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Comment peut-on - extraits
ACTE 1 Scène 1 : Jérôme – Sébastien
Jérôme sort des guirlandes, pas très belles, d’un carton.
JEROME Tu as pensé à ramener des décorations ? Parce que je n’en aurai pas
assez.
SEB OFF Ne t’inquiète pas, j’ai pensé à tout. Décorations, traiteur, musique.
Et puis, je suis passé devant une petite boutique de fringues…
JEROME Et tu n’as pas pu t’empêcher d’y entrer.
SEB (entrant dans une tenue très voyante)
Tu me connais. J’ai trouvé ce ravissant petit débardeur. Une merveille. Qu’est ce que tu en penses ?
(il tourne sur lui-même pour se faire admirer)
JEROME (découvrant la tenue de Sébastien)
Aaaah oui ! C’est très… enfin, c’est spécial.
SEB Evidemment, tu n’aimes pas ! Pfff ! Tu n’as aucun goût.
JEROME Pas les mêmes que toi, en tout cas. Et tu comptes mettre ça demain soir ?
SEB Bien sûr ! Evidemment, toi, tu vas, comme d’habitude, t’habiller en noir. A part le noir… S’il te plait, mon chou, tu ne voudrais pas me faire plaisir, et pour une fois, t’habiller autrement qu’en croque-mort.
JEROME On verra ça.
SEB C’est le réveillon de l’an. C’est la fête, la joie, les couleurs. On se lâche.
JEROME D’accord ! J’essaierai de faire un effort. Je mettrai du… gris... foncé.
SEB Pfff ! C’est désespérant. Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu. Comment peut-on ? Mais comment peut-on ? (Jérôme monte sur une chaise pour accrocher une guirlande) Aaaaah !
JEROME Ca ne va pas de crier comme ça ! J’ai failli me casser la figure.
SEB Qu’est ce que c’est que cette horreur ?
JEROME Hein ? Quoi ?
SEB Ce que tu tiens dans la main ?
JEROME Ben… Une guirlande !
SEB Tu comptes décorer avec ça ?
JEROME Ben…oui !
SEB Tu me désoles ! Quelle horreur. Tu veux faire fuir nos invités ? Décidément, que ce soit fringue ou décoration, tu n’as vraiment aucun goût. Laisse, laisse, laisse, je m’en occuperai. (Il lui prend la guirlande des mains). Ca, poubelle ! (il sort cuisine, avec le carton, Jérôme descend de la chaise)
JEROME Voilà ! Ca, c’est fait ! Alors, qu’est ce que je fais ?.. Je vais aller chercher le champagne !
SEB (revenant) Non, j’irai moi même. Tu es capable d’aller en grande surface, et d’acheter un truc imbuvable.
JEROME Alors je fais quoi ?
SEB Eh bien tu fais ce que tu veux mais en tout cas pour le réveillon, tu ne fais rien. C’est plus sûr.
JEROME Merci de ta confiance.
SEB De rien ! Est-ce que tu as confirmé l’heure à nos invités ?
JEROME Oui ! C’est fait.
SEB Et c’est OK pour tout le monde ?
JEROME Véronique et Isabelle, c’est bon. Alex aussi. Et Sandrine également.
SEB Sandrine ? C’est qui celle là ?
JEROME Je t’en ai parlé. C’est une collègue de travail. Je t’ai dit qu’elle était arrivée à Paris il y a quelques mois et que, comme elle n’y connaît personne, je l’ai invitée pour qu’elle ne soit pas seule le soir du réveillon. Rappelle-toi. Tu as même dit : « Ca fera de la compagnie à Alex ».
SEB Ah oui, je me souviens ! Elle est au courant de…
JEROME Pour nous ? Oui, elle est au courant.
SEB Et pour Isa et Véro ?
JEROME Egalement. Ne t’inquiète pas, je lui ai tout expliqué.
SEB Parce qu’elle pourrait être gênée de faire le réveillon avec deux couples homos.
JEROME Elle ne sera ni surprise, ni gênée. Et puis il y aura Alex.
SEB J’espère que ça va aller avec Alex.
JEROME Pourquoi cela n’irait-il pas ?
SEB A cause de son… handicap. Le pauvre, dès qu’il est en présence d’une femme qui lui plait, il se met à bégayer. Le pauvre chou. Ca ne doit pas être facile pour lui. Dommage tout de même qu’il soit hétéro, il est plutôt joli garçon.
JEROME Si tu essaies de me rendre jaloux, tu n’y arriveras pas.
SEB Parfois, je me demande si tu m’aimes vraiment.
JEROME Moi aussi !
SEB Pardon ?
JEROME Je blague ! Pour en revenir à Alex, je sais que tu l’apprécies beaucoup, mais il faut te faire une raison. Il n’est pas gay. Alors oublie !
SEB Pourtant, vu son han… han… handicap, il devrait peut-être revoir ses positions. Ca pourrait le décoincer. Qui sait, peut être un jour… (se regardant dans un miroir) Hou la tête que j’ai ! Allez, assez bavardé. Si je veux être présentable, j’ai intérêt à faire quelque chose.
JEROME Et moi, je vais en profiter pour me détendre un peu. J’ai eu une journée épuisante.
SEB Oh le pauvre chou qui travaille trop. Repose-toi mon Doudou et quand j’aurai fini, je te ferai couler un bain.
JEROME (en train de se servir à boire) Mais enfin, tu sais bien que je déteste les bains.
SEB Oui je sais, tu ne prends que des douches. Pourtant, un bain, ça détend. Regarde, moi, je suis toujours parfaitement zen.
JEROME Tu oublies juste une toute petite chose ! C’est que, moi, je travaille ! Toi, non. Je n’ai pas le temps de rester dans une baignoire, pendant 2 heures… à jouer avec des canards en plastique.
SEB Oh mais je ne joue pas avec des canards en plastique.
JEROME Seb, je les ai trouvés dans ton placard.
SEB Parce que tu fouilles dans mes affaires maintenant.
JEROME Mais non je ne fouille pas. C’est arrivé un jour où je n’avais plus de serviette propre. J’ai voulu t’en emprunter une, je me suis permis d’ouvrir ton placard, et j’ai trouvé tes jouets. Je dois dire que ça m’a bien fait rigoler. T’imaginer dans ton bain, plein de mousse, avec ton bonnet de bain ridicule, en train de faire mumuse avec des canards. Je pense qu’il y aurait une photo à faire.
SEB Pfff ! Décidément, on ne peut avoir aucune intimité. Impossible de préserver la moindre petite vie secrète. Pfff !
JEROME (riant) Vie secrète ! Toi, une vie secrète ?
SEB Qu’est ce qu’il y a de comique ? Je pourrais très bien avoir une vie secrète. Il y a bien des personnes qui font croire à leur famille qu’ils travaillent dans un bureau, et en réalité, ils font partie, je ne sais pas moi, du contre-espionnage ou des trucs de ce genre. Alors, pourquoi, je n’aurais pas, moi, une vie cachée ?
JEROME Et ta vie secrète, c’est de prendre des bains… avec tes canards. Tu sais Sébastien, parfois tu me fais peur. Tu vis beaucoup trop dangereusement.
SEB Pfff ! Pauvre type ! (il va vers la chambre, se retourne) Et puis d’abord, mon bonnet de bain n’est pas ridicule. (il ressort chambre)
JEROME Ne te vexe pas, c’est pour rire.
SEB OFF Ca ne me fait pas rire.
JEROME Allez ! Je te l’ai dis, j’ai eu une journée difficile, J’ai besoin de me détendre un peu.
SEB (à demi dans la porte, en caleçon) Et puis d’abord, qu’est ce qui te dit que je n’ai pas une vraie vie secrète ? Tu pars le matin, tu rentres le soir. Mais moi, dans la journée, qu’est ce que je fais ? Tu n’en sais rien. Je pourrais très bien être espion ou agent secret, une sorte de James Bond 747. Ca t’en boucherait un coin !
JEROME James Bond, c’est 007. 747 c’est plutôt Boeing. Et toi en 007, j’aurais du mal à le croire.
Sébastien ressort de la chambre en peignoir de bain, bonnet de bain, très maniéré mais très digne.
JEROME Et après avoir vu ça, je n’y crois plus du tout.
(Sébastien, piqué au vif, change soudain d’attitude. Il essaie d’avoir l’air d’un dur, bras tendus devant lui, faisant mine d’avoir une arme et de tirer sur des ennemis invisibles, faisant bruitage de coups de feu avec sa bouche (de façon stupide genre « pfiou ! » (je ne sais pas si on voit bien comme ça) Bref : stupide.)
Ah ah ah ! Vous croyiez m’avoir ! « pfiou ! pfiou » (Il roule au sol, se remet à genoux) « pfiou ! pfiou ! Mais on ne se débarrasse pas comme ça de l’agent PI 3.14 ! Pfiou ! Pfiou ! » ( Il plonge sur le canapé toujours en tirant) Vous êtes combien ? Une petite vingtaine. Laissez-moi rire ! Pfiou ! Pfiou ! (il saute derrière le canapé, bruit de chute lourde, cri) Aïe ! Hou ça fait mal ! Hou ça fait mal !
JEROME (regardant ce qui se passe derrière le canapé) Allô central, Allô central ! Un homme à terre. Je répète : Un homme à terre. Envoyez secours d’urgence.
SEB (se relevant difficilement) Hou ! Ca fait maaaal !
JEROME Qu’est ce qui t’arrive ?
SEB (venant s’asseoir sur le canapé en se tenant les fesses) J’ai dû me casser le coccyx. Aïe !
JEROME Les risques du métier. Je te l’ai dit, tu vis trop dangereusement. (L’aidant à se relever et le soutenant pour aller vers la chambre). Courage Agent PI 3.14 ! Une autre mission vous attend dans la salle de bain: Elle a pour nom de code : LA CHASSE AUX CANARDS « pfiou ! pfiou »
SEB Ah c’est malin ! (il sort chambre1)
JEROME Et fais attention a ton doigt !
SEB OFF Pourquoi ?
JEROME Il est peut être encore chargé ! Ne va surtout pas te blesser.
SEB OFF Imbécile heureux !
