             - Oh zut ! Désolé, je ne savais pas. Sais-tu que ma fille et son mari sont eux aussi sont dans la confection ? Vous pourrez parler du métier. Mais je t’ai interrompue, tu disais ?

Simone       - Mon père étant très malade, il m’a confié l’entreprise. C’est comme ça que j’ai rencontré Sylvain. Il était commercial. Représentant en tissus. Très efficace et beaucoup de charme. Oh j’aurais dû me méfier, il était beaucoup plus jeune que moi, mais je suis tombée amoureuse dès que je l’ai vu. On s’est fréquenté pendant presque un an et nous nous entendions bien. On avait les mêmes idées sur beaucoup de choses. On parlait, de tout, de rien. C’était bien !

Eve             - Ah oui, mais tu sais… parler, pour un homme… ça ne suffit pas.

Simone       - Oui j’ai compris ! Un jour j’ai pris une grande décision, celle de… enfin… de me donner à lui. Et tant pis pour ce que penserait ma famille. Je l’aimais. J’étais toute heureuse à l’idée de lui annoncer cette grande nouvelle. (elle s’enflamme tout à coup et va aller crescendo) Que j’allais enfin pouvoir lui appartenir. L’embrasser à pleine bouche de mes lèvres chaudes. Parcourir de mes mains caressantes sa peau douce et parfumée. Lui offrir mon corps brulant de désir. Je lui aurais fait...

Eve             - Simone ! Simone ! Je crois que tu… enfin, on peut, peut-être passer les détails.

Simone       - Excuse-moi ! (redevenant froide) Quand je suis arrivé chez lui, il n’était pas là. Il y avait un mot sur la porte. « Voir la concierge ». J’y suis allée et elle m’a donnée une lettre. (pleurs) de ruptuuuuuuure !... (très froide) Il avait rencontré quelqu’un d’autre le salaud.

Sylvain revient, il est déguisé en soubrette, avec des lunettes noires.

Sylvain        - Madame.

Eve             - (ne le reconnaissant pas) Mais… qui êtes-vous ?

Sylvain        - Votre employé Madame !

Eve             - Sylvain ! Qu’est ce qui vous prend ? Vous êtes tombé sur la tête ?

Sylvain        - Euh.. non… c'est-à-dire que… c’est… la tradition.

Eve             - La tradition ? Quelle tradition ?

Sylvain        - Euh… une tradition… de chez moi. Oui… euh… chaque première semaine d’août, chez moi, on se déguise.

Eve             - Ah bon ? Je n’ai jamais entendu parler de cette tradition.

Sylvain        - Madame désirait ?

Eve             - Servez-nous un petit alcool. Mon amie en a bien besoin.

Simone       - Je ne bois jamais d’alcool. Mais je prendrais bien un whisky… sec… double.

Eve             - Alors… deux whiskies Sylvain, dont un normal. Nous les prendrons dans le salon. (à Simone) C’est climatisé. Et puis ça tombe bien que tu sois là. Figure-toi qu’un vieil ami doit arriver très bientôt. Il va te plaire, j’en suis sûr.

Simone       - Oh moi en ce moment, rien ne m’intéresse. A part… le retrouver et lui faire comprendre qu’on ne fait pas ça à une Concalvi.   (grimace de Sylvain qui va les suivre quand sortent Robert et Josiane)

Scène 7 :    Sylvain - Robert – Josiane

Sylvain        - Vous sortez ?

Robert        - Ouais ! On va marcher, vu qu’on est là pour ça ! C’est par où que c’est l’mieux ?

Sylvain        - Prenez à gauche en sortant. Faites environ 2 km et vous trouverez un chemin de randonnée fléché.

Josiane       - Ah non, nous on préfère le hors piste. C’est bien mieux.

Sylvain        - Comme vous voulez. Alors prenez le maquis, mais faites attention de ne pas vous perdre.

Robert        - Pas risque, on a une boussole.

Sylvain        - A quelle heure pensez-vous rentrer ?

Josiane       - Ca ! On sait quand on part, mais on sait jamais quand on rentre. Vous occupez pas d’nous. On s’débrouillera.

Robert        - Ouais, on est capable de vivre en otarie.

Josiane       - En autarcie imbécile ! Allez marche.

Ils partent en chantant « 1 km à pied… »

Sylvain rentre.

Scène 8 :  Francis – Cody - Sylvain

Arrivée au portillon de  Cody et Francis.

Francis       - Il y a bien longtemps que je n’avais pas remis les pieds ici mais ça n’a pratiquement pas changé. En fait, je ne suis pas venu depuis… eh bien depuis le mariage de  Eve et Charles.

Cody           - Vous vous connaissiez bien ?

Francis       - Charles, très peu ! Il faut dire que je ne l’appréciais pas beaucoup.  Non, je connaissais surtout Eve. Nous avons fait nos études ensemble.

Arrivée de Sylvain toujours habillé en femme

Sylvain        - Madame, Monsieur !

Francis       - Francis de Soulignac ! Je suis attendu. Voulez-vous faire savoir à votre maitresse que je suis arrivé.

Sylvain        - Tout de suite Monsieur  (il rentre maison)

Scène 9 :  Francis – Cody – Eve –  Simone

Francis       - (voyant Eve qui arrive avec  Simone) Eve ! Très chère amie !

Eve             - Francis ! Quel plaisir de vous revoir. Je vous présente Simone, une amie d’enfance qui est arrivée il y a peu. Pas en forme la pauvre, problèmes de cœur.

Francis       - Je vais la dérider, ne vous inquiétez pas. Vous savez quel boute-en-train je peux être.

Cody           - (se détachant de Francis et en aparté) Eh ben dis donc ! Si c’est lui qui assure l’ambiance, on va pas se démonter la mâchoire  en riant.

Francis       - N’est ce pas chère Eve que je peux être très drôle quand je veux.  A propos,  comment va votre  époux ?