JEROME Ah ! S’il n’existait pas… je me demande s’il faudrait l’inventer. (le téléphone sonne. Il va décrocher) Allô ? Ah c’est toi maman ! Comment ça va ?...Oui moi ça va !... Oui, oui, bien acclimaté à la vie parisienne... Et puis en même temps, ça fait 15 ans maintenant… Florence ? Euh… Eh bien… Florence va bien aussi… Non, elle euh… elle n’est pas là… elle est sortie pour faire quelques achats… Comment ?… Bien sûr, je veille sur elle… Non, je ne laisse pas ma petite sœur faire n’importe quoi… De petit copain ? Euh… non elle n’a pas de petit copain… Oui, oui, ça j’en suis certain… Moi ?... Ah non, moi non-plus… pas de petite copine. (aparté) Enfin pas dans le sens où tu l’entends… Hein ?... Non je disais que, je n’ai pas beaucoup le temps. Et papa comment va t’il ? Il se remet de son opération ? ... Tant mieux… Demain soir ?… Pour le réveillon ?… On va faire ça ici avec… quelques collègues de travail… Comment ?... Venir ici ?... Papa et toi ?…Vous avez décidé de venir faire le réveillon avec nous… Tu veux dire …avec Florence et moi ?... Oui je sais vous n’êtes jamais venus, mais c’est toi qui ne voulait pas venir à Paris.… Tu sais, je me demande si c’est une bonne idée. Papa doit certainement avoir besoin de se reposer et je crains que le voyage… Quatre heures de train, ça ne va pas le tuer. (aparté) C’est peut être pas ça qui va le tuer… Non rien… Mais je te l’ai dis, on ne sera pas seuls puisqu’on aura des amis…Ah, ça ne vous dérange pas… et tu as déjà pris les billets de train… Ah oui, donc c’est décidé… Dans quel hôtel avez-vous réservé ?... Vous n’avez rien réservé ? Mais jamais vous ne pourrez trouver… Dormir ici ?… Mais, on a que deux chambres. Celle de Florence et la mienne… Que je dorme avec Florence… Oui, bien sûr, j’ai déjà dormi avec ma sœur, mais on avait quatre ou cinq ans… C’est un peu gênant quand même… Hein ?...Ce ne sera QUE pour quelques jours ! Parce que vous ne venez pas QUE pour le réveillon, vous venez… quelques jours… Mais bien sûr que ça me fait plaisir… Florence ? Elle va sauter de joie. Bon… de toute façon on n’a pas le choix… C’est bien ce que j’avais compris... C’est ça ! Alors à demain. Vous arrivez à quelle heure ?... Oui, je viendrai vous chercher à la gare… C’est bien noté… Alors à demain. (il raccroche) C’est la cata !
ACTE 1 Scène 2 : Jérôme - Alex - Sébastien
On sonne. Jérôme va ouvrir. Entrée d’Alex
JEROME Ah, c’est toi Alex !
ALEX Salut Jérôme! Oh t’en fais une tête ! Qu’est ce qui se passe ?
JEROME Mes parents arrivent.
ALEX Tu m’as fait peur. J’ai cru qu’il était arrivé une catastrophe.
JEROME Mais c’est une catastrophe. Ils arrivent demain. Ma mère vient de téléphoner. Ils viennent passer quelques jours.
ALEX Et alors ? Ce n’est pas dramatique de recevoir ses parents tout de même.
JEROME Mais tu ne comprends pas.
(Sébastien sort de la salle de bain en peignoir, bonnet sur la tête, toujours en boitant et se tenant le postérieur).
SEB Je ne peux même pas rester assis dans la baignoire. Je suis sûr d’avoir quelque chose de cassé. Jérôme tu ne voudrais pas regarder ? Ah Alex, tu es là ! Salut. Aïe !
ALEX Oh la, c’est pas la grande forme ! (à Jérôme) Qu’est ce qu’il a ?
JEROME Il rentre de mission.
ALEX Hein ?
JEROME Non, rien, tu ne peux pas comprendre.
ALEX Eh ben dis donc, si vous êtes dans cet état là demain soir, ça va être un super réveillon. Entre Seb qui a je ne sais quoi, et toi qui tire une tronche de déterré. Ca promet.
SEB Ben oui Jérôme, tu en fais une tête. Qu’est ce qu’il y a mon doudou ?
(Jérôme, les yeux dans le vague, ne répond pas)
ALEX Sa mère vient de téléphoner. Ses parents arrivent demain pour passer quelques jours. Il n’y a pas de quoi se mettre dans cet état. Regarde-le, on dirait un zombie.
SEB C’est vrai Jérôme, Alex a raison.
JEROME Vous ne comprenez pas. Mes parents ! Ici ! (Sébastien et Alex se regardent sans comprendre) Je vous explique. Mes parents sont… comment dire… assez vieux jeu. Comme vous le savez, avec ma sœur, Florence, on est venus à Paris pour y trouver du travail. Au début, on habitait ensemble. Et par la suite, pour des raisons de… d’intimité, on a préféré ne plus cohabiter.
ALEX Oui, ça se comprend ! Et alors ? Où est le problème ?
SEB Ben oui, il est où le problème ?
JEROME Le problème est que mes parents ne sont pas au courant. Ils ne sont jamais venus. Imaginez quand ils vont apprendre que je vis avec un homme et que ma sœur est avec une fille. Bref, quand ils vont apprendre qu’on est tout les deux homos…
ALEX Ah parce qu’ils ne savent pas… Bon écoute, ce n’est peut être pas si grave. Tes parents sont certainement capables de comprendre.
SEB Mais oui, ils sont capables de comprendre… Enfin, j’en sais rien, je les connais pas. Si ca se trouve, ils ne vont rien comprendre du tout.
JEROME Ca, non, ils ne vont pas comprendre ! Mon père est capable de faire une attaque. Quant à ma mère, je n’ose même pas imaginer sa réaction.
ALEX Ah oui, c’est à ce point là ?
SEB Mais pourquoi ne leur as-tu jamais dit que… Oh mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! Comment peut-on ? Mais comment peut-on ?
JEROME Je n’ai jamais eu le courage de leur dire.
SEB (pleurnichant) Pas le courage ! Pas le courage ! Ca veut dire que tu as honte de toi, et que tu as honte, aussi, de moi.
JEROME Mais non, je n’ai pas honte de toi
SEB Si je m’attendais à ça. Je suis déçu. Oh Alex, s’il te plait, réconforte moi.
ALEX Oh oh oh oh ! On est copain, c’est tout ! Moi je ne mange pas de ce pain là. D’ailleurs… en ce moment, je ne mange pas beaucoup de pain.
SEB (changeant d’attitude) Ah bon ? Pas de copine ? Régime abstinence ? Quelle horreur ! Remarque, ça ne m’é… m’é… m’étonne pas.
ALEX C’est ça ! Fiche-toi de moi. C’est le moment. Je sais que j’ai un petit problème d’élocution quand une femme me plait, mais ce que tu fais là, ce n’est pas gentil.
SEB Oh ne te fâche pas ! C’était pour ri… goler.
ALEX Tu ferais mieux de t’occuper de Jérôme, qui lui, à l’air d’avoir un problème plus important.
SEB C’est vrai ! Alors comme ça, tes parents ne savent rien ?
JEROME Non ! Ni pour moi, ni pour Florence. Il faut comprendre que mes parents sont des gens simples. Une vie simple et sans tâche. Et leur rêve, comme beaucoup de parents, serait que je trouve une gentille femme qui me donnerait de beaux enfants…
SEB C’est sûr qu’avec moi, ça va être difficile.
JEROME Et puis que ma sœur trouve un gentil mari, avec une bonne situation. Voila ! Le rêve de mes parents, c’est ça. S’ils apprennent, c’est leur rêve qui s’écroule. Et je n’ai pas envie d’en être responsable.
SEB Responsable, responsable ! Mais tu n’es responsable de rien. Tu n’es pas responsable de ta nature. Ni de celle de ta sœur.
ALEX C’est vrai ! C’est comme ça. Point ! Bon, d’un autre côté, je me mets à la place de tes parents. Deux enfants, deux homos, c’est quand même pas de chance.
SEB Eh ! Pas de chance, pas de chance, mais tu vas prendre des claques toi ! Dis-toi bien que nous sommes un bienfait de la nature.
ALEX Vas-y ! Explique tu m’intéresses !
SEB C’est simple. Sans nous, il n’y aurait que la possibilité Homme / Femme. Bah ! Eh bien nous, on offre une autre option. Et si je voulais être méchant, je dirais que vu le succès que tu as auprès des femmes, c’est une option que tu ne devrais pas négliger. Et toc !
ALEX Je n’ai peut être pas beaucoup de succès avec les nanas, c’est vrai. Mais je vais quand même encore tenter ma chance. Et toc !
JEROME Ca y est ? Vous avez fini ?
SEB Excuse-nous mon doudou. Pour en revenir à ton problème, moi je ne vois qu’une solution.
JEROME Laquelle ?
SEB Tout dire. Une bonne fois pour toutes. Et peut être qu’ils le prendront bien. D’ailleurs, tu n’as qu’à me présenter à eux et je suis certain qu’ils vont être sous le charme.
JEROME Tu m’excuseras, mais je n’en suis pas aussi sûr que toi. En plus, mon père vient de se faire opérer du cœur. Ce n’est vraiment pas le moment qu’il apprenne ça. Ca pourrait lui être fatal.
ALEX Dans ces conditions, je suis d’accord avec toi. Faudrait trouver un truc.
SEB Alors vas-y Einstein. Trouve la solution.
JEROME Il n’y en a pas !
ALEX Ben… il y en a peut être une. Mais je vous préviens, elle est un peu tarabiscotée.
NOIR
ACTE 2 Scène 1 : Sébastien – Florence – Chloé – Jérôme
Le lendemain.
Sébastien, tenue colorée, debout sur une chaise, décore l’appartement. Il
fredonne. On sonne. Il sursaute et manque de tomber en poussant un cri.
SEB Haaaa ! Mon cœur ! Je suis certain qu’il a encore oublié sa clef.
On sonne à nouveau.
SEB Oui voilà, voilà ! Oh !
Il va vers la porte, se regarde dans un miroir, se recoiffe. On re-sonne.
SEB Oh ben ça va ! Aucune patience !
Il va ouvrir. Entrée de Florence et de Chloé.
SEB Ah c’est toi Florence ! Je croyais que c’était ton frère. Salut !
FLO Salut grande folle !
SEB Flatteuse ! Salut Chloé !
CHLOE Salut Erreur de la nature !
SEB Toi, tu ne changes pas ! Toujours un mot gentil.
CHLOE Tu sais bien que je plaisante ! Tu es ravissante !
SEB Merci ! Mais tu sais, c’est juste une petite tenue d’intérieur sans prétention.
FLO Alors que se passe t-il ? Jérôme m’a appelé, il avait l’air affolé.
SEB Une affaire ! Oh mon Dieu, si tu savais.
FLO J’aimerais bien. Rien de cassé, j’espère ?
SEB Il t’expliquera lui-même. De toute façon, j’ai pas tout compris. Il est sorti faire une course et ne devrait plus tarder.
Entrée de Jérôme.
JER Ah Florence, tu es arrivée ! Salut !
FLO Alors, qu’est ce qui se passe ! Tu m’as fait peur. Tu me téléphones en disant : « Faut qu’on se voie vite. Viens à l’appartement tout de suite» et tu raccroches. Imagine ! Alors ? C’est papa ?