Eve             - Charles  ? Mais… Francis… il est décédé…

Francis       -  Ah oui, c’est vrai ! J’oublie souvent que les gens sont morts. C’est incroyable le nombre de personnes que j’ai pu ressusciter. Mais alors, vous êtes seule, comme ce doit être triste.

Eve             -   Tu ne me présentes pas ton amie ?

Francis       - Hein ? Ah oui !  Eve je vous présente Cody.

Cody           -  J’suis sa petite amie.

Eve             - Enchantée Cody et bienvenue.

Scène 10 : Eve – Simone – Francis – Cody –  Sylvain - Valentine

Entrée de Valentine

Eve             - Ah ma chérie te voilà. Viens que je fasse les présentations. Mes amis je vous présente Valentine, ma fille. Le rayon de soleil de ma vie.

Francis       - Rayon de soleil, je comprends. Elle est éblouissante. (Cody l’agrippe par le bras)

Cody           - N’oublie tout de même pas que je suis là.

On entend soudain des cris. Arlette sort de la maison en soutenant Jean

Claude qui se tient la mâchoire.

Arlette         - Non mais ça va pas ! Elle est pas bien celle là.

Eve             - Mais que se passe t-il ?

J-Claude     - C’est la bonniche ! J’sais pas c’qui lui a pris, mais elle a une sacrée droite.

Arlette         - Elle a agressé JC comme ça, sans raison.

Sylvain        - (sur la porte de la maison)  Sans raison !!!  Peut être considérez-vous que se faire mettre la main aux fesses n’est pas une raison suffisante. Moi si !

Arlette         - Quoi ? Tu lui  as passé la main au dargeot ?

J-Claude     - Moi ? Mais non ! Elle raconte n’importe quoi la bonniche.

Eve             - Pour votre information, la bonniche en question, c’est Sylvain !

Arlette         - Le baron ? Ben merde ! Il en est ou quoi ?

J-Claude     - J’ai… j’ai peloté l’baron ! Bah j’me dégoute.

Arlette         - Moi aussi, tu me dégoutes !  On venait à peine de s’ réconcilier sur l’oreiller que tu r’mets ça ! C’en est trop ! Tu vas me le payer Plouchard  (elle rentre maison)

J-Claude     - Mais, mon oiseau des iles, tu ne peux pas… S’cusez M’sieurs dames, la v’la qui m’fait une crise de jalousie. Quand elle m’appelle Plouchard, c’est pas bon signe. Faut qu’j’aille encore y causer sur l’oreiller. (en rentrant) Mon p’tit cœur attend.

Francis       - Eve, mais qui sont ces… gens ?

Eve             - Ce n’est rien je vous expliquerai. Mes amis, la villa « Que du bonheur » est heureuse de vous accueillir. Je vous souhaite un agréable séjour et si vous voulez profiter de la piscine, n’hésitez pas, elle est sur la terrasse, derrière la maison. Sylvain, voulez-vous bien nous apporter du champagne. Il faut fêter ces retrouvailles. Et puis enlevez ce déguisement ridicule.

Sylvain        - Bien Madame ! (il se retourne pour rentrer dans la maison, Simone lui bloque le passage)

Simone       - Surtout que tu n’en n’as plus besoin, je te reconnaitrais sous n’importe quel déguisement. Sylvain le beau parleur. Sylvain le menteur. Mais tu vas connaître ce dont est capable une Concalvi.

Sylvain        - (faussement surpris) Oh Simone ! Je ne t’avais pas reconnue. Qu’est ce que tu fais là ?    

Possibilité d’utiliser, si elles existent, les différentes portes de la salle.

La scène se passera devant le rideau fermé.

Josiane off - Moi j’te dis qu’c’est pas par là ? Entrée de Robert et Josiane

Robert        - Mais si ! La boussole indique le Nord par là ! Alors forcément, nous on va à l’opposé.

Josiane       - Au Sud ?

Robert        - Ben ouais le Sud c’est l’opposé du Nord !

Josiane       - Mais, t’es sûr qu’y faut aller au Sud ? Moi j’aurais plutôt dit à l’Ouest.

Robert        - A l’Ouest ! C’est toi qu’est complètement à l’Ouest ma pauv’ Josiane. Quand tu regardes une carte de France, la Corse, c’est où ? Hein ? C’est où ?

Josiane       - Ben… en bas !

Robert        - Et voilà ! En bas ! Et le bas c’est… le sud ! Donc on va au Sud ! Logique. Allez avance.

Josiane       Ben oui mais… au Sud de quoi ? Ca dépend d’où qu’t’es ! Parce que si t’es déjà tout en bas de la carte, tu peux pas aller plus bas, vu qu’t’es au bout du bas.

Robert        - Ouais mais là, on n’est pas au bout du bas vu qu’on peut encore avancer. Si qu’on était au bout du bout du bas. On pataugerait dans la mer. Alors si on peut avancer c’est qu’on est bon. Allez avance. (il sort de scène – ou de la salle)

Josiane       - (Après réflexion) Ouais mais quand même, moi j’ai des doutes. (elle le suit)

                  

ACTE 3

Scène 1 :    Tous

La fin du repas, table avec tasses à café. A table sont assises : Eve – Simone –

 Arlette qui jouent au scrabble.  Au  bar : Francis et Valentine. Dans un

 fauteuil Cody.  Jean Claude sert deux verres au bar. Sylvain débarrasse la

 table en jetant des coups d’œil à Simone qui ne le quitte pas des yeux.

Francis       - (à Valentine) Voyez-vous ma petite Valentine, vous permettez que je vous appelle par votre prénom…

Valentine    - Mais je vous en prie !

Francis       - Alors ne faisons pas de chichi. Je vous appelle Valentine et vous m’appelez  Francis.

J-Claude     - Ouais, moi c’est pareil ! Vous pouvez m’appeler Francis… euh non,  Jean-Claude, vu que j’m’appelle Jean-Claude.

Francis       - (l’ignorant) Donc, chère Valentine, comme je vous le disais, je ne suis parti de rien. Je me suis fait tout seul…

J-Claude     - Moi pareil ! Tout seul que j’me suis fait.

Francis       - Et aujourd’hui je peux dire que j’ai réussi. (Jean-Claude avec les verres, va s’asseoir près de Cody) Je suis à la tête de plusieurs très grandes entreprises, je dirige des dizaines de milliers de personnes. (le reste sera en sourdine  pendant que…)

J-Claude     - (à Cody, montrant Francis) C’est vot’ mec ?

Cody           - Disons que… je suis sa compagne du moment.

J-Claude     - Ouais j’comprends ! J’ai bien vu, pendant le r’pas, qu’y avait un truc qui collait pas entre vous! Pas fou l’ JC.

Cody           - Qu’est ce qui vous fait dire ça ?

J-Claude     - Y vous a quasiment pas adressé la parole. Faut dire qu’il était trop occupé à faire le beau devant la p’tite. Les seules fois qu’il a levé les yeux de son décolleté, c’était pour vous faire une remarque désagréable

Ils sont interrompus par Eve.

Eve             - J’ai gagné ! 435 points. Simone 272 ! Arlette 62.

Arlette         - Super, j’ai battu mon r’cord !

Eve             - Si nous allions faire une petite promenade digestive. (aux autres)  Vous nous accompagnez ?

Francis       - Moi, la marche…

Valentine    - Non merci, il fait trop chaud.

J-Claude     - Moi non plus. Je cause avec Cody.

Simone       - Euh… je vais m’abstenir également, et aller me reposer un peu. Excuse-moi Eve. (elle rentre dans la maison)

Eve             - Alors à plus tard. Ah, au fait, ce soir il y a repas dansant au village, et feu d’artifice. Je me suis permise de réserver une table. Ce soir, les amis, on fait la fête ! Départ à 20 h 30.  

Eve et Arlette sortent par le portillon. Jean Claude entraine Cody vers la table.

Scène 2 :    Jean Claude – Cody – Francis - Valentine

Les conversations reprennent

J-Claude     - Cody j’espère que vous m’accorderez une danse ce soir.

Cody           - Si Francis me l’autorise, je ne dis pas non.

J-Claude     - Ah bon ! Parce qu’y vous faut son autorisation pour danser.  Eh

ben ! Si je peux vous dire un truc, j’arrive pas à comprendre comment une belle nana comme vous peut être avec un type comme lui. C’est pas à moi qu’ça arriverait.

Cody           - Vous voulez que je sois franche. Ce que j’aime en lui, c’est l’épaisseur de son portefeuille. Et je n’ai aucun scrupule.

J-Claude     - J’m’en doutais ! Je m’disais : c’est pas possible ! Alors qu’y a des tas de mecs bien, comme moi par exemple, c’est pas possible qu’une femme soye attirée par un mec  pareil. Et lui qui doit penser que vous êtes en extasie devant lui. Oh le con !

Cody           - Là, vous faites erreur. Il sait très bien pourquoi je suis avec lui. Mais il s’en fiche. Le fait de s’afficher avec « une belle nana » comme vous dîtes, fait partie de sa réussite. Ce qui est important c’est ce que voient les autres. Son tas de fric, sa superbe maison, sa sublime voiture, son magnifique yacht, et sa « belle nana ». Mais je ne me fais aucune illusion, s’il en trouve une plus jeune et plus jolie qui s’intéresse à lui, je peux faire ma valise. Alors avant, j’en profite !

J-Claude     - Et vous avez bien raison ! Bien fait pour lui. Vous voulez un autre verre ? (elle fait signe que oui. Jean Claude va au bar)

Francis       -… Et je ne vous parlerai même pas du yacht que je viens d’acheter. Oui, vraiment une belle réussite mais je n’en tire aucune fierté. Non, j’ai juste la satisfaction toute personnelle d’être parti de rien, du bas de l’échelle et d’avoir gravi un à un les échelons pour arriver au sommet.

Valentine    - C’est impressionnant !

J-Claude     - Non moi ça m’impressionne pas. Moi j’aurais pu faire pareil.

Francis       - (ironique) Ah oui ? Que faites-vous ? Etes-vous dans les affaires ?

                   Cela m’étonnerait, on ne s’est jamais rencontrés et pourtant je connais le gratin du monde des affaires.

J-Claude     - Holà faut pas s’emballer Francis. J’ai pas dis qu’on était pareil, j’ai dit que j’aurais pu faire pareil. Partir du bas l’échelle pour arriver au sommet. Mais le problème c’est que… j’ai pas trouvé l’échelle. (Les filles rient. Francis aussi mais on sent son rire crispé)

Francis       - Mais vous êtes un comique, vous !

Valentine    - Cody, si nous allions faire un plongeon dans la piscine.

Cody           - Avec grand plaisir !

J-Claude     - J’vais viendre aussi ! Le temps de finir mon verre, de r’trouver mon maillot et j’arrive. Si vous connaissiez par Tarzan vous allez faire sa connaissance.

Valentine    - Prenez votre temps ! Tenez un peu compagnie à Francis. (elles

rentrent dans la maison, ils les regardent partir. On aperçoit Simone qui

écoute par la fenêtre)

J-Claude              - Belle  pouliche la Valentine !

Francis       - Pardon ?

J-Claude     - Je voulais dire : Y’a du matos !

Francis       - Je n’ose comprendre.

J-Claude     - Allez, faites pas la vierge effarouchée. J’ai bien vu comment qu’vous la matiez la p’tite.

Francis                - Euh oui, bon ! A part ça, cher ami, que faites-vous dans la vie ?

J-Claude     - Je bosse  chez Moulboule !