JER Oui, enfin non. Papa, ça va, il se remet doucement mais…
SEB Bon, moi je vous laisse régler vos petites affaires. Salut les filles.
(il sort)
CHLOE Qu’est ce que je fais moi ? Je peux rester ou c’est confidentiel ?
JER Reste ! Ca te concerne aussi. Qu’est ce que vous faites ce soir ?
FLO Tu veux dire pour le réveillon ?
JER Oui !
FLO En fait, on n’a rien prévu. Tu sais, nous, les réveillons…
CHLOE Ouais, c’est pas notre truc !
JER Eh bien maintenant, vous faites quelque chose !
FLO …Hein ? Tu peux t’expliquer ?
JER Ce soir vous réveillonnez avec nous.
FLO Ha !... mais… on a notre mot à dire, ou c’est une obligation ?
JER Non, vous n’avez pas le choix.
CHLOE Bon, écoute Jérôme. C’est très gentil, ton invitation. Quoique pour la forme, ca laisse à désirer. Je suis désolée, mais on vient de te le dire, les réveillons, c’est pas notre truc. Et en plus, connaissant Sébastien, il va nous sortir les confettis, les langues de belle-mère, et les petits chapeaux ridicules. Alors non merci.
JER Mais non ! Sébastien est quand même un peu plus évolué que ça.
Sébastien entre. Il tient un carton et porte sur la tête un de ces fameux
chapeau ridicule.
SEB Doudou ! Regarde ce que j’ai acheté. On va s’amuser comme des folles ! (Il souffle dans un mirliton et ressort).
(Regards navrés de Jérôme et sourire de Chloé)
JER Oui… bon… je lui parlerai ! Mais il faut que vous réveillonniez avec nous.
FLO D’abord, c’est qui NOUS ?
JER Sébastien et moi bien sûr. Il y aura aussi Alex, que vous connaissez…
CHLOE LE A…a…a…lex ?
JER Oui !
CHLOE Je l’aime bien, lui, il est rigolo. Une fois il m’a draguée. Oui, il ne savait pas que j’étais… bref. Technique de drague très particulière. « Vou…ou… s…s…sa….sa..vez que que que vou…ou…êtes t....t…trè…très… jo…jo…olie. ». Faut pas être pressée. S’il fait l’amour à la vitesse où il parle, ça doit durer long… long… longtemps.
JER Faut pas se moquer, ce n’est pas de sa faute. Quand une femme lui plait, y’a un truc qui se bloque. Bref ! Donc Alex sera là, et puis il y aura aussi… (un peu gêné) Isabelle et Véronique.
CHLOE QUOI ? Tu ne penses tout de même pas que je vais faire la fête avec cette…
FLO Calme toi Chloé ! On sait qu’entre Véro et toi, ce n’est pas le grand amour. Mais de là, à l’insulter…
CHLOE Je te rappelle qu’avant d’être avec toi, j’étais avec Isabelle et que tout allait bien. Jusqu’à ce que Véronique lui raconte des trucs sur moi et qu’Isa me quitte.
FLO Et se mette avec Véro ! Oui, je sais !
CHLOE Celle là, si je la revois, je lui arrache les yeux. Je ne vais pas FAIRE la fête avec elle, je vais lui faire SA fête.
FLO C’est plutôt à Isabelle que tu devrais en vouloir.
CHLOE Tout est de la faute de Véro ! Se faire larguer dans ces conditions… Je n’ai même pas pu avoir une explication avec Isabelle.
JER Eh bien, cette soirée pourrait, justement, te permettre d’avoir cette explication. Mais, plutôt que vos histoires de cœur, si on en revenait à ce qui me préoccupe.
FLO Oui, continue ! On sait qu’il y aura, Alex, Seb et toi, Isa et… l’autre. C’est tout ?
JER Il y aura aussi Sandrine, une collègue de bureau.
CHLOE Ah oui ? Comment elle est ?
JER Hétéro !
CHLOE Ah ! Mauvais point. Ca commence mal.
FLO Pourquoi tiens-tu absolument à ce qu’on participe à votre petite fête ?
JER J’y viens ! Si vous voulez bien me laisser parler.
FLO Vas-y ! Tu ne seras plus interrompu.
JER Merci ! Donc…
Entrée de Sébastien.
SEB Excusez-moi, je pensais que vous aviez terminé. Jérôme, mon chou, je ne voudrais pas te bousculer, mais il faudrait avancer un peu. L’heure tourne et on a encore dix mille choses à faire. On ne sera jamais prêtes à temps.
JER (un peu énervé, parlant fort) OUI, OUI ! ON Y ARRIVE !
SEB Ne crie pas, ça me stresse !
JER (se calmant) Je ne crie pas. Je ne crie pas.
SEB Ah bon, j’avais cru. Heu… je peux te poser une question ? J’aimerais beaucoup mettre le petit débardeur en lamé rose et vert (NDA : ou autre, c’est selon ce que chacun trouvera) que je me suis acheté hier.
JER NON ! On en à déjà parlé, C’EST NON !
SEB Et voilà, tu cries encore !... Ca y est, je suis stressé. Bon, d’accord ! Je mettrai les oripeaux que tu choisiras, et je ne ressemblerai à rien. Eh ben tant pis, la honte sera sur toi. Parce que je dirai à tout le monde que c’est toi qui m’obliges à porter des horreurs… Pfff ! (il sort, relevant la tête, très digne)
JER Et dire que la journée ne fait que commencer ! Bon, j’en étais où ?
CHLOE Moi, j’ai perdu le fil depuis longtemps.
FLO Tu nous faisais la liste de vos invités et tu étais sur le point de nous dire pourquoi tu souhaites qu’on participe.
JER Oui, nos invités. C’est pas tout, on aura aussi des invités… surprises. Pas vraiment souhaités.
CHLOE Hou la ! On sent la bonne soirée ! Ca donne envie… de partir très loin.
FLO Alors, c’est qui tes invités surprises ?
JER ... Maman et papa !
FLO QUOI ?
JER Tu as bien entendu ! Maman et papa ! Ils SE sont invités. Maman m’a appelé hier soir pour me l’annoncer.
FLO Aïe ! Ca, c’est un sale coup. Mais pourquoi t’as accepté ?
JER Oh l’autre ! Pourquoi t’as accepté ? Pourquoi t’as accepté ? Tu crois vraiment que j’ai eu le choix ? Tu connais maman. Tout était déjà décidé, préparé, organisé, réglé.
FLO Mais ils… enfin ils ne…
JER Eh oui ! Ils ne ! Ils ne savent pas qu’on n’habite plus ensemble ! Ils ne savent pas pour Chloé et toi ! Et ils ne savent pas, non plus, pour Seb et moi. Bref, ils ne savent rien !
CHLOE Ah oui ! En résumé… vous êtes dans la merde.
JER Complètement !
FLO Mais il fallait annuler ! Les empêcher de venir !
JER Je lui ai dit qu’on ne serait pas seuls, qu’on aurait des amis. J’ai même essayé de lui dire que le voyage risquait de fatiguer papa, mais rien n’y a fait.
FLO Mais je ne sais pas moi, il fallait trouver quelque chose, un prétexte. Lui dire que… que…
CHLOE Que tu avais le chikungunya !
JER C’est sûr, ça l’aurait rassurée ! Et puis elle arrivait au milieu de la nuit avec une ribambelle de médecins.
FLO Et tu souhaiterais qu’on soit là, quand ils vont être mis au courant ? Ah non merci ! Tu imagines, papa, le coup que ça va lui mettre. Désolé mais j’aime autant pas voir ça. (elle se lève) Allez viens Chloé, on s’en va.
JER Eh la ! Attends un peu ma vieille. Tu ne crois tout de même pas que tu vas t’en tirer comme ça. Cette histoire, elle nous concerne tout les deux. On est, tout les deux, dans la même galère. Alors ne crois pas que tu vas te défiler aussi facilement.
CHLOE On se calme un peu. Ca a l’air d’être la fin du monde pour vous. Vous ne pouvez pas leur dire, tout simplement, la vérité.
JER – FLO Ah non, on ne peut pas !
CHLOE Mais enfin prenez vos responsabilités. Vous êtes adultes, vous avez le droit de mener vos vies comme vous l’entendez. Et si vous êtes heureux comme ça, vos parents seront heureux pour vous.
JER C’est pas si simple. Je ne suis même pas certain qu’ils savent que l’homosexualité existe.
FLO Alors imagine le choc !
CHLOE Ah bon ? Mais… ils habitent sur quelle planète ?
FLO Sur leur planète, à eux. Un monde où tout est conforme à la « norme ». Où tout est droit, bien ordonné, bien cadré, bien carré. Dans leur monde, l’homme est fait obligatoirement pour aller avec une femme. Et marié bien sûr ! Il n’est même pas question de vie commune, de concubinage ou de PACS. Alors l’homosexualité…
CHLOE Ben dis donc ! Vos parents, c’est les derniers des mohicans.
FLO Bon alors on fait quoi ?
CHLOE J’ai bien une idée.
FLO Laquelle ?
CHLOE Tirez-vous à l’étranger ! Il doit bien y avoir un avion pour n’importe où, mais loin !
JER Alex a eu une idée ! Une vraie idée !
FLO Ah ! Et… c’est quoi le plan ?
JER Très simple ! Personne n’est avec personne. On est juste une bande de copains et de copines qui se retrouvent pour fêter la nouvelle année. Voila, pas plus compliqué que ça. Bien sûr, il va falloir ne pas faire de gaffe, mais c’est jouable.
CHLOE Euh… Tu ne crains pas que Sébastien se fasse un peu remarquer.
JER Je m’en occupe. Je vais le briefer et ça devrait aller.
FLO (réfléchi un moment) De toute façon on n’a pas vraiment le choix.
CHLOE Tu dis que tu vas briefer Seb. Ca veut dire qu’il va devoir jouer le rôle d’un simple copain.
JER C’est ça l’idée.
CHLOE Donc, jouer la comédie.
JER Euh oui ! Autant que possible.
CHLOE Alors je suis partante. Je ne voudrais rater ça sous aucun prétexte. Je sens que ça va être un grand moment.
JER Et moi, je dois bien dire que ça me fait peur. Alea jacta est ! Comme on dit. Alors c’est réglé pour ce soir. Maintenant…
FLO Oh j’aime pas quand tu fais cette tête là. Quoi « maintenant » ?
JER Eh bien… comment dire… Euh… il faudrait, s’organiser pour les quelques jours qui viennent.
FLO Pardon ?… Pour les QUELQUES jours qui viennent ?
JER Oui ! Tu ne penses pas que papa et maman vont arriver pour le réveillon et repartir après… Ah non, ils comptent bien passer quelques jours ici… et quand je dis, ici, ça veut dire…ici ! Avec nous deux, bien sûr.