Francis       - Chez ?

J-Claude     - Moulboule ! Enfin c’est comme ça qu’on appelle la boite. On fabrique des sous-vêtements pour homme. C’est pour ça !  Moulboule ! Mais en vrai c’est Doulinge.

Francis       - Ah, Doulinge ! Je connais.

J-Claude     - Ah ouais ?

Francis       - Bien sûr, j’en suis l’actionnaire principal et  majoritaire.

J-Claude     - L’actio… Ben merde alors ! Alors comme qui dirait que c’est vous l’big boss.

Francis       - C’est cela oui ! En quelque sorte, vous m’appartenez.

J-Claude     - Ooooh Monsieur le Directeur ! Qu’est ce que j’ai bien d’l’honneur… Holalalalala ! Quand j’vais dire ça aux copains chez Moulb… chez Doulinge, y vont jamais m’croire.

Francis       - Je dois d’ailleurs me rendre très prochainement dans l’entreprise. Entreprise avec laquelle nous avons quelques soucis.

J-Claude     - Ah ouais ? J’espère bien que si on s’voit vous viendrez m’serrer la pince. Les potes, y vont en avoir les yeux qui tombent. Mais c’est quoi les soucis qu’vous causez ?

Francis       - Disons que…  les résultats ne sont pas ce qu’ils devraient être. Il faut recadrer tout ça. Il semblerait que votre directeur soit…

J-Claude     - Un peu mou du genou.

Francis       - Voilà c’est ça !

J-Claude     - Ca m’étonne pas. Ca fait longtemps que j’le dis qu’c’est pas normal. Il passe plus de temps à jouer au golf que dans son bureau. Faut faire que’que chose.

Francis       - Ne vous inquiétez pas, ce sera fait. Mais pour l’instant, nous sommes en vacances, alors parlons d’autre chose.

J-Claude     - Ouais ! Vous avez raison. Au fait, j’ai une question qui me turlupine le cheval. Vous trouvez pas bizarre c’qui s’passe ici ?

Francis       - De quoi parlez-vous ?

J-Claude     - Eh ben, la vieille toquée, Eve, qui s’croit chez elle et qui commande le baron comme un larbin. Et pis lui, y dit rien.

Francis       - Eve qui se croit chez elle ? Mais elle EST chez elle, et depuis de nombreuses années. Et je vous interdis de traiter Eve de vieille toquée. Eve est une amie de longue date pour qui j’ai beaucoup d’affection et…

J-Claude     - Attendez, attendez ! Si j’comprends bien, Eve est la proprio ? Moi j’croyais qu’vous étiez un pote du baron mais en fait vous êtes un pote de Eve.  Mais alors le Sylvain ?

Francis       - Il est à son service !

J-Claude     - Ooooh l’enfoiré ! Oooooooh l’enfoiré ! Y s’est bien payé ma tête ! Faut qu’ je r’négocie notre petite affaire. Les vacances, c’est à l’œil qu’on va les avoir ! (il sort – portillon) Arlette ! Arlette ! Faut que  j’t’en raconte une bonne.

Francis       - On dit qu’il faut de tout pour faire un monde, mais parfois, j’ai des doutes… Et si j’allais faire un  tour vers la piscine. La petite Valentine en bikini… (il rentre)

Scène 3 :    Valentine – Sylvain – Simone

Valentine arrive de la maison, tenue légère, serviette de bain. Elle vient de

croiser Francis.

Valentine    - (devant la porte) Si, si, je reviens Francis ! Je vais juste chercher des rafraîchissements et j’y retourne. Allez-y, c’est tout droit. (allant vers le bar) Quel boulet celui là !

Sylvain sort de la maison. Il va la rejoindre vers le bar. Par la fenêtre on voit

Simone qui épie.

Sylvain        - Tu es seule ?

Valentine    - Pas pour longtemps, j’en ai peur. Nous qui rêvions de vacances en amoureux, c’est raté.

Sylvain        - Si j’avais pu prévoir… (tentant de l’enlacer) Tu sais que tu es très excitante comme ça !

Valentine    - (se dégageant) Attention, si quelqu’un arrive ! Sois patient ! Je viendrai te retrouver ce soir, dans ta chambre. Promis ! (elle sort avec deux verres. Sylvain remet la table et les chaises en place. Simone entre.

Scène 4 :    Sylvain – Simone

 

Simone       - Oh quelle surprise ! Mais c’est ce cher Sylvain.

Sylvain        - Ecoute Simone ! Surtout ne t’énerve pas. Je regrette vraiment ce qui s’est passé…

Simone       - (son ton va monter au fur et à mesure de la conversation) Tu regrettes ? Tu regrettes quoi ? De m’avoir quittée ? De la façon dont tu l’as fait ? Ou… regrettes-tu que je t’aie retrouvé ?

Sylvain        - Je regrette de…

Simone       - Tais-toi ! Tu va payer pour le mal que tu m’as fait. Vous, les hommes, vous  êtes tous les mêmes. Vous ne pensez qu’à votre plaisir. Et quand une plus jeune ou une plus jolie passe près de vous, vous nous rejetez sans aucune hésitation. Tous les mêmes ! Tous pareils ! (elle se radoucit soudain) Eh bien vois-tu Sylvain, j’ai décidé de partir en guerre contre ça. Contre vous !

Sylvain        - Qui nous ?

Simone       - Vous les hommes ! Les machos ! Les briseurs de cœur ! Vous tous ! Je vais m’occuper de toi, de ce grossier personnage de Jean Claude qui ne voit dans une femme qu’une paire de seins ou de fesses. Et je m’occuperai du prétentieux et arrogant Francis.

Sylvain        - Tu ne vas tout de même pas faire un scandale ici.

Simone       - Qui va m’en empêcher ? Toi, peut-être ? Je ne pense pas que tu aies intérêt à le faire. D’ailleurs, je ne crois pas un instant que tu sois assez courageux pour t’opposer à moi. Quand on n’a pas le courage de dire à une femme, les yeux dans les yeux, qu’on la quitte et pourquoi on la quitte…

Sylvain        - Et si je tentais tout de même de m’opposer ?

Simone       - Sylvain ! Sylvain ! Si Eve venait à apprendre que tu es l’amant de sa fille, ou de ta petite combine avec les Plouchard.

Sylvain        - Quelle combine ?

Simone       - La location de la maison pendant l’absence de Eve. J’ai bien vite compris. L’autre imbécile qui t’appelle « Baron ». D’ailleurs je te signale qu’il est au courant de ce que tu es réellement ici.

Sylvain        - C’est toi qui…

Simone       - Non ! Francis s’en est chargé avant moi. Mais peu importe, revenons à toi. A toi et à… Valentine. Alors c’est pour elle que tu m’as laissée tomber sans un mot, sans une explication. Bien sûr, elle est plus jeune, plus jolie. Ca peut expliquer... (redevenant dure) mais ça n’excuse pas ! L’heure du châtiment a sonné Sylvain. A partir de maintenant, je t’ordonne de cesser toute relation avec elle. Sinon, je dis tout. Et ne tente pas de me doubler.

Scène 5       Simone – Sylvain – Eve – Arlette – Jean Claude

Eve, Arlette et Jean Claude entre (portillon)

Eve             - Ah Simone ! Tu t’es reposée ? Ca va mieux ?

Simone       - Oui beaucoup mieux. Et puis nous avons fait un brin de causette avec Sylvain. Cela m’a fait beaucoup de bien. Je me sens en pleine forme.

Eve             - Où sont passés nos amis ?

Simone       - A la piscine ! D’ailleurs je crois que je vais y aller moi aussi. Arlette cela ne vous tente pas ?

J-Claude     - Alors si y’a un truc à voir, c’est l’Arlette qui nage.

Arlette         - J’ai jamais appris alors j’fais c’que j’peux.

J-Claude     - Elle sait faire que la brasse coulée, mais vraiment coulée.

Eve             - Je vous y  rejoins tout de suite !

Simone rentre dans la maison. Avant de rentrer, Arlette arrête J-Claude.

Arlette         - Qu’est ce qu’on fait pour le faux baron ?

J-Claude     - Laisse, j’men occupe ! Faut pas qu’la vieille apprenne qu’on est

pas là par hasard parce que sinon, on peut r’ faire nos valoches.

Arlette         - Ah ouais ce s’rait moche. Et p’is finalement on s’en fout à qui qu’elle est la baraque. Du moment qu’on en profite.

J-Claude     - T’as raison ! Allez va vite, moi j’vais chercher mon calbard et j’te r’trouve à la piscine.  Tu m’attends hein ! Tu t’ trempes pas avant qu’j’arrive, sinon y’aura noyade.  .

Ils rentrent dans la maison.

Eve             -  Toutes les chambres sont prêtes Sylvain ?

Sylvain        - Oui Madame !

Eve             - Bien ! Si vous avez besoin de moi, je suis à la piscine. (elle sort)

Scène 6 :     Sylvain – Jean Claude

Retour de Jean Claude

J-Claude     - Alors « baron », comment qu’ça va ?

Sylvain        - A vrai dire, ça pourrait aller mieux.

J-Claude     - Ben qu’est ce que c’est-y qui vous arrive ? Z ‘avez des chaleurs ?

Sylvain        - Bon, arrêtez de tourner autour du pot, ce n’est pas le moment. Je sais que vous êtes au courant…

J-Claude     - Au courant ? Moi ? Mais de quoi c’est il donc ? Serait-ce t-il au sujet que vous z’êtes pas baron du tout.

Sylvain        - Ecoutez, je ne vous ai jamais dit que j’étais baron. C’est vous qui… mais bref ! Alors que voulez-vous ?

J-Claude     - C’que j’veux ? Ben y me semble que puisque la baraque vous appartient pas, y s’rait pas normal de gagner du pognon en la louant. Surtout si l’pognon c’est l’mien ! Non, ça s’rait pas correct. Alors j’propose que vous m’remboursiez intégralecomplètement.

Sylvain        - C’est d’accord et je ne discute même pas. Vous êtes content ?

J-Claude     - Ben, c'est-à-dire qu’y pas qu’ça ! Un petit dédommagement disons pour supplice moral serait l’bienvenu.

Sylvain        - Pas question ! Vous allez passer des vacances gratuites, c’est déjà pas mal non ?

J-Claude     - Oh ça m’contrarie c’t’affaire. J’me d’mande si ça va pas m’faire un ulcère, moi. Et pis ça va m’obliger à tout raconter c’t’histoire à Madame Eve. C’est embêtant. Lui dire que vous la faites passer pour complètement gâteuse et qu’vous vous faites du pognon sur son dos. Nan, j’suis quelqu’un d’sensible moi, faut pas m’pousser à faire des choses pareilles. Alors je pense…que 100 euros de dédommagement… 

Sylvain        - 100 euros ? (il se met à rire) Tous ce chantage pour 100 euros (il rit de plus belle)

J-Claude     - Ben quoi ? Pourquoi qu’tu marres comme ça ?

Sylvain        - (riant toujours) 100 euros !

J-Claude     - Mais y’s’fout d’ma gueule le pingouin. (se fâchant) Alors attention ! Pour outrageage envers ma personne, (royalement) ce s’ra 120 euros. Et toc ! Et si tu t’arrêtes pas d’te gondoler, ça pourrait même aller jusqu’à des  130-140 !

Sylvain        - (ayant du mal à s’arrêter de rire) Non… stop… c’est trop… 120 euros… une véritable fortune ! Mais c’est d’accord !      

J-Claude     - Ah ! Ben tu vois qu’on peut s’entendre.