FLO Ca veut dire que…
JER Que tu dois revenir vivre ici, pour ces quelques jours. Bref, reprendre nos habitudes.
FLO Habitudes ? Ca fait 15 ans qu’on ne vit plus ensemble.
JER Tu as une autre idée ?
FLO Heu… non !... Et Sébastien ? On en fait quoi ? On l’empaille ?
JER Evidemment, il ne peut pas rester ici.
FLO Il est d’accord pour aller ailleurs ?
JER Disons que… pour l’instant… il ne sait pas encore qu’il va devoir partir.
CHLOE Ah ça devient très intéressant !
JER Et tu n’imagines pas à quel point cela va t’intéresser encore davantage.
CHLOE (inquiète) Ouh !!! Moi prévoir gros nuages au-dessus de ma tête.
JER J’avais pensé que, Sébastien devant s’exiler quelques temps… et Florence devant venir ici… on aurait peut être pu procéder à…. un échange.
CHLOE Tu veux dire... ? Flo ! On se casse !
JER Chloé, je t’en prie. Je t’en supplie ! Seb n’a nulle part où aller. Si tu fais ça, tu me sauves la vie. (désignant Florence) Tu NOUS sauves la vie. Et tu sauves la vie à mes parents également.
CHLOE Eh ben j’en sauve des vies moi ! Je mérite une médaille.
JER A défaut de médaille, tu auras ma reconnaissance éternelle.
CHLOE Ca me fera une belle jambe ! Et puis non, c’est pas possible !
JER Pourquoi ?
CHLOE Tu connais notre appartement. C’est pas très grand, et il n’y a qu’une seule chambre, donc un seul lit. Ca veut donc dire que je devrais partager ce lit avec Seb ! Un homme !
JER Un homme, un homme ! Au départ, oui, mais après… Et puis on ne te demande pas de coucher avec lui, mais de dormir avec lui. Allez Chloé, s’il te plait.
CHLOE Mais pourquoi moi ? Vous avez des tas de potes, non ?
JER Oui, mais aucun qui soit capable de supporter Seb plus de deux heures. Chloé…
CHLOE (réfléchi assez longuement) … Bon…Ouais, d’accord !
JER Magnifique ! Merci à toutes les deux.
FLO Heu… j’y pense ! Ils arrivent quand ?
JER En fin d’après midi. Je dois aller les chercher à la gare.
FLO Ca veut dire que Sébastien et moi devons faire l’échange d’appartement avant qu’ils arrivent. Et surtout, il faut annoncer à Sébastien qu’il déménage.
CHLOE Bon courage Jérôme !
JER Je vais en avoir bien besoin !
FLO Alors on te laisse faire. Je dois préparer mes affaires pour ces quelques jours de… vacances. A quelle heure j’emménage ?
JER Dès que tu peux ! Il faut qu’on ait le temps de s’organiser, et toi de prendre ou de reprendre tes marques.
FLO Alors on y va. Salut frérot. A tout’ !
CHLOE Salut Jérôme ! Et t’angoisse pas, ça va aller… enfin, fait une petite prière quand même.
Elles sortent.
JER … Et maintenant, il faut mettre Sébastien au courant.
NOIR COURT
ACTE 2 Scène 2 : Sébastien - Jérôme
La scène est vide.
Sébastien sort de chambre 1 suivi de Jérôme.
SEB Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! Comment peut-on ? Mais comment peut-on ? Comment peux-tu me demander une telle chose ?
JER Ce n’est tout de même pas si terrible que ça.
SEB Non bien sûr ! Tu me mets à la porte, mais ce n’est pas grave.
JER Je ne te mets pas à la porte. Je te demande, simplement, d’aller passer quelques jours chez Chloé.
SEB Tu voudrais te débarrasser de moi que tu ne t’y prendrais pas autrement. Déjà que tu tiens à ce qu’on fasse chambre à part…
JER Ah non, ne joue pas à ça, ce n’est pas le moment. Pour ce qui est de faire chambre à part, je te l’ai dit, je déteste dormir avec quelqu’un et en plus tu ronfles.
SEB Moi, je ronfle ?
JER Oh oui ! Même chambres séparées, je t’entends encore.
SEB C’est à cause de ma luette. J’ai une grosse luette. Je suis sûr que tu n’as jamais remarqué que j’avais une grosse luette.
JER C’est vrai, j’avoue…
SEB Voilà ! Tu ne fais jamais attention à moi.
JER Pas jusqu’à aller voir la taille de ta luette.
SEB Mais moi, je n’ai pas envie de partir. En plus, chez une fille. Si les copines apprennent ça, ça va jazzer.
JER Eh bien, ça jazzera ! On s’en fiche des autres.
SEB On pourrait peut-être dire à tes parents qu’on est colocataires.
JER Mes parents sont peut être un peu déconnectés, mais ils ne sont pas tout à fait idiots.
SEB Je ne vois pas ce qui pourrait leur mettre la puce à l’oreille.
JER Toi, tout simplement.
SEB Moi ? Je ne vois pas pourquoi ? Qu’est ce que j’ai de spécial ?
JER Mais tout ! Ton look, tes manières, ta façon de parler, tout est spécial chez toi. On ne peut pas dire que tu passes inaperçu.
SEB Oh mais je ne cherche pas à passer inaperçu. J’ai un certain style (prononcé à l’anglaise) et je l’assume.
JER Tant mieux pour toi. Mais mes parents ne seront pas dupes. Et puis je te rappelle que je suis sensé cohabiter avec ma sœur.
SEB Si j’ai bien compris, je n’ai rien à dire. Et puis c’est vrai qu’ici, c’est chez toi. Alors je vais aller préparer mes affaires, puisque je n’ai pas le choix. Euh… ce soir, je suis tout de même invité ou je suis persona non grata ?
JER Ca ne change rien pour ce soir ! Enfin… si, un peu quand même.
SEB Ah ! Qu’est qu’il va encore me trouver ?
JER Puisqu’on parlait de ton… style, il serait peut être bon de… de ne pas trop le mettre en avant.
SEB Ce qui veut dire ?
JER J’aimerais bien que tu sois un peu plus… un peu plus mâle.
SEB Ca y est ! Nous voilà partis dans La Cage Aux Folles. Bientôt, il va me montrer comment beurrer une biscotte.
JER Ce que je te demande, c’est de faire tout ce que tu peux pour ne pas éveiller les soupçons chez mes parents.
SEB Eh ben ça ne va pas être facile ! Je n’ai pas l’habitude.
JER Fais, au moins, un effort. Fais sobre !
SEB Je vais faire de mon mieux. Surtout que, si ton papa est cardiaque, je ne tiens pas à être responsable d’un accident.
JER Merci ! Maintenant va te préparer, Florence va bientôt revenir et on a deux ou trois petites choses à régler.
SEB (en sortant) Quand même ! Toi tu m’en auras fait faire. Ah mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! Comment peut-on ? Mais comment peut-on ? (il sort chambre)
JER Tu vas passer deux ou trois jours à l’autre bout de Paris, et on a l’impression que tu pars en pleine jungle pour 6 mois.
ACTE 2 Scène 3 : Alex - Jérôme –Sébastien
On sonne. Alex entre.
ALEX Salut Jérôme !
JER Salut Alex !
ALEX Alors ? Comment ça se présente ?
JER Je ne le sens pas !
ALEX Pas de panique, ça va aller. Ta sœur ?
JER Je l’ai mise au courant. Elle est partie chercher ses affaires.
ALEX Et Seb ?
JER Comme d’habitude ! Il joue les martyrs. Il a quand même accepté de s’éloigner quelques jours mais ça n’a pas été facile de lui faire comprendre.
ALEX Ah, au fait ! Tu as prévenu les autres invités ?
JER Isa et Véro ! J’ai oublié. Je le fais tout de suite.
ALEX Tu as plutôt intérêt sinon elles risquent de ne rien comprendre à la situation.
Jérôme va au téléphone, compose un numéro et attend.
Entrée de Sébastien, sac de voyage à la main.
SEB Ah Alex, tu es là ! C’est gentil d’être venu me faire tes adieux.
ALEX Des adieux ? Mais je te rappelle qu’on se revoit tout à l’heure.
SEB Ca, c’est pas sûr !
JER Je n’arrive pas à les joindre. J’ai laissé un message, j’espère qu’elles l’auront à temps.
SEB Qui est-ce que tu appelais ? Si ce n’est pas indiscret. Maintenant que je sors de ta vie…
JER Tu ne sors pas de ma vie ! Tu sors simplement de mon appartement ! Deux ou trois jours.
SEB On dit ça ! Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! Comment peut-on ? Mais comment peut-on ?
JER (soupir)
ALEX Pourquoi tu disais « Ca n’est pas sûr » pour ce soir ?
SEB Je ne sais pas si je viendrai.
JER Qu’est ce que c’est encore que cette histoire ?
SEB J’ai bien compris que je ne serai pas le bienvenu.
JER N’importe quoi ! Est-ce que j’ai dis ça ?
SEB Pas besoin de le dire pour que je comprenne. Je sais lire entre les lignes. Oh mon petit Alex, si tu savais ce que j’endure !
JER Arrête un peu ton cinéma.
SEB (ignorant Jérôme) J’ai la permission de participer à la fête mais il ne faut pas que ce soit moi.
ALEX Comprends pas !
SEB Monsieur veut un autre style. Mâle ! Sobre ! Mais pas un Seb. Seb il n’a pas droit à la parole. On fait fi de ce qu’il pense, de ce qu’il dit, de ce qu’il ressent. Oh mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! Que la vie peut être cruelle.
JER Allez ça suffit maintenant, tu me gonfles. Arrête de jouer les pleureuses.
SEB (pleurnichant) Les pleureuses ! Oh ce qu’il ne faut pas entendre. Alex, tu me connais bien toi. Tu sais que je ne suis pas exigeante. Je suis une personne simple et discrète.
ALEX Mais tout à fait ! Tout le monde le sait !
SEB Moi, je ne demande pas grand-chose. Juste être là, près de mon petit Jéjé. Pour le câliner, le cajoler, le réconforter, le protéger. Si besoin, je me battrais pour lui.
JER (riant) Te battre pour moi ! J’aimerais beaucoup voir ça. Oh mais c’est vrai, j’oubliais que derrière ce masque, se cache le terrible agent PI 3,14.
ALEX Hein ? Vous avez fumé ou quoi ? C’est quoi ce délire ?
ACTE 2 Scène 4 : Florence – Jérôme – Sébastien – Alex –Chloé
On sonne. Entrée de Florence (sac de voyage), suivie de Chloé.
FLO Qu’est ce qui se passe ? Vous en faites des têtes.
JER Sébastien nous fait une crise de contrarellite aigue. Mais ça va passer.
SEB Ca, c’est pas sûr !
FLO Bonjour !
ALEX B… b…bonjour Fl… Fl... Florence.