Sylvain rentre dans la maison en riant

J-Claude     - Eh ben moi, j’vais m’tremper les noix, ça va m’détendre. ca stresse les négociations.

Arlette entre vêtue d’une chemise  de plage très légère.

Scène 7       Jean Claude – Arlette – Simone – Sylvain

Arlette         - Ben qu’est ce tu fous JC ? Ca fait dix minutes que j’t’attends.

J-Claude     - J’arrive ! Dis, c’est quoi cette tenue ?

Arlette         - Ca te plait pas ?

J-Claude     - On y voit tout comme si t’avais rien su’l’cul. T’as pas intérêt à t’trimballer comme ça d’vant tout l’monde.

Jean Claude rentre dans la maison quand  Simone en sort.

Simone       -  Des problèmes Arlette ?

Arlette         - Avec c’tempaffé,  faut jamais s’attendre à un compliment.

Simone       - Comme je vous plains ! Excusez-moi, je me mêle de ce qui ne me

regarde pas mais je ne supporte pas de voir une femme bafouée.

Arlette         - Ah bon, j’ suis bafouée moi ? Ben crotte alors, j’le savais même pas.

Simone       - Je m’en suis aperçue immédiatement. On voit tout de suite qu’il ne

mérite pas une femme comme vous. Vous êtes une femme de … goût, alors que lui…

Arlette         - Ca c’est sûr ! D’ailleurs j’lui dis souvent : « Plouchard », que j’lui dis, « tu n’me mérites pas ».  

Simone       - Je ne comprends pas pourquoi vous restez avec lui alors que de nombreux hommes doivent vous faire la cour.

Arlette         - Ah… non  pas vraiment.

Simone       - Allons Arlette, ne soyez pas modeste. A ce propos, avez-vous vu de quelle façon vous regarde  Sylvain ?

Arlette         - Sylvain ??? Vous êtes sûre de c’que vous disez ?

Entrée de Sylvain qui va s’occuper des fleurs.

Simone       - Certaine. Justement le voilà. Quand on parle du loup…

Arlette         - On aimerait bien en voir…

Simone       - Regardez-le. Joli garçon, beaucoup de classe, de prestance. Je suis certaine qu’il n’attend qu’une occasion. Oh j’ai une idée. Si nous la lui donnions cette occasion ? Vous allez faire semblant de vous évanouir et je vous laisserai seuls en prétextant que je vais chercher des secours.

Arlette         - Vous croyez que…

Simone       - Oui, oui, allez-y ! Il n’attend que ça.

Arlette         - (mauvaise comédienne) Ooooh mais qu’est ce que c’est qui

m’arrive t-il ? Je me sens toute chose. Je crois que je vais tomber dans les pommes. (elle s’allonge sur le banc en gémisssant)

Simone       - (à Arlette) Bien joué ! Ne bougez plus avant que je ne revienne. Sylvain ! Madame Plouchard se sent mal, venez vite. Elle a un étourdissement. Occupez- vous d’elle, je vais chercher du secours.

Sylvain        - (un peu affolé) Que faut-il  faire dans ces cas là ?  

Simone       - Dégrafer sa chemise et faites lui du bouche à bouche.          (elle rentre dans la maison)

Scène 8 : Arlette – Sylvain – Simone – Jean Claude - Valentine

Sylvain        - (à côté de la chaise, tournant le dos à la porte) Madame Plouchard… (gémissement) Ca n’a pas l’air d’aller bien fort. Alors qu’est ce qu’elle a dit ? Ah oui, dégrafer la chemise et bouche à bouche. J’ai jamais fait ça moi. (il lui renverse la tête en arrière et se penche pour le bouche à bouche. D’une main, il se bat avec un bouton de la chemise . Simone arrive sur le pas de la porte.  Elle se retourne bloquant le passage. Pendant la réplique de Simone, Arlette va passer ses bras autour du cou de  Sylvain, lui bloquant la tête)

Simone       - Je suis désolée mais je ne pouvais pas laisser faire ça sans vous avertir. (elle se met sur le côté, laissant entrer J-Claude et Valentine.  Sylvain est toujours dans la même position. Simone  s’éclipse. Plus tard on la verra regarder discrètement à la fenêtre)

J-Claude     - Arlette !

Valentine    - Sylvain !

Sylvain        - (arrivant à se dégager) Ah vous voilà ! (voyant leurs têtes, il réalise la situation.  Pendant la scène, Arlette se redresse et semble être dans un état second ) Ah non non non ! Ce n’est pas du tout ce que vous pensez.

Valentine    - On ne pense rien Sylvain, on constate.

J-Claude     - Ouais, on constate que tu lui tripotais les airbags, en lui f’sant la visite des amygdales ! Mais j’vais t’casser la gueule.

Sylvain        - Laissez-moi vous expliquer. C’est elle qui a…

Valentine    - (elle se met à pleurer) Je te hais. Tout est fini ! (elle rentre)

Sylvain        - Valentine c’est un malentendu (tentant de la rattraper mais Jean Claude l’en empêche). Mais lâchez-moi, vous !

J-Claude     - Tu comptes pas t’en tirer comme ça ?

Sylvain        - Mais enfin, c’est elle qui m’a quasiment agressé alors que je…

J-Claude     - Et en plus tu veux m’faire croire que c’est l’Arlette qui t’a violé. T’entends ça Arlette ?

 Arlette        - Aaaaah qu’est ce que c’était bien ! Encore Sylvain !

J-Claude     - Quoi ? Alors ça, c’est l’étincelle qui met l’feu à la goutte du vase qui déborde.

Arlette         - (revenant à la réalité) Oh J C. T’es là d’puis quand ?

J-Claude     - Assez pour voir de mes yeux qu’t’étais bien partie pour me faire une belle tête à cornes. Traînée ! Tu vas voir la dérouillée qu’tu vas t’prendre.