CHLOE (aguicheuse) Bonjour Alex
ALEX S… S… Salut C… C… Chlo…é.
JER Chloé, c’est pas sympa ce que tu fais.
CHLOE Quoi ? Je dis bonjour.
ALEX A… Alors, c’est… c’est t…toi qui va héb…berger… S…
CHLOE Eh bé, on n’est pas arrivé !
ALEX S… Sé…baaastien. I… Il… en a d…d…de… la… la…ch… ch… chance.
SEB Si tu veux prendre ma place, ne te gêne surtout pas.
CHLOE (toujours aguicheuse) Qu’est ce que tu en dis Alex ?
ALEX J’aim… j’aim… j’aim…
FLO Chloé viens m’aider à défaire mes affaires. (elles vont chambre 1)
JER Et moi j’essaie de rappeler Isabelle et Véro.
Il s’écarte pour téléphoner
ALEX J’ai… merais bien être à sa place.
SEB Dis moi Alex, comment tu les trouves Florence et Chloé ?
ALEX Bien ! Pourquoi ?
SEB Tu n’en pincerais pas un peu pour elles ?
ALEX Moi ? Qu’est ce que tu vas penser. Je les trouve (retour de Chloé et Florence) t… t… très… s…s…ymp…p…pa… pa… pathiques.
CHLOE Eh ben ça ne s’arrange pas.
JER Impossible de les joindre. A quoi ça sert d’avoir des portables ?
CHLOE Sébastien, tu es prêt ?
SEB Oui ! Toutes mes petites affaires sont dans mon sac. J’espère n’avoir rien oublié.
CHLOE Ne t’inquiète pas. Si tu as oublié une crème ou du maquillage, je te dépannerai
SEB Faut voir. J’ai la peau fragile, je ne mets pas n’importe quoi.
CHLOE Hou la précieuse ! Allez, on y va. A tout à l’heure.
JER A ce soir !
SEB Je ne sais pas ! On verra !
CHLOE Mais oui, il sera là. Viens Seb, on va se faire belles.
SEB Ouh oui ! Je te donnerai des conseils.
CHLOE Ca, c’est agréable !
Chloé et Sébastien sortent.
ALEX J’y… y…vais, moi au…ssi. A t… out à… à…. l’heure F… F… Flo…rence.
FLO A plus.
Sortie d’Alex
FLO Maintenant, on fait quoi ?
JER On va d’abord changer un peu la déco.
Ils s‘affairent à enlever des tableaux ou des posters et tous les objets qui
pourraient éveiller les soupçons.
FLO Tout est prêt pour ce soir ? Qu’est ce que vous aviez prévu ?
JER Heu… A vrai dire, c’est Sébastien qui s’occupait de tout, et je ne suis pas trop au courant. Je n’ai même pas pensé à lui demander ce qu’il y avait à faire. Je crois qu’il avait prévu un buffet, mais je n’en sais pas beaucoup plus. Je vais lui passer un coup de fil. (au téléphone) … Zut c’est son répondeur. Sébastien, c’est moi. Rappelle-moi dès que tu peux. J’ai besoin d’informations pour le buffet de ce soir. Merci. A plus. (à Florence) Je suis certain qu’il ne rappellera pas.
FLO Pourquoi ?
JER Je l’entends d’ici ! (imitant Sébastien) « Hum ! On se débarrasse de moi quand je gêne, mais quand on a besoin…. Eh bien débrouille-toi tout seul. Et toc ! »
FLO Alors on va se débrouiller. Tu crois que ça va aller ce soir ?
JER Ca me fait peur. Et puis en même temps, je me dis que si la vérité devait éclater, ce serait fait. Plus j’y pense et plus je me dis qu’on aurait dû tout leur avouer depuis longtemps.
FLO On a été assez lâches sur ce coup là.
JER Disons plutôt, qu’on a voulu les protéger et ne pas leur faire de peine. Etait-ce la bonne solution ? Et puis même si on arrive à leur cacher encore cette fois, ça va durer combien de temps ? Il faudra bien qu’ils l’apprennent un jour ou l’autre. Plus on attend et plus on ment. Et je dois dire que ça ne me met pas bien à l’aise dans mes baskets.
FLO Moi non plus, mais ce n’est pas le bon moment pour leur dire.
JER Alors les dés sont jetés ! On va faire comme prévu et si se passe mal, on avisera. De toute façon, je ne vois pas ce qu’on peut faire d’autre. Allez aide moi.
NOIR COURT
ACTE 2 Scène 5 : Jérôme – Florence – Robert - Annie
JER Voilà, c’est ici ! Entrez ! (ils entrent) Florence ! On est là !
Florence sort de cuisine.
FLO Bonjour Papa ! Bonjour Maman ! (embrassades) Comment ça va ? Vous avez fait bon voyage ?
ROBERT Aïe ! La question qu’il ne fallait pas poser.
ANNIE Bon voyage ? Ah non alors ! Pas fâchée d’être arrivée. Je ne suis pas prête de reprendre le train.
ROBERT Il faudra bien le prendre pour repartir.
JER Qu’est ce qu’il s’est passé ? Un problème ?
ROBERT Pas un problème mais un scandale. Enfin, d’après ta mère. Figurez-vous que le train avait 4 minutes de retard. Inimaginable !
ANNIE De mon temps les trains étaient à l’heure. A l’heure juste ! Départ 13 h 23, c’est départ 13 h 23 ! Pas 13 h 27 !
ROBERT Voilà, ça a commencé comme ça ! 4 minutes de retard et j’en ai entendu parler pendant 1 h. Et je ne suis pas le seul à en avoir entendu parler. Non ! Tout le train en a entendu parler ! Et surtout le contrôleur. Le pauvre ! Qu’est ce qu’il a pris ! J’ai cru qu’on en aurait pour tout le voyage, mais heureusement, ça n’a duré QUE 1 h parce qu’un autre événement est survenu qui a mis fin à ses jérémiades.
JER Quoi donc ?
ROBERT Eh bien, après que le contrôleur ait tenté de se jeter du train, et que ta mère se soit calmée, il a fait son travail de contrôleur, et il a contrôlé… le billet de ta mère… qu’elle n’avait pas composté. Et là, il a commis une terrible erreur. Il a voulu lui dresser une amende. Alors là ! Ca a été un grand moment. Oh oui, un grand moment. La Bataille du rail ! Furia à la SNCF ! Ouragan sur le Bordeaux-Paris ! Du coup, le contrôleur a renoncé à l’amende. Il a aussi renoncé à contrôler les autres voyageurs. Et puis il a essayé une deuxième fois de se jeter du train, par la fenêtre. C’est d’ailleurs comme ça qu’on s’est aperçu qu’une fenêtre de train, c’est beaucoup plus solide qu’une tête de contrôleur. (rires de Jérôme et Florence)
ANNIE Est-ce que je savais qu’il fallait composter le billet ? Ils ne peuvent pas le faire eux même ? On paie assez cher.
FLO Allez, tout ça n’est plus qu’un mauvais souvenir. Comment trouvez-vous l’appartement ? Sympa non ?
ANNIE Vous auriez pu en prendre un au rez-de-chaussée, ou dans un immeuble avec ascenseur.
ROBERT Oh tu ne vas pas recommencer à râler. Elle n’est jamais contente. Ecoute, si c’est pour t’entendre te plaindre tout le temps, moi, je repars illico. Déjà qu’à la maison, tu ne fais que ça. Alors pour une fois qu’on sort, s’il te plait…
FLO En tout cas, ça fait plaisir de vous voir ici.
ANNIE Pour se voir, il faut bien qu’on se déplace puisque vous nous avez oubliés.
FLO Oh maman ! N’exagère pas ! On vient vous voir tous les étés pendant les vacances et on se téléphone toutes les semaines.
ROBERT Annie n’a jamais pu admettre que vous vous installiez à Paris.
ANNIE Je me demande ce que vous pouvez aimer dans cette ville. C’est gris, ça pue les gaz d’échappement, et les gens courent tout le temps. Je ne suis là que depuis une demi-heure et je suis effarée. Je n’étais jamais venue à Paris mais je ne le regrette pas. Qu’est-ce que vous êtes venus faire ici ?
FLO C’est ici qu’on a trouvé du travail. Parce que chez nous, ça pue peut-être moins, mais du boulot, il n’y en a pas. C’est sûr que les gens ne courent pas pour y aller, y’en a pas !
ROBERT Mais qu’est ce que tu crois ? Qu’ils allaient passer leurs vies dans tes jupes, dans notre trou perdu. Tu n’as pas encore compris que les temps ont changé, que les jeunes ont d’autres envies que celles que tu pouvais avoir à leur âge. Que…
ANNIE Ca y est ! Le grand orateur est parti dans une de ses démonstrations fumeuses.
ROBERT Tu sais ce qu’elles te disent mes démonstrations fumeuses ?
FLO Hé ! On se calme ! Vous n’êtes pas venus ici pour régler vos comptes.
JER Ca commence bien. Excusez-moi mais je vous laisse un moment.
FLO (en aparté à Jérôme) Tu ne vas pas me laisser seule avec eux.
JER Juste un instant, je n’ai pas encore réussi à contacter Isa et Véro. (à ses parents) Florence va vous montrer votre chambre. Installez-vous et prenez votre temps. Et puis essayez de vous détendre un peu. Je reviens tout de suite et on pourra discuter en prenant un verre.
ANNIE Un verre ? Pourquoi ? Tu bois ?
JER Mais non maman, je ne bois pas. Allez, à tout de suite.
Il sort couloir extérieur
FLO Je vous fais visiter ?
ROBERT Volontiers.
FLO Alors ici, vous l’aurez compris, c’est le salon. (elle va ouvrir les portes, tour à tour, pour qu’ils jettent un œil ) Là, la chambre de Jérôme…
ANNIE Je m’en serais doutée. Un capharnaüm, comme quand il était petit.
FLO Ici, la chambre de Séb… de… de moi. Ma chambre. Qui sera la vôtre pour ces quelques jours.
ANNIE Ah voila ! Là je te retrouve ! Aérée, parfumée, bien rangée, décorée avec goût. Une vraie chambre de fille.
FLO Normal ! (traversant la pièce) Par ici, la cuisine.
ANNIE Ca ! Une cuisine ? C’est minuscule !
FLO Oui mais tu sais c’est largement suffisant pour eux.
ANNIE Pour eux ? Qui eux ?
FLO J’ai dit « pour eux » ? Oh non, j’ai dis… « pour deux… pour deux c’est largement suffisant » pas « pour eux ». (changeant rapidement de sujet) Et puis ici une grande pièce où l’on peut recevoir, et faire la fête.
ANNIE Ah, vous organisez des fêtes ? Avec des filles et des garçons ?
FLO Ben… oui bien sûr ! Parce que faire la fête à deux…
ANNIE Rassure-moi ! Il n’y a pas d’alcool dans vos fêtes.
ROBERT Bien sûr que si ! Et puis de la drogue. Sexe, drogue, et Rock’N Roll ! Yeah !
ANNIE Florence, rassure-moi !
FLO Mais non maman, il n’y a pas d’alcool. Et puis tu sais, les fêtes, c’est très rare. Pratiquement jamais. Voilà, on a fait le tour. La salle de bain est juste derrière les chambres. Vous y avez accès directement depuis la vôtre.
ROBERT Vous avez un bel appartement. Ca doit coûter en loyer.
FLO C’est vrai que ce n’est pas donné, mais Jérôme gagne très bien sa vie.
ROBERT Et toi ?
FLO Heu… moi aussi. Enfin, ça va. Ca me permet de participer au frais. Voilà ! Je pense que vous avez besoin de vous reposer un peu. Ce soir, c’est la fête. (Elle les emmène vers chambre 1. Florence referme la porte, s’y appuie en soufflant) 1e round et j’ai déjà failli me faire mettre K.O. Ca promet.
Entrée de Jérôme
JER Tu n’as pas l’air bien ? Quelque chose qui ne va pas ?
FLO Si, si, ça va ! Mais il faut vraiment faire attention à tout ce qu’on dit.
JER Tu n’as pas fait de gaffe ?
FLO Non, pas encore ! Mais ça va être chaud ! Et toi, tu as réussi à avoir Véro et Isabelle ?
JER Non, impossible de les contacter. Il va falloir les mettre au courant de la situation, discrètement, quand elles arriveront. Comme tu dis : « Ca va être chaud ».
NOIR
FIN ACTE 2
ACTE 3
Scène 1 : Annie – Robert – Jérôme – Florence
Robert est assis et lit une revue. Florence et Annie sortent de
la cuisine avec des plats. Ils croisent Jérôme qui sort de la salle à manger et
va vers la cuisine. Florence entre dans la salle à manger. Annie s’arrête.
ANNIE (A Robert) Tu pourrais peut-être nous aider.
ROBERT Oui, je pourrais… mais non ! Quoi que je fasse, ça ne te conviendra pas.
ANNIE Pfff (elle va vers la salle à manger quand Florence en sort allant direction cuisine. Annie s’arrête sur le pas de la porte) Mais Florence, tu as mis les assiettes et tu n’as pas mis de nappe.
ROBERT Qu’est ce que je disais !
JER (de retour cuisine) On n’a pas de nappe.
ANNIE Pas de nappe ? Mais il faut absolument une nappe !
ROBERT Mais puisqu’il te dit qu’il n’en a pas !
ANNIE De quoi je me mêle Monsieur Je Touche à Rien.
JER Ecoute maman, on n’a pas de nappe, on n’en met jamais. La table ne craint rien. C’est un revêtement spécial.
ANNIE Oui mais, une nappe, c’est plus joli. Bon, après tout, tu es chez toi.
FLO (sortant de la cuisine avec un autre plat) Cool maman ! Cool ! (elle emmène le plat dans la salle à manger et revient)
ANNIE Et les fleurs. Vous avez pensé aux fleurs.
JER Pas de fleurs !
ROBERT Ni fleur ni couronne !
ANNIE Et les cotillons ? Vous avez quand même prévu les cotillons.
JER Non maman ! Pas de cotillons. Ecoute. C’est nous qui organisons ce réveillon. Donc ce sera un réveillon à notre façon. Pas de nappe, pas de fleurs et pas de cotillons.
ROBERT Sexe, Drogue et Rock’N Roll ! Yeah !
ANNIE Bon, d’accord, on se passera de nappe, de fleurs et de cotillons. Mais tant qu’on y est, ne pourrait-on pas, également, se passer de votre père ?
ROBERT Ah sûrement pas ! Pour une fois qu’on va avoir un réveillon intéressant. Je ne veux pas rater ça. Ca changera de nos réveillons habituels
ANNIE Qu’est ce qu’ils ont nos réveillons habituels ?
ROBERT Pas très drôles ! Déjà, c’est en tête à tête avec toi. Ensuite c’est toujours le même menu : Soupe de poisson, ragout de bœuf, et tarte au citron. Comme repas de réveillon, il y a mieux. Au fait, j’en profite pour te dire que j’ai horreur de la tarte au citron ! Et pour finir, c’est messe de minuit devant la télé.
ANNIE Eh bien maintenant, tu les organiseras toi-même, nos réveillons.
ROBERT Yeah ! Ca va être : Sexe, Drogue et Rock’N Roll. (regardant Annie et faisant la moue) Non, pardon ! Ce sera : Drogue et Rock’N Roll… et peut être Sexe… mais après beaucoup de drogue.
ANNIE Imbécile ! (elle retourne à la cuisine. Florence la suit)
JER Papa, tu y vas fort avec maman. C’est toujours comme ça entre vous ?
ROBERT Non… des fois c’est pire ! Tu te rappelles de ta grand-mère Lucette, la mère de ta mère. Et tu te rappelles de ce qu’elle faisait endurer au grand-père.
JER Oh oui, je m’en souviens.
ROBERT Eh bien ta mère est devenue exactement comme elle. Physiquement et dans l’état d’esprit. Ecoute bien, fils, je vais te donner un conseil. Si un jour tu envisages de te marier, eh bien avant de le faire, regarde bien ta future belle-mère. Tu auras un aperçu de ta femme trente ans plus tard. Crois-moi, ça calme.
JER Je m’en souviendrai. Mais je ne pense pas avoir ce problème.
Florence (avec une bouteille de champagne et des verres) et Annie sortent de
la cuisine.
ANNIE Qu’est ce que vous racontez en cachette ?
JER Papa me donnait quelques conseils.
ANNIE Alors ne les suit surtout pas.
FLO Et si vous enterriez la hache de guerre un moment. Pour une fois que vous venez. Et avant que nos invités arrivent, je propose de trinquer.
JER Bonne idée. (il ouvre la bouteille et fait le service)
ANNIE Juste une coupe sinon je vais être pompette. (Jérôme va pour servir Robert) Ah non, pas d’alcool pour lui. Après son opération, c’est interdit.
JER Une coupe de champagne ne peut pas lui faire de mal.
ROBERT Bonne parole fils ! (à Annie) Et puis toi, laisse-moi vivre un peu. Sous prétexte de cette opération, je ne peux plus rien faire. Tout ce qui est bon m’est interdit. Et pas par les médecins ! Non ! Par votre mère ! Pas de graisse, pas de sucre, pas de sel, pas d’alcool, pas d’émotions, pas de sexe… ah non, ça, déjà avant y’avait pas.
ANNIE Oh Robert !
FLO (levant son verre) Allez, trinquons à votre venue à Paris et à nous.
TOUS A nous !
ACTE 3 Scène 2 : Jérôme – Alex - Robert – Florence - Annie Sandrine
On sonne à la porte, Jérôme va ouvrir.
JER Salut Alex !
ALEX (entrant avec des fleurs) Je suis le premier ?
JER Oui. Entre, que je fasse les présentations. Papa, maman, je vous présente Alex, un copain. Alex, voici ma mère, mon père…
ROBERT (chantant) « Mes frères et mes sœurs, oh oh. »
JER Ne t’inquiètes pas, il n’est pas toujours comme ça.
ALEX (tendant son bouquet à Florence) B…bon…bonsoir Flo… Florence. T… tiens, c’… c’… c’est p… c’est poupou
ROBERT Vas-y poupou !
JER Papa ! Alex a un petit problème d’élocution lorsqu’il est en présence d’une femme.
ALEX Pour t… t… toi !
FLO Merci Alex, elles sont magnifiques. Je vais les mettre dans un vase. (elle sort cuisine)
ROBERT Profites-en pour ramener des amuse-gueule.
ANNIE Voilà quelqu’un qui a du savoir vivre. Tu vois Jérôme, tu ne voulais pas de fleurs mais tu en as quand même (à Alex) Vous n’auriez pas apporté une nappe, par hasard ?
ALEX ??? Heu non !
JER Ne fais pas attention. Tu prendras bien une coupe de champagne.
ALEX Oui merci ! (en aparté à Jérôme) Alors, comment ça se passe ?
JER Pour le moment ça va. Mais ça ne fait que commencer.
On sonne. Jérôme va ouvrir à Sandrine, ils s’embrassent.
JER Bonsoir Sandrine.
SAND Bonsoir Jérôme. Tiens, j’ai apporté une bouteille. Je ne voulais pas venir les mains vides.
ROBERT De la vodka ! Et c’est pas la plus mauvaise, celle là !
ANNIE N’y pense même pas !
JER C’est gentil mais il ne fallait pas. Merci. Je vous présente Sandrine, une collègue de travail. Sandrine, voila Florence, ma sœur, Alex, un copain…
ALEX En… En… En…
ROBERT Respire Alex, ça va venir !
ALEX Enchanté !
ROBERT Eh ben voilà !
JER Et voici mes parents, qui nous font la bonne surprise de s’être invités à la dernière minute.
SAND Madame, Monsieur.
ROBERT Ah non pas de chichi entre nous. On est là pour faire la fête, alors appelez-moi Robert.
SAND Entendu Robert.
ALEX Je vous s… s…
ROBERT (à Sandrine, en aparté) Il a un problème à l’allumage.
ALEX …Sers une cou…oupe ?
SAND Avec plaisir.
JER Sandrine, viens avec moi, je vais te débarrasser de ton manteau. (en aparté) Il faut que je t’explique rapidement la situation.
Ils sortent chambre 2.
ANNIE Hum ! Hum !
ROBERT Quoi ? Hum ! Hum !
ANNIE Ils font un joli couple, tu ne trouves pas ?
FLO Jérôme et Sandrine ? Mais…
ANNIE J’ai tout de suite compris. Je ne suis pas née de la rosée du matin.
ROBERT Non, ça se saurait et puis…ça se verrait aussi.
Retour de Jérôme et Sandrine.
JER Maintenant on la boit cette coupe ?
Ils boivent. Pendant qu’Alex, Sandrine et les parents discutent, Florence
entraîne Jérôme à l’écart.
FLO Maman semble penser que tu es avec Sandrine. C’est l’occasion rêvée pour qu’elle ne se doute de rien.
JER Tu crois ?
FLO Vas-y à fond !
JER Je vais faire de mon mieux.
FLO (Annie viens vers eux) Attention, voila maman.
ANNIE Dites, votre ami Alex, c’est… bizarre son handicap, non ?
JEROME Qu’est ce que tu veux dire ?
ANNIE Se mettre à bégayer devant les femmes, ça veut dire qu’il n’est pas à l’aise avec.
FLO Peut être, et alors ?
ANNIE Ben… il ne serait pas un peu… de la jaquette ?
Jérôme manque de s’étouffer.
FLO Maman !