Sylvain        - (s’interpose) Vous n’allez tout de même pas frapper une femme.

J-Claude     - Permettez baron, c’est MA femme ! Alors j’fais c’que j’veux.

Scène 9 : Jean Claude – Sylvain – Arlette – Eve – Simone  

Arrivée de Eve

Eve             - Sylvain, que se passe-t-il ici ? Nous entendons crier depuis l’autre côté de la maison.

Sylvain        - Il se passe que…

J-Claude     - C’est p’t’être pas la peine que tout le monde soye au courant.

Eve             - Au courant de quoi ? Expliquez-vous.

J-Claude     - Avec toutes mes escuses madame Eve, mais ça r’garde que moi et cette… traînée.

Eve             - Enfin monsieur Plouchard, on ne traite pas son épouse de traînée.

J-Claude     - Sauf quand c’en est une. Une bonne torgnole. Y’a qu’ça qu’elles comprennent.

Eve             - Ah non ! Je ne permettrai pas ça chez moi ! Et je vous demanderai de vous calmer.

J-Claude     - Bon ça va, j’me calme ! J’règlerai ça plus tard en tête à tête avec la FUTURE EX madame Plouchard. Parce que j’vais d’mander l’divorce moi. (vers Arlette) Et que ce s’ra pas la peine de m’supplier à g’noux pour que j’te r’prenne.

Arlette         - Plouchard… tu m’emmerdes !

J-Claude     - Oh !... Oh ! Vous entendez ça ? J’ai les nerfs qui s’tendent tellement qui vont m’péter à l’intérieur. Faut qu’j’boive un coup sinon j’la tue.

Eve             - C’est ça, venez ! Buvons un verre ensemble cela vous calmera. Sylvain, vous devriez emmener Madame Plouchard dans sa chambre.

Sylvain        - Hein ? Ah non pas question ! Trop dangereux.

 Eve entraîne JC au bar et lui sert un verre qu’il boit cul sec. Il en boira

plusieurs à la suite.

Arlette         - Non mais r’gardez moi ça ! Ah il est beau l’homme. Violent et alcoolique. Mais qu’est ce qui m’a pris d’épouser un type comme ça ?

Sylvain        - Madame Plouchard, ce n’est peut être pas le moment d’en rajouter. Vous devriez aller dans votre chambre et vous allonger un peu, pendant que Madame le calme et s’occupe de lui.

Arlette         - Ah Sylvain !  Et si toi tu t’occupais de moi.

Sylvain        - Oui c’est ça mais plus tard,  plus tard.

Arlette         - Promis ? Ah Sylvain !

Entrée de Simone.

Simone       - Que se passe t-il ? Vous allez mieux Arlette ? Ce petit étourdissement est passé ?

Arlette         - (lui faisant un clin d’œil) Ca c’est même très bien passé. Grâce à vous. Merci Simone ! (Elle rentre dans la maison)

Sylvain        - Qu’est ce que ça veut dire : « Grâce à vous. Merci Simone » Merci de quoi ? Alors que c’est moi qui me suis retrouvé dans… oh mais je comprends…. Non !... oh non… ne me dis pas que… que tu as tout manigancé. Tu n’as pas osé ?

 Simone      - Moi ? Que vas-tu penser là Sylvain ? Au fait, je viens de voir la petite Valentine. Elle est très, mais alors très  fâchée contre toi. J’ai bien peur que ce soit la fin d’une belle histoire.

Sylvain        - Simone, tu es….

Simone       - Chut !  Tu vas dire une bêtise. (elle va rejoindre Eve)

Sylvain        - (en aparté)  Quel imbécile je fais ! Je me suis laissé berner comme un idiot. Valentine… (il rentre poussant Arlette à l’intérieur)

Entrée de Robert et Josiane.

Josiane       - Et moi j’te dis qu’on est paumé !

Robert        - C’que tu peux être négative. Mais non on n’est pas paumé. J’sais lire une carte et une boussole. C’est pas à moi qu’tu vas apprendre ça. J’suis un pro d’la randonnée.

Josiane       - Ah oui ? Et depuis quand qu’t’en fais d’la randonnée ?

Robert        - J’ai fais la première y’a deux ans alors hein…

Josiane       - La première… et la dernière. Et pis tu parles d’une randonnée. 3 km dans le bois de Boulogne sur un chemin balisé.

Robert        - Faut bien commencer ! N’empêche que j’ai plus d’expérience que toi qu’en a jamais fait.

Josiane       -  Oui mais moi j’te dis quand même qu’on est paumé.

Robert        - Eh ben vas-y ! Passe devant puisque t’es plus maline.

Josiane       - J’dis pas que j’suis plus maline. J’dis simplement qu’on sait pas où on est.

Robert        - Mais si qu’on sait. (dépliant la carte)… on est (hésitant) on doit être… à peu près (décrivant un large cercle autour de la carte) dans le secteur là.

Josiane       - Ah ouais, c’est vachement précis. (jetant un œil sur la carte) Heu dis Robert…

Robert        - Quoi ?

Josiane       - (mettant son doigt sur un endroit de la carte) Compiègne c’est en Corse ?

Robert        - Ben évidemment puisque c’est sur la carte.

Josiane       - T’es sûr ? Parce que pour moi Compiègne ce serait plutôt dans l’Oise. Tu crois pas qu’t’as pas la bonne carte ?

Robert        - Pas la bonne carte ! (en regardant attentivement la carte) Appelle moi con (il réalise son erreur mais ne veut pas passer pour un idiot, il replie rapidement la carte)… pendant qu’t’y es.

Josiane       - J’dis ça parce que j’avais un oncle qu’habitait Compiègne et quand on allait le voir, j’me rappelle pas qu’on prenait l’bateau.