ANNIE Ben quoi ? Il parait que ça existe. Vous imaginez ? Le drame pour la famille.
JEROME Alex n’es pas… de la jaquette, comme tu dis. On le connait depuis longtemps. On l’aurait remarqué.
FLO Oh oui, on l’aurait remarqué.
ANNIE Mes pauvres petits. Ce que vous pouvez être naïfs tout de même.
FLO Et puis cela ne nous regarde pas. Excuse-nous maman, Jérôme et moi devons terminer la mise en place du buffet. (ils sortent vers pièce repas. Annie retourne vers les autres)
ACTE 3 Scène 3 : Annie – Robert – Alex – Sandrine
ANNIE (à Alex) Il y a longtemps que vous connaissez Jérôme et Florence ?
ROBERT Ca y est ! Voila l’interrogatoire qui commence ! (à Sandrine et Alex) Un conseil, avouez tout, tout de suite !
ANNIE J’ai tout de même le droit d’en savoir un peu plus sur les amis de nos enfants.
ROBERT Mais bien sûr ! On s’en reboit une petite, Alex ?
ANNIE Mais enfin Robert ! Tu n’es pas chez toi ! Un peu de tenue. Et plus d’alcool pour ce soir.
ROBERT Oh la barbe ! On est chez nos enfants, c’est le réveillon de l’an, alors relax. Détends-toi un peu. En tout cas, moi, je me ressers.
ANNIE Je te préviens, c’est ton dernier verre. D’ailleurs, ce soir, c’est jus de fruits pour tout le monde.
ROBERT Pfff !!! Super ! Sandrine, Alex, vous m’accompagnez ?
SAND Avec plaisir Robert.
ALEX Pas pour moi, merci.
ANNIE Moi non plus.
ROBERT De toute façon, on ne t’en proposait pas !
SAND Jérôme m’a dit que c’est la première fois que vous venez à Paris.
ANNIE C’est vrai ! Cette ville me stresse. Et puis il y a tellement de gens… (regardant Alex) bizarres.
ROBERT En même temps, qu’est ce qui ne te stresse pas.
ANNIE Et puis on est si bien chez nous. Et vous ? Vous êtes parisiens ?
ALEX Moi oui !
SAND Pas moi ! Je suis de X (peu importe).
ALEX Et c’est… c’est... c’est…
ROBERT Cé-Cé-Cé Célimène (petit pas de danse)
ANNIE Mon Dieu ! Pourquoi m’avez-vous infligé cela ?
ROBERT Désolé Alex. Je ne voulais pas me moquer, mais je n’ai pas pu résister.
ALEX Oh vous savez, j’en ai déjà tellement entendu que cela ne me vexe plus depuis longtemps. J’ai l’habitude.
ANNIE C’est bizarre votre problème en présence des femmes.
ALEX En fait, ce n’est pas en présence des femmes. Non, c’est juste lorsque je m’adresse à une femme séduisante. Voyez, en ce moment je vous parle normalement.
ANNIE … Ce qui veut dire que je ne suis pas séduisante. Quel tact !
ALEX Non, ce n’est pas ce que je voulais dire. En fait, je me mets à bégayer uniquement devant une femme qui me plait… Ce qui ne veut pas dire que vous ne me plaisez pas, bien au contraire, vous êtes charmante… (regard vers Robert) Enfin non, vous ne me plaisez pas… (regard vers Annie) Enfin si, mais… Finalement, je crois que je vais reprendre une coupe.
SAND Ne vous en faites pas Alex, on a compris. Que vouliez-vous me demander ?
ALEX Je v… v… voulais vou… vou…
ROBERT Attendez, on va vous aider. Faites comme si ma femme était Sandrine… Oui je sais, il faut faire un gros effort, mais essayez tout de même, et demandez à ma femme ce que vous souhaitez demander à Sandrine.
ANNIE Eh bien ça va être simple.
ROBERT C’est pour l’aider. Fais un effort, toi aussi. Allez-y Alex.
ALEX (se tournant vers Annie). Je voulais savoir si c’était le travail qui l’avait amenée à Paris.
SAND En effet !
ROBERT Ben voilà ! Ca marche ! On va gagner du temps.
SAND J’ai été recrutée par la société où travaille Jérôme. C’est comme ça que j’ai fais sa connaissance.
ALEX (à Sandrine) Et ça… ça… ça… (Robert le tourne vers Annie) Et ça vous plait ?
ANNIE Quoi donc ?
ROBERT Mais ce n’est pas à toi qu’il parle, c’est à Sandrine.
ANNIE Comment veux-tu que je m’y retrouve moi ? Il est quand même très particulier qu’un homme vous regarde droit dans les yeux pour poser une question à une autre personne. Du coup je ne sais plus la question.
ROBERT Mais on s’en fiche puisque ce n’est pas à toi qu’elle est posée. Oh et puis arrête de compliquer les choses.
ANNIE Parce que c’est moi qui complique les choses ? Eh bien puisque c’est ça, débrouillez-vous sans moi. Je vais aider Florence et Jérôme. (elle sort pièce repas)
ACTE 3 Scène 4 Robert – Sandrine - Alex
ROBERT Alors Sandrine, vous n’avez pas répondu. Est-ce que votre travail vous plait ?
SAND Oui beaucoup.
ROBERT (à Alex) Autre question Alex ?
ALEX Oui mais…
ROBERT Mais quoi ?
ALEX J’aurais des questions… disons plus… personnelles et c’est un peu gênant.
ROBERT Gênant ? Où il y a de la gêne il n’y a pas de plaisir. Et puis on peut bien s’entraider entre homme, non ? Si ça peut vous rassurer, je n’écouterai même pas vos questions. Que voulez-vous savoir ?
ALEX (vers Sandrine) Vou….vou… vous vous…
ROBERT (le tourne vers lui) Allez-y !
ALEX C’est tout de même très gênant.
ROBERT Allez !
ALEX (regardant Robert droit dans les yeux) Vous vous plaisez à Paris ?
SAND Oui beaucoup.
ALEX (même jeu) Vous avez fait des rencontres ? Un petit copain peut- être ?
SAND Euh… non, pas de petit copain.
ALEX Ah ! Avez-vous déjà visité la ville ?
SAND Je suis juste allée voir le plus classique. La tour Eiffel, les Champs Elysées et l’Arc de Triomphe. La ville est tellement grande et il y a tellement à découvrir que je ne sais pas par où commencer.
ALEX (Reviennent, Annie, Jérôme et Florence qui s’arrêtent sur le pas de la porte, médusés) Je pourrais peut être, être votre guide et vous faire connaître des choses que vous ne connaissez pas encore mais qui pourraient, certainement vous plaire. Il y a tellement de plaisirs à prendre.
ANNIE J’y crois pas ! Vous voyez, j’avais raison ! Regardez-les ! Les yeux dans les yeux. Il est en train de draguer votre père.
JEROME Maman ! Qu’est ce que tu vas imaginer ? Papa, attiré par un homme ? C’est de la science fiction.
ANNIE Je vois ce que je vois ! (agressive) Ca va ? On ne vous dérange pas, les tourtereaux ?
ROBERT Ah vous voilà ! Vous en avez mis du temps.
ANNIE Et toi tu n’as pas perdu le tien !
ROBERT (à Jérôme et Florence) Qu’est ce qu’elle a ? Elle a bu ?
On sonne à la porte
FLOR Jérôme ! Va ouvrir ! J’explique à papa, pour maman.
ACTE3 Scène 5 : Chloé - Jérôme – Florence – Robert – Sébastien - Annie – Alex – Sandrine
Entrée de Chloé suivie par Sébastien.
CHLOE Bonsoir !
JER Oh Chloé ! Sébastien ! Ca fait plaisir de vous voir.
CHLOE Contente que ça te fasse plaisir, mais, en même temps, on était invités, alors, c’est un peu normal qu’on soit là. (en aparté) Je te sens un peu tendu. Relax ! Relax !
JER Je me détendrai quand la soirée sera terminée. Maman, papa, je vous présente… (Florence a fini ses explications)
ROBERT NON MAIS CA NE VA PAS ! (à Annie) Viens avec moi, qu’on s’explique. (il la prend par le bras et l’entraine vers la chambre 1 ) Mais tu perds la boule ma pauvre vieille.
CHLOE Eh ben y’a de l’ambiance on dirait.
SEB Qu’est ce qui se passe ?
JEROME Rien de grave. Je vous présente Sandrine, la collègue dont je vous ai parlé.
CHLOE Enchanté Sandrine. (à Alex) Re-salut. Co… coco…comment ça va.
ALEX Tr…ès bien, j…e te re…mercie.
FLOR On a déjà attaqué le champagne. Ca vous dit ?
CHLOE Ben tiens, on va se gêner !
SEB Juste un doigt pour moi, sinon je vais être pompette.
CHLOE Alors comment ça se présente ?
JEROME Pour le moment ça va. C’est maintenant que ça va se compliquer. Il faudra être vraiment sur le qui-vive toute la soirée. Pas de gaffe ! Surtout pas de gaffe !
CHLOE Et… ? (désignant Sandrine de la tête)
SAND Je suis au courant de la situation, ne vous inquiétez pas.
CHLOE Parfait ! Et ça ne vous gêne pas d’être entourée de gens… comme nous ?
SAND Pas du tout. Et je dois bien avouer que je suis assez impatiente de voir comment va se dérouler cette soirée. Je pense que cela va être très amusant.
SEB Tant mieux si cela vous amuse. Moi pas du tout. Je suis tendu comme un string. Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu ! Comment peut-on ? Mais comment peut-on ?
A partir de ce moment, Sébastien va se mettre au bar et rester seul. On sonne.
JEROME Ce doit être Isa et Véro. Pendant que papa et maman s’expliquent entre eux, on va pouvoir les mettre au courant de la situation.
CHLOE Et là, ça devient très intéressant.
Pendant que Jérôme va ouvrir
CHLOE Florence, je pense qu’on devrait s’éclipser un moment. Le temps pour ton frère d’expliquer la situation à Isa et à… l’autre.
FLO Tu as raison. D’autant plus qu’il faut te préparer psychologiquement à la présence de … l’autre. Sinon, ça risque de faire des étincelles. Allons à la cuisine.
Elles sortent
ACTE 3 Scène 6 : Jérôme – Alex – Sébastien – Isabelle - Véronique Sandrine
JER Entrez ! Vous connaissez Alex. Voici Sandrine, la collègue dont je vous ai parlé. (pendant les « bonjours », bises, etc : Jérôme à Alex en aparté) Où sont Florence et Chloé ?
ALEX A la cuisine. Elles ont préféré que tu briefes Isa et Véro avant… les hostilités.
JER Ouais, c’est mieux ! Isa, Véro, il faut que…
SEB Et voilà ! Tout le monde se salue, se bise, et moi : rien ! Aux oubliettes Seba. Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu. Comment peut-on ? Mais comment peut-on ?