Robert        - Hein… ouais p’t’être… mais… des Compiègne t’en as plusieurs. T’as le Compiègne dans l’Oise, mais t’as aussi un Compiègne dans… le Var et pis t’en as un aussi dans le Bas Rhin et pis t’as le Compiègne d’ici. T’en as plein des Compiègne. Allez avance. (il sort)

Josiane       - T’es sûr ? Parce que Compiègne, ça fait pas tellement Corse comme nom. (sortant) T’es sûr de toi ?... Hein… T’es sûr Robert ?

Scène 10 : Simone – Jean Claude – Cody - Francis

Un peu plus tard. Simone et Jean Claude sont au bar.

J-Claude     - Pa’ce que… peut-être que… des fois… mais… pas toujours.

                   Nannn ! Y’en a qui… peut-être… mais pas moi.

Simone       - Comme je vous comprends bien Monsieur Plouchard.

J-Claude     - Oh Monsieur Plouchard ! Appelez-moi JC ! Hein ! Momone.

Simone       - Comme vous voudrez mons… JC.

J-Claude     - Ca,  ça m’fait bien du plaisir ! Y’a que  mes potes qui m’appellent

JC. Et pis ceux d’ chez Moulboule aussi.

Simone       - Moul…

J-Claude     - Ouais, c’est là où qu’je bosse. En vrai c’est Doulinge. Doulinge, spécialiste du sous-vêtement masculin. C’est nous qu’on est le seul et unique fabriquant du slip molletonné avec poche intérieure intégrée et double paroi renforcée en teflon. Ca c’est une belle trouvaille. Les ingénieurs qu’ont trouvé ça, ben moi j’dis qu’c’est pas des cons. Faut en avoir l’d’dans pour trouver des trucs pareils. Y doivent pas dormir beaucoup ces types là. Alors moi je dis : respect m’sieurs-dames.

Simone       - Ah vous êtes dans le sous-vêtement.

J-Claude     - Ouais ! Sous-vêtement pour homme ! Pas pour femme ! Nan ! On fait plus ! On a fait par un temps, mais y’avait trop d’ fauche. A l’époque y’avait des bonnes femmes qu’étaient sous-vêtementées pour pas cher. Et pis le problème c’est que la mode elle  change tout l’temps. Alors un moment, c’est dev’nu la mode des p’tites culottes en dentelles et pis après, celle des p’tites culottes tellement p’tites qu’on se d’mande pourquoi qu’elles en mettent une vu que si qu’elles en mettaient pas, ce serait pareil. Trois centimètres carrés de dentelles, une ficelle et hop, terminé. Alors où qu’vous voulez mettre la poche intégrée avec double paroi renforcée en teflon ? Nan, moi j’dis : le string, ça tue l’emploi.

Simone       - Oui, je comprends ! A propos, Avez-vous vu le maillot de bain que portait Cody cet après midi ? Vraiment mini. Mais joli. Et cela lui va très bien.

J-Claude     - Pour sûr que ça lui va comme une paire de mains.

Simone       - C’est une jolie fille, ne trouvez-vous pas ?

J-Claude     - Ouais ! Des nanas comme ça, on en f’rait bien son 4 heures.

Simone       - Son 4 heures ! Ce que vous êtes drôle mons… euh JC. Pour redevenir sérieux, que pensez-vous… ce que je vais vous dire doit rester entre nous n’est ce pas ? Entre… potes !

J-Claude     - Pas de soucis Momone! C’est de quoi t’est ce que vous voulez m’causer ?

Simone       - Cody ! Que pensez-vous de sa relation avec Francis ? Personnellement je trouve qu’ils ne vont pas du tout ensemble.

J-Claude     - Ben j’me dis qu’la vie est pas juste. Y’en a qu’ont toutes les chances. Plein de fric et belles gonzesses. Mais elle est pas heureuse la p’tite. Ca se voit !

Simone       - Ah vous aussi vous l’avez remarqué. Ca ne m’étonne pas. On voit que vous êtes fin psychologue.

J-Claude     - Pyslo-machin,  j’sais pas, mais fin c’est sûr. Tout en finesse le JC.

Simone       - Pour en revenir à Cody, elle serait beaucoup mieux avec… avec  quelqu’un comme vous. D’ailleurs, je ne crois pas me tromper en disant qu’elle n’est pas indifférente à votre charme. Si j’étais vous… oh excusez-moi, il y a Arlette.

J-Claude     - M’en parlez pas de celle-là! Z’avez vu avec l’aut’ pingouin, comment elle se gêne pas. Eh ben j’vais pas m’gêner non plus… Vous pensez vraiment que la p’tite et moi…

Simone       - Certaine ! (Arrivée de Cody qui a l’air dépitée) Justement la voilà et elle n’a pas l’air d’aller bien.  Vous devriez en profiter. Je vous laisse le champ libre. (elle rentre dans la maison, même jeu à la fenêtre)

Scène 11 : Jean Claude – Cody – Eve

J-Claude     - On dirait qu’c’est pas la joie Cody. Qu’est ce qui vous arrive t-il ?

Cody           - La fin d’une époque !

J-Claude     - Hein ?

Cody           - C’est la fin pour moi. Francis semble très intéressé par Valentine. Et s’il en a une autre en vue, je peux faire mes valises. Je savais à quoi m’en tenir. Ca s’est passé exactement de cette façon quand il m’a rencontrée.

J-Claude     - (se rapprochant d’elle très câlin) Ma pauvre petite, c’ que vous d’vez être triste.

Cody           - Même pas. Je ne me faisais aucune illusion et je savais que ça arriverait un jour ou l’autre. Non, même pas triste.

J-Claude     - (de plus en plus câlin) Oh mais moi, j’ vois bien que vous êtes effondrée, au bord des larmes mais qu’ vous vous retenez.

Cody           -  Je vous assure que…

J-Claude     - Allez-y Cody, laissez-vous aller. Pleurez un bon coup, ça vous f’ra du bien. Tenez, j’vous prête mon mouchoir.

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