JER Mais qu’est ce que tu fais tout seul dans ton coin ?
SEB La potiche ! J’ai bien compris que c’était le rôle qui m’avait été attribué pour ce soir.
JER Mais non !
SEB Mais si ! Depuis que je suis arrivé, personne n’a fait attention à moi. Je suis transparent. Regarde ! J’ai même encore mon manteau. Pfff ! On ne me propose pas de l’enlever, à moi ! Mais peut être préfèrerait-on que je ne reste pas. Ceci expliquerait cela !
JER Arrête, Seb, arrête ! Tu me gonfles et ce n’est pas le moment. Ton manteau, tu peux très bien l’enlever toi-même.
ISA On pourrait nous expliquer ?
VERO Oui, moi aussi j’ai un peu de mal à suivre. Qu’est ce qu’il se passe ? (à Seb) Et qu’est ce que tu fais, habillé comme pour un enterrement ?
SEB Ooooh ! (pleurniche et reste dans son coin, boudeur)
JER Venez avec moi, je vais vous expliquer. Alex, tu veilles à ce que tout aille bien. Merci (il emmène les filles chambre 2)
ACTE 3 scène 7 : Annie – Robert – Sandrine – Alex –
Entrée de Robert et Annie. Ils ne remarquent pas Sébastien et se dirigent
vers Alex et Sandrine
ANNIE Ca va, j’ai compris !
ROBERT Sûr ?
ANNIE Mais oui !
ROBERT J’espère ! Alors Alex, comment ça va ? Vous arrivez à communiquer ? Si je peux vous être utile, n’hésitez pas.
SAND Ca va aller, ne vous en faites pas.
ANNIE Où sont les enfants ?
ALEX Ils avaient un petit détail à régler. San… drine, s…i on a…llait vers le b…uffet. On s…era plus t…ranquille.
ROBERT J’ai compris, on gêne !
ALEX Non… enfin… si, un peu. Enfin vous comprenez…
ANNIE Mais oui, on comprend. On a été jeunes, nous aussi.
ROBERT Ah bon ? Tu as été jeune toi ?
ANNIE Eh oui ! Et bien après toi ! Allez, laissons-les, on va voir si Florence a besoin d’aide.
Annie et Robert sortent cuisine. Alex et Sandrine vont salle repas. Sébastien
reste seul au bar.
SEB Surtout, ne faites pas attention à moi ! Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu. Comment peut-on ? Mais comment peut-on ?
Retour de Jérôme, Isabelle et Véronique.
VERO Tu parles d’une histoire ! Tu aurais tout de même pu nous prévenir avant.
JER T’es bonne toi ! J’ai essayé de te joindre tout l’après midi. Tu allumes ton portable des fois ?
VERO Non, jamais ! Je suis anti-portable.
JER Alors pourquoi tu en as un ?
VERO Parce que, maintenant, si t’en as pas, t’as l’air con.
Florence passe la tête par la porte de la cuisine.
FLO On peut entrer ?
JER Oui, tout est clair ! Où sont les parents ? (Florence et Chloé entrent)
FLO A la cuisine. Ils terminent une petite dispute et nous rejoignent.
CHLOE Oh mais je vois que tout le monde est arrivé. On va pouvoir passer aux choses sérieuses.
JER Chloé !
CHLOE Je veux parler du réveillon, bien sûr.
JER Mettons les choses au point tout de suite. Véro, Chloé, vous enterrez la hache de guerre pour ce soir. Pas de crêpage de chignon ici. OK ?
CHLOE Moi rester zen !
VERO Pas de problème. Je sais me tenir, MOI !
CHLOE De toute façon, moi, pour combattre, il me faudrait un adversaire à ma taille, et ici, je n’en vois pas.
VERO C’est sûr que question taille, c’est dur de rivaliser.
CHLOE Malgré tout, il se pourrait bien que deux ou trois baffes partent par inadvertance.
JER C’est fini oui !
CHLOE OK chef ! (très langoureuse) Bonsoir, Isa la belle.
ISA Bonsoir Chloé, bonsoir Florence. Vous allez bien ?
FLO Vu le contexte, on fait ce qu’on peut. Je crois, Isabelle, que toi et moi, allons avoir un rôle important ce soir.
ISA Je comprends ce que tu veux dire. On va devoir tenir nos fauves respectifs.
CHLOE Des fauves ? Oh non ! Tu sais bien que je ne suis qu’une petite chatte, prête à ronronner.
FLO Chloé !
VERO Petite chatte ! Ce qu’il ne faut pas entendre ! Plutôt une vieille chatte enragée.
ISA Véro !
JER Bon, écoutez-moi bien, toutes les deux. Soit vous vous calmez, soit je vous fous à la porte immédiatement. Compris ? (Robert et Annie reviennent) Attention ! Ah ! Papa, maman, venez que je fasse les présentations.
ROBERT Ah oui ! Je vois qu’il y a de nouvelles têtes et de bien jolies têtes encore.
JER Mon père, ma mère…
ROBERT « mes frères et mes sœurs. Oh oh ! »
ANNIE Tu l’as déjà faite celle là ! Il va falloir renouveler ton répertoire.
JER Dans l’ordre : Véronique, Isabelle et Chloé.
ROBERT Bonsoir mesdemoiselles.
CHLOE Oh, mesdemoiselles ! Appelez-moi Chloé.
ROBERT Dis-moi Jérôme. Toutes tes amies sont comme ça ? Eh ben mon gars je ne suis pas déçu d’être venu. Autant de jolies femmes en même temps, j’ai pas l’habitude. Tu aurais dû prévenir avant, tu sais que j’ai le cœur fragile et toutes tes copines sont vraiment canons.
ANNIE Mais écoutez-le ce vieux croûton !
ROBERT En parlant de canon, j’avais oublié le boulet !
ANNIE Tu ne penses pas être un peu passé d’âge pour ces jeunes femmes. Arrête de prendre des airs de jeune coq. Vieille carcasse. Tu as peut-être le cœur fragile, mais moi, j’ai la main leste.
FLO Heu… Et si on passait côté buffet ?
ROBERT Bien parlé ma fille. Rien de tel qu’une bonne table, en galante compagnie. (Il prend Isabelle et Chloé par la taille) Me permettez-vous de vous accompagner ? Tous vont vers salle repas quand…
SEB (voix normale) Bonne soirée quand même ! S’il vous reste un croûton de pain, pensez à moi.
JER Seb ! Je l’avais complètement oublié.
SEB Je vois qu’il ne te faut pas longtemps pour me sortir de ta vie.
ROBERT Ben d’où il sort lui ? Il y a longtemps qu’il est là ?
ANNIE Jérôme, c’est qui ?
SEB Oh rien Madame ! Je ne suis plus rien ! Du pipi de chat !
JER (se précipite vers lui et en aparté) Arrête ton cinéma ! Je suis suffisamment sur les nerfs, inutile d’en rajouter. Je te préviens que si tu me pourris la soirée, c’est définitivement que tu sortiras de ma vie.
SEB (pleurnichant) Oh mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu. Comment peut-on ? Mais comment peut-on ?
JER Stop ! Et je t’ai demandé de faire mâle.
SEB Oh ça ! Pour faire mal, ça fait mal !
JER Arrête de pleurnicher.
SEB (sanglots) Oui, j’arrête. Promis mon Doudou.
JER Mâle ! J’ai dis mâle ! Alors plus de Doudou. Euh…Maman, papa, je vous présente Sébastien, un… copain.
ANNIE Enchanté Monsieur Sébastien.
SEB (voix normale) Oh non pas de… (coup de coude de Jérôme) Aïeee !
JER (en aparté) Mâle !
SEB Ah oui, c’est vrai ! (il va vers les autres invités en essayant de rouler les épaules et prenant une voix grave) Tout le monde m’appelle Seb ! Je suis le petit ami de… (coup de coude) (voix normale) Mais euh !
JER De Chloé ! C’est le petit ami de Chloé !
CHLOE Hein ? T’es ouf ?...Hein ?... Ah oui, c’est… mon petit ami.
VERO Mais, on ne m’avait pas prévenue. Quelle surprise !
CHLOE En fait, c’est très récent. J’ai d’ailleurs un peu de mal à m’y faire. (aparté à Jérôme) Non mais t’es bargeot. Qu’est ce qui t’a pris de dire ça ?
JER J’ai senti qu’il allait faire une gaffe. C’est venu comme ça !
CHLOE Ca veut dire que je vais devoir me le coltiner toute la soirée. Merci du cadeau !
JER (inquiet de voir Sébastien vers ses parents, il le prend par le bras pour l’entraîner à l’écart) Seb, viens enlever ton manteau.
Sébastien commence à enlever son manteau. Il porte en dessous, une tenue
très colorée. Jérôme referme le manteau rapidement.
JER Mais tu es malade ! On avait dit sobre. Pas une tenue de perroquet un 14 juillet. Chloé, viens voir ici !
CHLOE Quoi ?
JER (Jérôme entrouvre le manteau, Chloé éclate de rire) Tu peux m’expliquer ?
CHLOE Hé, ho ! J’suis pas sa mère ! Déjà que je lui ai trouvé le manteau dans une friperie, j’allais pas, en plus, l’habiller comme un bébé.
ANNIE (approchant) Qu’est ce qui se passe ? Un problème ?
JER Non, non !… Enfin si… Disons que Sébastien a un petit problème de… de fermeture éclair.
SEB (voix mâle) Ouais ! C’est au niveau de la braguette. Ca a pas tenu ! Ca m’arrive tout le temps ! Faut dire qu’y a de quoi.
ROBERT (regard vers Chloé) Mademoiselle ne doit pas s’ennuyer.
ANNIE Oh ! Robert !
JER Florence, emmène nos invités à côté. Le temps de trouver un pantalon pour Seb.
SEB (à Chloé) Tu viens, chérie !
CHLOE Non merci !
Tous sortent. Seb et Jérôme chambre 2. Les autres vers salle repas. Vero et
Chloe ferment la marche – sourire moqueur de Véro
CHLOE Quoi ?
VERO Rien. Je voulais juste te féliciter pour ta relation avec Sébastien. Si vous vous marriez, j’espère bien être invitée. Ce serait le premier mariage gay homme/femme. C’est pas banal.
CHLOE Mais je vois qu’il y a un brin d’esprit… sous la couche de connerie.
ROBERT (revenant) On vous attend les filles.
CHLOE On arrive. On papotait gentiment.
ROBERT C’est beau une jeunesse qui s’apprécie. Et moi, j’apprécie beaucoup la jeunesse. (il les prend par la taille, main très basses et sortent)
NOIR
Pour connaître la suite et la fin, contactez-moi : piercy.noel@neuf.fr ou piercy.noel@gmx.fr en indiquant le nom de votre troupe et sa localisation.